Tupperware explose en bourse: le phénix en train de renaître de ses cendres ou dernier soubresaut?

Une enseigne fermée de Tupperware à Uccle, en Belgique. (Photo by Omar Havana/Getty Images) © Getty Images

Quatre mois après une quasi-annonce de faillite, Tupperware indique avoir trouvé des accords avec ses créanciers ainsi que de nouveaux financements. Mais même avant cette bonne nouvelle, le cours avait déjà bondi de plus de 700% en bourse. Comment l’expliquer?

Après près de 80 ans d’activité, la marque américaine s’est approchée dangereusement de la faillite. Début avril, la société faisait en effet part de “doutes substantiels” quant à sa survie et annonçait sa volonté de trouver une corde de secours à laquelle se raccrocher in extremis. Son action, déjà en baisse depuis un bout de temps, a alors perdu près de 50% en une journée.

Mais quatre mois plus tard, Tupperware semble renaître de ses cendres. Jeudi dernier, la société a annoncé avoir trouvé un accord avec ses créditeurs: elle pourrait réduire le paiement d’intérêts de 150 millions de dollars. La dette totale a également été réduite de 55 millions de dollars et un délai supplémentaire a été accordé pour le paiement de 348 millions de dollars de dettes (soit près de la moitié de ce qu’elle doit en tout). Elle a en plus reçu de l’argent frais, à hauteur de 21 millions de dollars, résume CNN Business.

“Je suis convaincue que cet accord nous offre la souplesse financière nécessaire pour poursuivre nos efforts de redressement à court terme ainsi que notre stratégie à long terme visant à créer une marque de consommation omnicanale mondiale”, indique Mariela Matute, directrice financière de Tupperware. “Nous apprécions le soutien de nos prêteurs, qui partagent notre stratégie. Nous allons de l’avant.”

L’action explose…. mais

Tout comme sa chute violente il y a quatre mois, le décollage est tout aussi vertigineux. Rien que sur la journée de vendredi, le titre a gagné 35%. Depuis le 18 juillet, l’action a véritablement explosé: sa valeur a été multipliée par près de 7 (pour afficher 4,77 dollars à la clôture à Wall Street vendredi).

Début mai, elle avait glissé sous le seuil d’un dollar – pour y rester jusque fin juillet. Le fabricant de boîtes de conservation de nourriture (qui sont même appelées “Tupperware” par antonomase, en Belgique francophone) et autres ustensiles de cuisine en plastique a même reçu un avertissement de la bourse de New York, lui indiquant que sa valeur et son action étaient en dessous des seuils en vigueur.

Comment expliquer cette hausse extraordinaire? Selon les observateurs du marché, il s’agit d’un phénomène d’action “mème”. Il date de la pandémie: des boursicoteurs se réunissent alors sur le réseau social Reddit (entre autres), pour sauver des valeurs iconiques qui leur étaient chères, mais proches d’une faillite, et contrecarrer les short sellers (investisseurs qui parient sur la baisse d’une action). La chaine de magasins de jeux vidéo GameStop, ou la chaine de cinémas AMC en sont les exemples les plus célèbres. Bref, la forte hausse du cours de Tupperware serait à imputer à cet engouement-là aussi.

Dans tous les cas, l’action est encore loin de sa dernière performance. Après un déclin quasi linéaire ces dernières années (jusqu’à moins de 1,50 dollars), elle a redémarré en trombe au printemps 2020, avec les perspectives du confinement – tout le monde était cloîtré chez lui et aurait besoin d’ustensiles de cuisine et de boîtes pour conserver ses restes. Le titre avait alors rallié jusqu’à plus de 30 dollars, avant de retomber lentement.

Les défis sont toujours là

Pourra-t-il reproduire une telle performance et cette fois atteindre un niveau stable et sain en bourse, maintenant qu’il y a des nouvelles (positives) du côté des finances? Cela reste à voir. Il y a surtout des défis à résoudre: les ventes sont en baisse ces dernières années. La société essaie de se réinventer et de s’adapter. Les “tupperware parties”, avec lesquelles la marque a commencé, ne suffisent plus aujourd’hui. Elle commence donc à vendre ses produits dans des supermarchés (comme Target aux États-Unis) ou dans des magasins spécifiques (gérés par des franchisés), comme en Belgique, voire à faire des partenariats avec des influenceurs.

En avril, Tupperware indiquait vouloir licencier du personnel (chez nous, le groupe compte notamment 260 personnes dans une usine à Alost, une des deux seules en Europe) et réduire son portefeuille immobilier. Dans ses déclarations de la semaine dernière, le fabricant n’est pas revenu sur ces aspects. Signe qu’elles sont toujours sur la table et que la situation n’est toujours pas au plus beau fixe.

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