Le fonds souverain norvégien se débarrasse de ses actifs liés aux colonies israéliennes en Cisjordanie. Qu’est-ce que cela peut signifier pour les investisseurs ?
Le fonds souverain norvégien est le plus important au monde, pesant 2.000 milliards de dollars. Il s’est souvent distingué par des paris gagnants… ce qui peut en faire un modèle, pour les investisseurs.
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Ventes
Le fonds a annoncé de nouvelles ventes ce lundi soir. Et elles ont un dénominateur commun : Israël et les violations du droit international, dont notamment les colonisations illégales selon l’ONU en Cisjordanie. Le fonds se débarrasse donc de toute sa participation dans Caterpillar (valant 2,1 milliards de dollars le 30 juin) et dans cinq banques israéliennes, Hapoalim, Bank Leumi, Mizrahi Tefahot Bank, First International Bank of Israel et FIBI Holdings (661 millions).
Le Comité éthique du fonds juge ainsi “qu’il ne fait aucun doute que les produits Caterpillar sont utilisés pour commettre des violations généralisées et systématiques du droit international humanitaire”, peut-on lire. Les bulldozers “étaient utilisés par les autorités israéliennes dans la destruction illégale généralisée de biens palestiniens”, remarque le Comité, et note que “l’entreprise n’a également mis en œuvre aucune mesure pour empêcher une telle utilisation”.
Conclusion : “Étant donné que les livraisons des machines concernées à Israël sont désormais sur le point de reprendre, le Conseil estime qu’il existe un risque inacceptable que Caterpillar contribue à de graves violations des droits des individus dans des situations de guerre ou de conflit”… et vente actée.
Pour les banques, le Comité justifie sa vente : “En fournissant des services financiers qui constituent une condition préalable nécessaire à l’activité de construction dans les colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est… les banques ont contribué au maintien des colonies israéliennes ».
Ce que cela peut signifier pour les investisseurs
Au-delà du symbole important du geste, cela peut aussi signifier quelque chose pour les investisseurs. Une tendance à venir, que les Norvégiens auraient peut-être levée à l’avance : la fin de l’impunité d’Israël ? Les pays européens, traditionnels soutiens de l’État hébreu, se tournent aujourd’hui contre le gouvernement d’extrême droite du Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Le cas de la France, qui va reconnaître la Palestine comme État en septembre, et la dispute diplomatique avec Tel Aviv qui suit, fait notamment grand bruit ces dernières semaines. La Norvège avait déjà reconnu la Palestine l’année dernière.
Le pays va-t-il devenir un paria sur la scène internationale, un peu à l’image de la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, ou comme l’Afrique du Sud avant lui, autre régime d’apartheid (tombé grâce à un boycott économique et diplomatique international au début des années 90). Dans ce cas, Israël ne serait plus un pays “investissable” – ou du moins les entreprises liées à des violations des droits de l’Homme et international.
Les gestionnaires de tels fonds n’agissent pas que par éthique. Cela peut leur être important aussi, sans aucun doute, mais il y a aussi l’argent et le capitalisme qui parlent. Ils pourraient ainsi aussi craindre que ces entreprises se retrouvent sanctionnées et que leur position perdrait fortement en valeur.