Deutsche Bank : le “grand coup de balai” se concrétise

John Cryan, CEO de Deutsche Bank © Belga

Deutsche Bank le confirme : 9.000 emplois seront supprimés, dont 4.000 en Allemagne. Le géant bancaire allemand, qui accuse une lourde perte au 3e trimestre, se retire complètement de 10 pays, coupe dans les rangs des consultants extérieurs et cédera des actifs.

Deutsche Bank, géant européen du secteur bancaire, a annoncé ce jeudi vouloir supprimer 9.000 postes et se retirer de dix pays, nouvelle étape de la vaste restructuration amorcée par son nouveau patron, John Cryan. C’est lors d’une conférence de presse au siège du groupe, à Francfort, que ce Britannique, ancien de la banque suisse UBS, faisait sa première apparition publique depuis sa prise de fonction début juillet, date à laquelle il avait succédé à Anshu Jain, l’ancien patron tombé en disgrâce.

Ces suppressions de postes se feront de “manière juste”, a promis le nouveau patron, précisant que, sur ces 9.000 suppressions, 4.000 concerneraient les activités en Allemagne, où 200 filiales doivent être fermées ces prochaines années.

La première banque allemande a également annoncé qu’elle mettrait un terme à toute activité locale en Argentine, au Chili, au Mexique, au Pérou, en Uruguay, au Danemark, en Finlande, en Norvège, à Malte et en Nouvelle-Zélande. Le groupe de Francfort supprimera également 6.000 postes de consultants extérieurs et cédera des actifs au cours des deux prochaines années, représentant jusqu’à 20.000 postes en équivalent temps plein, a annoncé John Cryan.

Au total, le groupe entend réaliser 3,8 milliards d’euros d’économie d’ici 2018.

Deutsche Bank dégraisse : “pas de fermetures d’agences” en Belgique

La suppression de 9.000 postes annoncée par Deutsche Bank jeudi n’aura a priori pas d’impact sur l’emploi en Belgique, a indiqué Alain Moreau, à la tête de la branche belge de Deutsche Bank. “Le groupe Deutsche Bank a confirmé ce jeudi matin l’aspect stratégique des pays européens”, commente Alain Moreau, CEO depuis 2009. “L’un des piliers de la stratégie est le conseil en investissement qui est justement notre métier de base.”

En Belgique, ce segment “advisory” a été multiplié par cinq depuis 2003, passant de 5 à 25 milliards d’euros aujourd’hui, selon le CEO. “En ce sens, il n’y aura pas de fermetures d’agences. Nous prévoyons même d’engager des conseillers”, poursuit-il. La banque continuera toutefois à rendre sa structure plus “efficace” en misant sur les technologies, l’engagement de profils numériques étant évoqué. Mais une réduction de personnel n’est pas à prévoir, selon Alain Moreau.

En tout, Deutsche Bank compte 34 agences en Belgique et 720 travailleurs. L’emploi y a crû de 10% en deux ans et demi, note encore le CEO.

Deutsche Bank : pas de dividende en 2015 et 2016, perte annuelle en vue

Le “grand coup de balai” que John Cryan avait laissé entrevoir lors de sa prise de fonction se concrétise donc. “Malheureusement, cela passe par la fermeture de certaines de nos branches et de nos activités dans certains pays, et implique de réduire” le personnel, a regretté le patron. “Ce n’est jamais une tâche facile, et nous ne le ferons pas à la légère.”

La restructuration doit permettre de redresser Deutsche Bank, qui accuse une perte nette record de 6,01 milliard d’euros au troisième trimestre (lire ci-après), et vient d’annoncer qu’elle ne versera aucun dividende à ses actionnaires en 2015 et 2016.

Ces résultats “très décevants”, selon John Cryan, sont liés au fait que Deutsche Bank doit fortement déprécier la valeur de sa banque d’investissement afin d’anticiper le durcissement de la réglementation financière européenne, et aux coûts importants des nombreuses procédures judiciaires dans lesquelles la banque est impliquée. Et “à moins d’un miracle”, Deutsche Bank se prépare à publier une perte pour l’année 2015, a précisé le banquier.

Deutsche Bank : perte nette record de 6,01 milliards d’euros au 3e trimestre

La banque allemande a donc confirmé avoir essuyé une perte nette record d’environ 6 milliards d’euros au troisième trimestre, en raison d’importantes dépréciations et de nouvelles provisions pour risques juridiques. Entre juillet et septembre, la perte nette part du groupe s’affiche à 6,01 milliards d’euros, contre une perte de 94 millions sur la même période l’an passé. Ce résultat est quasiment similaire au chiffre provisoire de 6,2 milliards annoncé mi-octobre par le groupe.

Le chiffre d’affaires de Deutsche Bank a, lui, chuté de 7% sur un an au troisième trimestre, à 7,3 milliards d’euros. Il s’agit d’un résultat “très décevant”, a commenté John Cryan dans un communiqué.

Le groupe a également passé une nouvelle provision pour risques juridiques de 1,2 milliard d’euros afin de faire face aux quelque 6.000 litiges de par le monde dans lesquels son nom est cité. D’autres charges, telles qu’une dépréciation de presque 650 millions d’euros sur la part de 20% qu’il détient dans la banque chinoise Hua Xia Bank, ont également grevé les résultats.

Source de satisfaction toutefois pour le géant bancaire allemand, son ratio de fonds propres “durs”, un indicateur-clé de solidité financière, a légèrement progressé à 11,5%, contre 11,4% fin juin.

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