En assouplissant le cadre fédéral et en reclassant le cannabis, le président ouvre la porte à une profonde transformation du secteur. Une décision historique, saluée par certains, mais qui a provoqué une violente réaction des marchés et ravivé les craintes d’une concurrence accrue.
Le président américain Donald Trump a signé un décret visant à assouplir les restrictions fédérales sur le cannabis en ordonnant son reclassement. Jusqu’ici classée en catégorie I – la plus restrictive de la loi sur les substances contrôlées, au même titre que l’héroïne ou le LSD – la substance doit passer en catégorie III, un statut réservé aux produits disposant d’un usage médical reconnu et présentant un potentiel d’abus plus limité.
Le décret doit encore être formellement appliqué par la Drug Enforcement Administration (DEA), mais ses effets se font déjà sentir sur les marchés financiers. Les investisseurs anticipent en effet une arrivée massive de nouveaux acteurs, notamment de grands groupes pharmaceutiques internationaux, susceptibles de bouleverser l’équilibre du secteur.
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Entre choc boursier et soulagement réglementaire
À l’annonce de la décision présidentielle, les valeurs du cannabis ont lourdement décroché. Trulieve a terminé la séance en baisse d’environ 23 %, Green Thumb Industries a cédé plus de 16 %, tandis que Tilray Brands reculait d’environ 4 %. L’ETF AdvisorShares Pure US Cannabis, qui suit les principaux opérateurs américains, a quant à lui chuté de près de 27 %, rapporte CNBC.
Paradoxalement, cette requalification est aussi perçue par de nombreux analystes comme une bouffée d’oxygène pour un secteur fragilisé. Le passage en catégorie III permet en effet aux entreprises d’échapper à certaines contraintes fiscales et de déduire pour la première fois leurs dépenses courantes, comme les loyers ou les salaires. Il ouvre également l’accès aux services bancaires et aux capitaux institutionnels, longtemps hors de portée en raison des règles de conformité fédérales.
Autre effet potentiel : un cadre plus favorable à la recherche scientifique sur le CBD – une molécule extraite du chanvre (cannabis) qui est dénuée d’effet psychotrope comme peut l’avoir le THC – susceptible de soutenir l’innovation et, à terme, de renforcer la légitimité médicale du cannabis.
Pas de légalisation, mais un virage politique majeur
Cette décision – le changement le plus important de la politique fédérale américaine sur le cannabis depuis plus de cinquante ans – ne marque toutefois en aucun cas une légalisation de la substance. Donald Trump a tenu à le rappeler fermement depuis le Bureau ovale : « Je tiens à souligner que ce décret ne légalise en aucune façon le cannabis, sous quelque forme que ce soit, et n’autorise en aucun cas son usage comme drogue récréative. »
Selon le président, la mesure répond avant tout à une demande médicale. « Elle a été sollicitée par des patients américains souffrant de douleurs extrêmes, de maladies incurables, de cancers agressifs, de troubles convulsifs ou neurologiques, ainsi que par de nombreux anciens combattants et des personnes âgées dont la qualité de vie est fortement dégradée », a-t-il déclaré.
Dans cette logique, les Centers for Medicare and Medicaid Services lanceront dès avril prochain un programme pilote permettant à certains seniors couverts par Medicare de recevoir gratuitement des produits à base de CBD, sur recommandation médicale. La distribution sera strictement encadrée afin de garantir la sécurité, la conformité réglementaire et d’éviter tout abus.
Le cannabis à des fins médicales en Belgique
La Belgique autorise certains médicaments à base de cannabis uniquement sous prescription médicale.
Le chanvre et le CBD contenant moins de 0,2% de THC sont autorisés à la vente, mais sous certaines conditions strictes.
La possession, la culture, la vente et l’importation de cannabis contenant du THC restent illégales en Belgique.
La possession de petites quantités pour usage personnel n’est pas totalement légale, mais elle est traitée avec une faible priorité des poursuites.