Wall Street sous tension : Trump veut en finir avec les résultats trimestriels

Le président américain Donald Trump © Getty Images

Les sociétés cotées communiquent-elles trop souvent leurs résultats ? Donald Trump en est convaincu. Le président américain estime que les rapports financiers trimestriels sont coûteux, inefficaces et devraient être remplacés par une publication semestrielle.

Trump veut ainsi alléger les obligations des entreprises cotées, jugeant les publications trimestrielles trop lourdes et chronophages. Elles céderaient la place à des rapports semestriels.

Pas une première

L’idée n’est pas nouvelle. Déjà en 2018, lors de son premier mandat, Donald Trump avait évoqué cette réforme. Selon lui, « cela permettrait de réaliser des économies et aux dirigeants de se concentrer sur la bonne gestion de leur entreprise », a-t-il expliqué sur Truth Social.

Le président américain relance donc un débat récurrent dans les milieux d’affaires et financiers.

Les enjeux pour les investisseurs

Une telle réforme soulève de nombreuses interrogations. Ces rapports intermédiaires offrent aujourd’hui une photographie régulière de la santé d’une entreprise. Leur suppression priverait surtout les actionnaires individuels d’un outil essentiel de transparence, qui leur permet de suivre de près les performances des sociétés. Les investisseurs institutionnels, eux, disposent déjà d’autres canaux d’information : bases de données payantes, analyses spécialisées ou encore recours à des méthodes alternatives comme l’imagerie satellitaire.

Pour les entreprises, la mesure pourrait apporter un soulagement administratif et réduire la pression court-termiste des marchés, au profit de la performance de long terme. Mais elle risquerait aussi d’accroître l’asymétrie d’information entre petits porteurs et grands fonds.

« Cela pourrait certainement aider les entreprises à faire des économies », estime Sam Stovall, analyste chez The Center for Financial Research and Analysis (CFRA), cité par l’AFP. « Mais cela augmenterait probablement la volatilité des marchés, car il y aurait moins d’indications permettant de réajuster les attentes. »

La décision appartient à la SEC

Reste que cette proposition tient pour l’instant davantage de l’effet d’annonce. La décision finale revient au gendarme boursier américain, la Securities and Exchange Commission (SEC). Depuis 1970, les entreprises cotées aux États-Unis sont tenues de publier des rapports trimestriels 10-Q ainsi qu’un rapport annuel 10-K. Or, la SEC ne peut pas modifier ces obligations d’un simple décret : elle doit suivre une procédure réglementaire stricte, incluant notamment une période de consultation publique et d’autres étapes formelles.

La SEC n’a pas encore officiellement réagi. Interrogée par l’AFP, l’autorité s’est limitée à indiquer qu’elle « donnera la priorité à cette proposition afin d’éliminer davantage les régulations inutiles qui pèsent sur les entreprises ».

En Europe, la Commission européenne avait déjà supprimé en 2013 l’obligation pour les sociétés cotées de publier leurs résultats tous les trois mois. La plupart des grandes entreprises du continent ont néanmoins continué à communiquer sur une base trimestrielle.

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