Draghi douche les espoirs d’une intervention massive de la BCE

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a douché jeudi les espoirs d’une intervention massive de son institution face à la crise, appelant plutôt les gouvernements à “faire le maximum”.

A l’adresse des dirigeants européens réunis à partir de la soirée à Bruxelles, il a appelé de ses voeux un nouveau “pacte budgétaire” en zone euro, pour enrayer l’envol de la dette des Etats.
“La responsabilité ultime (d’enrayer la crise) appartient aux responsables politiques”, a-t-il répété. M. Draghi a estimé que si ce pacte budgétaire devait être doté d’un “cadre légal crédible”, il était “tout aussi important qu’il soit mis en place rapidement”, une manière de s’opposer à des procédures trop longues de ratification en cas de modification des traités européens.

Le président de la BCE s’est par ailleurs dit “surpris de l’interprétation de (ses) propos” après un discours devant le Parlement européen la semaine dernière. Certains médias et économistes avaient alors affirmé que M. Draghi serait disposé à intervenir massivement en soutien des Etats, une fois mises en place les réformes institutionnelles.

Loin de nourrir ces espoirs, le président de la BCE a dit qu’en matière de soutien aux pays en détresse, sa “préférence allait au FESF et au MES”, soit au mécanisme déjà mis en place et à celui qui doit le relayer. M. Draghi les a jugés “parfaitement équipés” pour faire face à la crise de la dette.

Le président de la BCE a aussi exclu la possibilité d’intervenir davantage sur le marché de la dette publique comme le réclament certains Etats, soulignant une nouvelle fois que les achats d’obligations publiques qu’effectue déjà la BCE sont “limités” et “temporaires.

Nouvelles mesures en faveur des banques de la zone euro
La Banque centrale européenne (BCE) va lancer deux opérations de prêt sur 36 mois en faveur des banques, à taux fixe et montant illimité, pour améliorer leur accès aux liquidités et donc assurer le bon fonctionnement de l’économie en zone euro. L’institution monétaire de Francfort, qui a aussi décidé jeudi de baisser son principal taux d’intérêt à 1%, va en outre élargir le spectre des garanties exigées en échange de ses prêts, afin de permettre aux banques les plus en difficulté d’accéder à ses financements, a annoncé son président Mario Draghi.

M. Draghi s’est par ailleurs inquiété des réformes sur la capitalisation des banques de l’Union européenne. “Il ne faudrait pas qu’elles aboutissent à pénaliser le fonctionnement de l’économie de la zone euro”, a-t-il déclaré, quelques heures avant la publication par l’Autorité bancaire européenne (EBA) de sa nouvelle estimation des besoins en recapitalisation des banques européennes.

Les autorités européennes ont en effet décidé que les banques devaient améliorer leur proportion de capitaux propres “durs” pour être capables de faire face à un effondrement des marchés financiers. Fin octobre, l’EBA avait estimé à 106 milliards d’euros ces besoins en nouveaux capitaux.

Mais l’EBA avait alors précisé qu’elle allait réviser ce chiffre en fonction des dernières données disponibles sur l’exposition des banques aux dettes souveraines des pays de la zone euro.

La BCE beaucoup plus pessimiste pour la croissance en 2012

La Banque centrale européenne a revu en forte baisse sa prévision de croissance en zone euro l’an prochain, à 0,3% contre 1,3% espéré jusqu’ici, à cause essentiellement “de la forte incertitude liée à la crise de la dette”, a annoncé Mario Draghi.

Pour cette année, la BCE a maintenu sa prévision de 1,6%, et elle a livré une première attente pour 2013, en l’occurrence une croissance de 1,3%. En matière d’inflation, l’institution attend une accalmie progressive, avec un taux prévu à 2,7% cette année, 2% en 2012 puis 1,5% en 2013.

Après un coup de frein l’an prochain, la zone euro devrait panser ses plaies, a dit M. Draghi lors d’une conférence de presse, en estimant que l’activité dans la région “va rebondir, bien que graduellement”.

A propos du ralentissement de l’inflation, le président de la BCE a indiqué ne pas “distinguer une forte probabilité” que le phénomène mène jusqu’à une spirale de déflation, c’est-à-dire de baisse généralisée des prix et des salaires paralysant l’économie.

Dans l’ensemble, cette combinaison d’une croissance en souffrance et d’une inflation en recul l’an prochain semble laisser la porte ouverte à de nouvelles baisses de taux de la BCE, qui en deux mois vient de ramener son taux directeur à 1% contre 1,5% en octobre.

M. Draghi a toutefois reconnu qu’à propos de la dernière baisse de 25 points de base, annoncée jeudi, la décision du conseil des gouverneurs de la BCE avait été “majoritaire” mais pas “unanime”.

Trends.be avec Belga

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