Les actions d’Ubisoft ont bondi en Bourse après la finalisation de l’investissement de 1,16 milliard d’euros consenti par le géant chinois Tencent dans sa nouvelle filiale Vantage Studios, dédiée aux licences phares de l’éditeur (Assassin’s Creed, Far Cry, Rainbow Six). Le début d’une accalmie durable ?
Sept mois après l’annonce initiale, l’accord a été officialisé vendredi soir, déclenchant une envolée du titre après la fermeture des marchés. À l’ouverture de la Bourse de Paris, ce lundi, l’action gagnait jusqu’à 11,49 % avant de se stabiliser autour de +4 %. Un rebond que le groupe n’avait plus connu depuis longtemps, après une année noire marquée par une chute de 46 %.
La finalisation du partenariat n’était pas la seule annonce majeure, vendredi. Ubisoft a également dévoilé ses résultats du premier semestre 2025, supérieurs aux attentes, ce qui avait déjà ravivé l’intérêt des investisseurs (+3,87 %) et dissipé les inquiétudes liées au report d’une semaine de la communication financière.
Avec une injection de 1,16 milliard d’euros dans Vantage Studios, Tencent devient actionnaire minoritaire de cette nouvelle entité. Les fonds serviront d’abord à réduire la dette du groupe, qui atteignait 1,1 milliard d’euros en septembre, mais aussi à renforcer sa marge de manœuvre financière afin de soutenir sa transformation. Ubisoft vise désormais plus d’un milliard d’euros de revenus annuels pour Vantage Studios, qui regroupe ses principales poules aux oeufs d’or : Assassin’s Creed, Far Cry et Rainbow Six.
Une spirale de difficultés
Longtemps incontournable dans l’industrie du jeu vidéo, Ubisoft traverse depuis plusieurs années une période délicate. Ce qui faisait sa force – ses grandes licences – contribue désormais à ses déboires. Critiquées pour leur manque de renouvellement, leurs propositions jugées « tièdes » et la concurrence accrue, plusieurs sorties majeures n’ont pas atteint leurs objectifs.
La hausse des coûts de production a également pesé sur la rentabilité, poussant le groupe, comme le reste du secteur, à privilégier les valeurs sûres au détriment de l’innovation – un choix stratégique aujourd’hui coûteux. Une situation qui l’a poussé à fermer plusieurs studios et licencier à tour de bras.
À cela s’ajoutent les scandales liés à la culture d’entreprise et à la gouvernance. Ubisoft a été visé par plusieurs actions en justice pour harcèlement moral et sexuel. Trois anciens cadres ont été reconnus coupables et condamnés à des peines de prison avec sursis, entachant l’image d’un groupe déjà fragilisé.
Face à ces turbulences, l’arrivée de Tencent et sa stratégie de spin-offs apparaissent comme une bouffée d’air – mais l’éditeur devra encore convaincre qu’il peut redresser durablement la barre. Par ailleurs, cette participation plus importante du mastodonte chinois au sein d’Ubisoft ne balaye pas totalement les rumeurs d’un possible rachat du groupe français. Si Ubisoft ne parvient finalement pas à redresser la barre, il pourrait être contraint de vendre au risque de se voir totalement s’effondrer.