Ensemble, les Belges détiennent aujourd’hui un montant record de 234 milliards d’euros dans des fonds de placement, selon les derniers chiffres de la FSMA. Preuve que les épargnants changent de comportement et deviennent petit à petit investisseurs”, souligne Vincent Juvyns, chief investment strategist chez ING Belgique.
À fin juin dernier, l’encours total des fonds de placement en Belgique s’élevait à 234 milliards d’euros, selon l’autorité de surveillance des marchés (la FSMA). Sur un trimestre, cela représente une progression de 2,8 %, soit 6,4 milliards d’euros supplémentaires. Il s’agit d’un niveau jamais observé depuis la première publication du tableau de bord trimestriel l’autorité de surveillance des marchés, en 2021.
Comment lisez-vous ce chiffre record ?
Il confirme une tendance qui s’observe sur le marché depuis quelques années, en particulier depuis la crise du Covid. Les épargnants changent de comportement et se tournent de plus en plus vers des produits de placement plus risqués et popularisés notamment par les réseaux sociaux. Cela étant, on part de loin. Les Belges ont toujours dans leur patrimoine financier un tiers de cash : liquidités, comptes à vue, livrets d’épargne. Il ne faut pas l’oublier. Cette proportion n’est que de 15 % aux Etats-Unis.
Doit-on y voir un effet “bon d’Etat” ?
Le bon d’Etat Van Peteghem a certainement eu un effet. Les épargnants sont conscientisés par la presse spécialisée et les acteurs financiers au fait que l’inflation vient grignoter le pouvoir d’achat de leurs dépôts, et de la différence qu’il y a entre un rendement nominal et un rendement réel. C’est une bonne chose. Mais, à nouveau, il y a encore énormément d’épargne sur les comptes à vue et les comptes d’épargne réglementés, notamment.
La faiblesse actuelle des taux d’intérêt explique-t-elle aussi cet engouement des Belges pour la Bourse ?
Clairement, la baisse des taux joue aussi et n’est pas étrangère au mouvement. Les comptes à terme n’offrent plus aujourd’hui que du 2 % brut dans le meilleur des cas. Soit un rendement net après précompte mobilier inférieur au niveau d’inflation qui est précisément aujourd’hui de 2 %. Donc, félicitons-nous de voir les Belges prendre de plus en plus le chemin de la Bourse.
Cet engouement se manifeste surtout dans les fonds diversifiés, qui représentent 39 % de l’actif net total. Pourquoi ?
En tant que professionnel de la gestion, je me réjouis de voir que les fonds diversifiés restent fort plébiscités. Cela veut dire que les Belges apprécient d’être guidés. Plutôt que le “do-it-yourself”, ils aiment confier les clefs de leur patrimoine à un tiers, c’est-à-dire à des équipes professionnelles mieux à même d’assurer une bonne diversification de celui-ci.