Argentine: les députés approuvent le règlement du litige avec les fonds “vautours”

Argentine © AFP

Le nouveau président argentin Mauricio Macri a remporté mercredi son premier succès législatif avec l’approbation par une majorité de députés de la loi qui ouvre la porte à un accord avec les fonds “vautours”.

Avec l’appui de l’opposition modérée, l’accord a obtenu le soutien de 165 députés sur 257. La loi qui permettrait à Buenos Aires de tourner définitivement la page du conflit sur sa dette, hérité de la crise économique de 2001, doit encore être approuvée par le sénat.

Selon le ministre du Budget, Alfonso Prat-Gay, l’Argentine devra verser 11 milliards de dollars à une partie des fonds spéculatifs ayant intenté une action en justice, qui ne représentent pas l’intégralité des 7% de créanciers récalcitrants à toute restructuration.

Les marchés estiment qu’un accord avec l’ensemble des créanciers récalcitrants aux restructurations pourrait coûter plus de 15 milliards à l’Argentine.

Pour payer, le gouvernement argentin envisage de lever des fonds sur les marchés de capitaux. Le précédent gouvernement puisait dans les réserves de la banque centrale pour se désendetter, mais ces réserves ne sont aujourd’hui que d’environ 28 milliards de dollars.

Le règlement négocié fin février, très à l’avantage des fonds, est critiqué par l’opposition constituée par le Front pour la victoire (FPV, gauche) de l’ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), qui a systématiquement refusé de payer plus aux fonds “vautours” qu’aux créanciers restructurés.

D’après les termes de l’accord, Buenos Aires paiera 75% de la valeur des titres de dette alors que 93% des créanciers ont accepté en 2005 et 2010 de n’encaisser que 30%, afin de permettre à l’Argentine de se relancer.

A la chambre des députés (257 sièges), la coalition gouvernementale a rallié les suffrages du Front Rénovateur de Sergio Massa, 3e de l’élection présidentielle en octobre, et de députés dissidents du FPV.

Le vote de mercredi démontre que le président de centre-droit Mauricio Macri, au pouvoir depuis le 10 décembre, peut constituer une majorité à la chambre des députés alors que sa coalition est minoritaire.

Le prochain défi sera pour lui de convaincre la chambre haute, dominée par l’opposition de l’ancienne présidente Cristina Kirchner, hostile à cet accord négocié fin février.

“Je suis sûr que le 14 avril, nous allons payer et sortir du défaut de paiement”, a-t-il déclaré lundi en référence à la date-butoir pour une partie du règlement. Faute de quoi, a-t-il ajouté, la 3e économie d’Amérique latine sombrera dans “l’hyperinflation” ou devra se livrer à “des ajustements” douloureux.

“Macri veut semer la peur, menacer le Congrès”, a critiqué Axel Kicillof, ancien ministre de l’Economie de Mme Kirchner.

L’opposition alerte sur le risque que les 93% de créanciers ayant consenti des remises de dette pourraient se retourner contre Buenos Aires et exiger en justice le même traitement que celui accordé aux fonds “vautours”.

Mais le texte soumis au Parlement prévoit l’abrogation de deux lois, dont une empêchait un paiement aux créanciers à des conditions différentes.

Le Sénat devrait examiner le texte fin mars.

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