Chine: le début d’une crise comme en 2008 ?

George Soros © Reuters

Le milliardaire et patron de hedge funds George Soros a estimé, lors d’une conférence au Sri Lanka, que l’on était peut-être à la veille d’un nouveau cataclysme financier. La chute des bourses chinoises cette nuit, et ses effets sur les bourses européennes ce matin rendent tout le monde très nerveux.

Ce jeudi, une fois encore, les coupe-circuits de la bourse de Shanghai ont été activés: une fois encore, la bourse chinoise avait perdu plus de 7%. Voilà la deuxième fois que cela arrive cette semaine. Depuis le premier janvier, les actions chinoises ont dévissé de 7% et leur chute entraîne les marchés mondiaux à leur suite. Depuis le premier janvier, le BEL 20 à Bruxelles a cédé 5%, le CAC 40 à Paris a perdu 6% et le DAX allemand 8%…

En s’exprimant voici quelques heures au Sri Lanka, George Soros a résumé la situation: les marchés mondiaux font face à une nouvelle crise, et les investisseurs doivent être très prudents. La raison: la Chine a du mal à changer de modèle de croissance (de passer d’un modèle tourné vers l’exportation à un modèle où la consommation intérieure joue un plus grand rôle). Le crédit qui devait aider les ménages à consommer a plutôt poussé la spéculation, financière et immobilière, et créé de gigantesques poches de mauvaises dettes dans le système financier.

Pour éteindre l’incendie, les autorités jouent sur la monnaie: elles ont décidé jeudi d’abaisser le cours de référence du yuan face au billet vert à 6,5646 yuans pour un dollar, soit le taux le plus bas depuis mars 2011. Une décision qui a précipité la panique sur les marchés boursiers quelques heures plus tard, car certains spéculateurs se sont endettés en dollars et ont donc vu leurs factures monter…

“En dévaluant le yuan, la Chine transfère ses problèmes au reste du monde, estime George Soros. La Chine a de sérieux problèmes et je dirai que cela tourne à la crise, poursuit-il. Lorsque je regarde les marchés financiers, j’y vois de sérieux défis qui me font penser à ceux que nous avons eus en 2008”.

Prudence

Par ailleurs, le milliardaire a indiqué qu’il avait recommandé à ses équipes de se montrer très prudentes dans les décisions d’investissement.”Je leur dis d’être très très prudents”.

Il a averti que les pressions déflationnistes pourraient aboutir à un cercle vicieux. La baisse des prix peut être bonne pour les consommateurs à court terme mais s’avérer dangereuse s’ils se mettent à retarder leurs achats dans l’espoir d’un recul supplémentaire des prix, ce qui peut pousser les entreprises à retarder leurs investissements. “Au lieu de dépenser leurs revenus, ils vont réduire leur endettement car ils pourront acheter des biens moins chers l’an prochain que cette année”.

“Les liquidités sont devenus une forme d’investissement attractive et c’est très mauvais pour les marchés financiers. Le système bancaire qui a prêté beaucoup d’argent aux pays en développement fait maintenant marche arrière”, a poursuivi Soros.

Il a mis en garde le Sri Lanka, qui sort d’une longue guerre civile, contre les espoirs d’afflux de capitaux étrangers et a recommandé un renforcement de son économie.

“Je suis désolé de devoir être un porteur de mauvaises nouvelles car vous devez affronter une situation internationale très difficile”, a-t-il dit.

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