-5% pour le Bel20, -10% pour le Dax : la panique sur les marchés boursiers européens se poursuit ce lundi

Donald Trump brandit le tableau des barrières douanières. (Credit Image: © Andrew Leyden/ZUMA Press Wire)

Le BEL 20 perdait plus de 5% à l’ouverture peu après 09h00, dans le sillage de l’offensive douanière du président américain Donald Trump et des premières mesures de représailles. La chute du principal indice d’actions de la Bourse de Bruxelles frôlait même les 6,5% à 09h30.

Plusieurs cotations avaient été légèrement retardées jusqu’à ce que le BEL 20 s’affiche en recul de plus de 5,5% à 3.857 points. ArGEN-X (475,10), KBC (67,28), UCB (138,40) et Umicore (7,58) s’inscrivaient d’emblée en recul de quelque 8%, suivies de près par Syensqo (55,20), Melexis (43,24) et Ageas (49,12).

Le Dax plonge deux fois plus

Les autres bourses européennes ont également ouvert avec de fortes baisses : -6,5% à Amsterdam, -6,4% à Paris, -5,8% à Londres, -2,3% à Milan et -10% dans les premiers échanges à la Bourse de Francfort.

Retombant à un plus bas provisoire de 18.489,91 points vers 07h05, l’indice Dax, qui rassemble les 40 plus grandes valeurs d’entreprises allemandes perdait plus de 2.000 points par rapport à vendredi, poursuivant une séquence de forte baisse. Le Dax affiche désormais un bilan négatif sur l’année.

Vers 09h00, l’euro s’inscrivait à 1,1015 USD, contre 1,0985 vendredi dernier.

Le lingot se négociait autour de 88.290 euros, en recul de 790 euros. Les marchés financiers restent paniqués par les conséquences économiques de l’offensive protectionniste de Donald Trump et redoutent une escalade: Pékin a répliqué par des surtaxes douanières de 34% ciblant les produits américains dès le 10 avril.

L’Asie ouvre dans le rouge vif

Chutes en milieu de journée de 10,7% à Hong Kong, de 9,7% à Taipei, de 8,7% à Shenzhen, de 6,4% à Tokyo, de 6,3% à Shanghai, de 4,9% à Séoul ou encore de 3% à Bombay: les premières Bourses à ouvrir après l’entrée en vigueur samedi des droits de douane punitifs américains ont été prises de panique.

Le mouvement est d’autant plus brutal que la Chine a répliqué et annoncé vendredi, alors que nombre de places financières asiatiques avaient déjà fermé pour le week-end, ses propres droits de douane, alimentant les risques d’escalade destructrice pour l’économie mondiale.

“Une refonte systémique de l’ordre économique mondial”

“Il ne s’agit plus seulement d’un conflit commercial, mais d’une refonte systémique de l’ordre économique mondial” dont les règles “sont en train d’être démantelées en temps réel”, a estimé Stephen Innes, analyste chez SPI Asset Management. Au même moment, un grand nombre de pays cherchent, chacun de leur côté, à convaincre Donald Trump de les épargner.

“Plus de 50 pays ont approché le gouvernement au sujet d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs droits de douane et l’arrêt de leur manipulation de changes”, a déclaré le ministre des Finances Scott Bessent sur la chaîne NBC.

Le président républicain reproche aux partenaires économiques des Etats-Unis de les “piller”. En conséquence, il a décidé d’imposer un taux universel de 10% de taxe douanière sur tous les produits importés aux Etats-Unis, entré en vigueur samedi.

Il va être relevé, dès mercredi, pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%). “Nous avons des déficits commerciaux massifs avec la Chine, l’Union européenne et beaucoup d’autres”, a écrit dimanche Donald Trump sur son réseau Truth Social.

“La seule manière de régler ce problème, ce sont les droits de douane, qui vont rapporter des dizaines de milliards de dollars aux Etats-Unis”, a-t-il ajouté. “C’est magnifique.”

“Nous allons voir si ce qu’ils ont à proposer est crédible”, a expliqué Scott Bessent au sujet des partenaires commerciaux des Etats-Unis, “parce qu’après, 20, 30, 40, 50 ans de mauvais comportements, on ne peut pas repartir de zéro”.

Alors que la Chine a déjà riposté en annonçant des taxes supplémentaires de 34% sur les importations américaines, les dirigeants européens ont eux multiplié les contacts au cours du week-end avant une réunion lundi à Luxembourg des ministres du Commerce extérieur de l’UE pour préparer “la réponse européenne aux Etats-Unis”.

“Le monde tel qu’on le connaissait a disparu”, a résumé le Premier ministre britannique Keir Starmer au sujet de cette remise en cause de l’ordre mondial du commerce.

“Traitement pour se soigner”

Interrogé sur la réaction violente des Bourses, Donald Trump a fait valoir dimanche, à bord de l’avion présidentiel Air Force One, qu’il “(fallait) parfois prendre un traitement pour se soigner”.

Dans la nuit de dimanche à lundi, les contrats à terme, produits financiers utilisés pour prédire l’orientation des marchés, laissaient présager d’une nouvelle chute de Wall Street lundi, après deux premiers plongeons jeudi et vendredi.

“On ne peut perdre de l’argent que si on vend. Et actuellement, la stratégie intelligente c’est de ne pas paniquer”, a lancé sur Fox News Peter Navarro, conseiller au commerce du milliardaire républicain.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit rencontrer lundi M. Trump à Washington pour évoquer entre autres la nouvelle taxe douanière de 17% que les Etats-Unis prévoient d’infliger à Israël.

De son côté, le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du parti communiste To Lam, a demandé un délai d'”au moins 45 jours” avant l’entrée en vigueur de droits de douane de 46% sur la production vietnamienne exportée aux Etats-Unis.

Ce report laisserait le temps, selon lui, aux deux pays de “parvenir à un accord le plus rapidement possible”.

Négociations

“Ce n’est pas le genre de chose que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines”, a prévenu pour sa part Scott Bessent, laissant entendre que ces taxes pourraient rester en vigueur plusieurs mois au moins.

Les pays qui ont proposé d’ouvrir des discussions “le font parce qu’ils comprennent qu’ils vont subir une bonne partie de ces droits de douane”, a jugé le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.

Il s’opposait ainsi à la thèse selon laquelle ces nouvelles taxes allaient surtout pénaliser l’économie américaine, même s’il a concédé qu’il pourrait “y avoir des hausses de prix”. “Je ne pense pas qu’on va voir un effet majeur sur les consommateurs aux Etats-Unis”, a-t-il insisté.

La plupart des économistes s’attendent pourtant à ce que les nouveaux droits sur les produits importés aux Etats-Unis provoquent une accélération de l’inflation et freinent la consommation.

Partner Content