Brexit: les marchés croient au maintien dans l’UE

Trader de Wall Street, le 1er septembre 2015 © Reuters

A trois jours d’un vote historique sur la place du Royaume Uni dans l’Union européenne, la campagne pour le référendum est entrée dans sa dernière ligne droite lundi, les marchés financiers pariant sur un maintien après le meurtre d’une députée pro-UE.

Rappelé en session extraordinaire, le Parlement britannique rendra un hommage à 14H30 (13H30 GMT) à Jo Cox, sauvagement tuée jeudi dans sa circonscription de Birstall, dans le nord de l’Angleterre,”l’un de ses membres les plus brillants et les plus passionnés”, selon les mots du Premier ministre David Cameron.

Les derniers sondages ont suggéré un glissement en faveur d’un maintien dans l’UE suite au meurtre de la députée. Du coup, la livre se reprenait nettement, lundi matin, les marchés financiers mettant de côté – au moins temporairement – leurs inquiétudes sur un Brexit (ou British Exit).

Divers sondages “ont montré un changement tangible en direction du +Remain+”, c’est-à-dire le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, “et il semble que les investisseurs réagissent à ces chiffres”, indiquait Joe Rundle, d’ETX Capital.

Le premier sondage réalisé après le drame par l’institut Survation a placé le maintien dans l’UE en tête à 45%, devant une sortie de l’UE à 42%, alors que leur précédente enquête concluait à l’exact résultat inverse.

Fort de cette dernière enquête d’opinion, le camp du “in” (maintien) fait désormais jeu égal avec les partisans du “out” (sortie) dans la moyenne des six derniers sondages.

Le meurtrier présumé de la députée, Thomas Mair, doit comparaitre à nouveau devant le tribunal d’Old Bailey à Londres en début d’après-midi.

Détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, au sud-est de Londres, cet homme de 52 ans a lancé : “Mort aux traîtres, liberté pour le Royaume-Uni”, samedi lors de sa première comparution devant le tribunal. La magistrate a ordonné une expertise psychiatrique.

Le meurtre a traumatisé le pays et outre la suspension de la campagne pendant trois jours, il devrait passablement pacifier le débat, estiment les analystes.

Une sortie ‘irréversible’

Une ancienne secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, la conservatrice Sayeeda Warsi, a ainsi fait défection du camp du Brexit en s’insurgeant notamment contre une affiche de campagne de Nigel Farage, le leader du parti europhobe Ukip, comparée à une affiche de “propagande nazie des années 1930” par le ministre des Finances George Osborne.

“Sommes-nous prêts à raconter des mensonges, à répandre la haine et la xénophobie juste pour gagner une campagne? Pour moi, c’est allé trop loin”, a-t-elle déclaré au Times dans un entretien paru lundi.

Le chef de la diplomatie Philip Hammond a quant à lui averti qu’une sortie de l’UE serait “irréversible”. “La Grande-Bretagne ne pourra plus jamais rejoindre l’UE à une date ultérieure si ce n’est à des conditions qui seraient inacceptables”, comme l’obligation de rejoindre la zone euro et l’espace de libre circulation Schengen, a-t-il déclaré en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg.

“Une fois que vous avez sauté de l’avion, il n’y plus moyen de remonter”, avait assuré pour sa part la veille le Premier ministre David Cameron. “Si on part, c’est pour toujours, il n’y a pas de retour possible”, avait-il dit dans une interview au Times.

Et dans une lettre au quotidien The Guardian, 10 prix Nobel d’économie ont mis en garde contre un Brexit qui fragiliserait l’économie britannique pour de “nombreuses années”. Selon eux, la livre, qui vaut actuellement 1,29 euro, pourrait chuter au niveau de la monnaie unique.

Dans le camp pro-Brexit (ou British Exit), l’ex-maire de Londres Boris Johnson a répété dimanche dans une interview au Sun on Sunday que les Britanniques n’avaient “rien à craindre” d’un Brexit et qu’ils avaient, au contraire, une “occasion unique de reprendre le contrôle”.

Mais Nigel Farage, le leader du parti europhobe Ukip, a reconnu sur le plateau d’ITV que le camp du Brexit était “sur une bonne dynamique jusqu’à cette terrible tragédie”, laissant ainsi entendre qu’elle était désormais stoppée.

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