Dexia : les conseils d’UBS coûtent des millions à l’Etat

© Image Globe/Eric Lalmand

Le gouvernement belge a versé une rémunération de près de 2,4 millions d’euros à la banque UBS pour ses conseils lors du démantèlement de Dexia et la nationalisation de sa filiale belge à l’automne dernier, a indiqué le ministre des Finances.

Interrogé mardi en commission des finances sur le choix et les rémunérations d’UBS comme banque-conseil, Steven Vanackere, ministre CD&V des Finances, a précisé que celle-ci avait perçu 2.384.218 euros pour les conseils prodigués entre le 9 septembre 2011 et le 20 décembre 2011. La banque avait été sollicitée par la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI), bras armé financier de l’Etat fédéral, pour boucler le rachat et la nationalisation de la filiale belge DBB, aujourd’hui Belfius.

“UBS était la seule à disposer de l’aura nécessaire, a justifié Steven Vanackere. Elle était aussi la seule à ne pas avoir de conflit d’intérêts dans le dossier Dexia.”

Le ministre a par ailleurs défendu la décision récente du gouvernement Di Rupo de recourir à nouveau à UBS pour continuer à l’éclairer dans le dossier Dexia, notamment pour la renégociation délicate des garanties d’Etat accordées à la banque résiduelle. Steven Vanackere a précisé qu’une somme forfaitaire de 1,5 million d’euros avait déjà été allouée à UBS dans le cadre de ce nouveau contrat, et ce, jusqu’à l’échéance, fin mai 2012, du plan restructuration provisoire approuvé par la Commission européenne. Au-delà de cette date, UBS touchera une rémunération de 100.000 euros par semaine.

Ces versements pourront toutefois être suspendus durant les périodes d’inactivité, comme les vacances. Ce contrat avec la banque peut en outre être résilié moyennant un préavis d’un mois, a-t-il ajouté. Au total, le gouvernement a provisionné 5 millions d’euros pour cette mission conseil qui durera un an maximum.

Dexia : une cruelle absence d’expertise propre au sein de la structure de l’Etat

Les travaux de la commission spéciale de la Chambre sur le démantèlement de Dexia avaient mis en lumière la cruelle absence d’expertise propre au sein de la structure de l’Etat dans les dossiers financiers, l’obligeant ainsi à solliciter l’avis d’institutions privées étrangères. Interrogé par le député Georges Gilkinet (Ecolo) sur l’opportunité du choix de la banque UBS, soupçonnée d’avoir mis en place d’importants mécanismes d’évasion fiscale entre la France et la Suisse, Steven Vanackere a fait valoir qu’aucune des enquêtes à son encontre n’avait abouti à ce jour.

Le N-VA Jan Jambon a également tenté de s’informer, auprès du ministre, de l’état des discussions concernant les garanties d’Etat offertes par l’Etat belge à Dexia, ainsi que les rémunérations payées en contrepartie. Des rémunérations que le groupe juge trop élevées. “Toute diminution de cette rémunération devra être compensée par un effort des autres pays, mais il n’y a pas d’accord sur le sujet”, a-t-il reconnu.

Invoquant le caractère particulièrement sensible du dossier, le ministre s’est refusé à livrer toute information sur l’état financier de la structure résiduelle, après la publication d’un récent rapport inquiétant du consultant Deloitte.

Steven Vanackere s’est enfin retranché derrière l’obligation de confidentialité pour ne pas livrer d’informations sur l’avis négatif exprimé le 4 avril de la Commission européenne – et révélé par la presse – quant à la garantie offerte par l’Etat belge aux actionnaires d’Arco, ruinés par le naufrage de Dexia : “L’Etat belge défend la thèse qu’il ne s’agit pas d’une aide d’Etat”, a toutefois insisté le ministre, précisant que le gouvernement disposait d’un délai d’un mois pour répondre, délai “qui peut être prolongé”.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content