Trends Invest Challenge : le bilan des experts

GautEco, Grégory Guilmin, Hamza Naqi, Danny Reweghs
Charly Pohu

Voici le bilan des experts du Trends Invest Challenge : le retour sur leur stratégie, et si elle a été rentable, et ce qu’ils ont pu apprendre de plus sur l’investissement.

Le Trends Invest Challenge a pris fin le 30 mai, et a été remporté par le joueur “NotNYSE”, un jeune ouest-flandrien de 22 ans qui s’appelle Mutlu Bati, avec une performance de 66%. Tout au long du concours, des experts boursiers accompagnaient le jeu, avec leurs portefeuilles affichés en page d’accueil notamment. Voici leur bilan et retour et ce qu’ils retiennent ou ont appris de l’Invest Challenge.

GauEco

Gauthier Ferrari est un Youtubeur passionné par la bourse et l’investissement, qu’il vulgarise dans ses vidéos, comme simple particulier pour les particuliers, comme il se décrit. Il a produit plusieurs vidéos sur le Challenge, qui sont devenus de véritables espaces d’échanges (dans les commentaires sous les vidéos) pour les joueurs abonnés à sa chaine, dont Mohammed Harbal qui a remporté la troisième semaine du jeu.

“J’avais deux portefeuilles. Un que j’ai ouvert au début et que je n’ai plus trop alimenté. Et le deuxième qui a quand même fini 378e sur les 9.700 joueurs. J’en suis assez content. Dans le premier portefeuille j’avais fait une stratégie long terme, avec beaucoup d’entreprises, diversifié… comme on le fait si on veut investir en “bon père de famille”, sur dix ans. Je me suis assez vite rendu que cette stratégie fonctionne sur le long terme, mais que si on veut essayer de performer, il faut faire un portefeuille plus agressif. J’ai donc profité de l’occasion de pouvoir faire deux portefeuilles, comme le peuvent les abonnés à Trends-Tendances, pour faire un deuxième portefeuille beaucoup plus agressif et actif. Il y a en plus eu les grandes chutes en bourse, donc j’en ai profité en achetant des actions qui avaient fort chuté. On voit à quel point profiter des creux peut être intéressant.”

“Ma propre idéologie est d’investir pour le long terme, de prendre des valeurs de qualité et de toujours agir en “bon père de famille”, pour ne pas trop prendre de risques. J’ai un travail et des enfants et je ne peux pas tout le temps suivre mes investissements. Donc je n’ai pas voulu me lancer dans une optique de trading comme certains l’ont fait… mais pour espérer gagner un tel concours, il faut faire du trading et jouer plus à court terme. C’était l’opportunité de confronter les deux visions et de voir qu’en prenant plus de risques parfois ça paie, parfois ça ne paie pas. L’autre portefeuille, qui vise le long terme, a eu un rendement plus constant. Cela m’a permis de mettre l’optique “bon père de famille” et le profil agressif en parallèle.”

Et c’est du faux argent ici bien sûr, mais je me sentais plus stressé avec le portefeuille agressif, qui avait plus de volatilité que le portefeuille défensif. On peut justement apprendre à connaître ces émotions-là : ‘j’ai plein de chutes, comment est-ce que je le ressens, est-ce que cela m’embête ?’ J’ai eu des retours d’abonnés qui disaient que cela était justement très intéressant, de découvrir les sentiments en bourse et de se dire si on est à l’aise avec les chutes ou pas. Cela permet de définir son profil d’investisseur, plutôt agressif ou défensif, voire entre les deux. On apprend quelque chose sur soi-même, alors qu’on ne ferait pas de tels mouvements avec son propre argent. On teste plein de choses, qui peuvent avoir de mauvais résultats, et qu’on ne ferait pas avec son vrai argent.”

“Cela a finalement renforcé mon envie de continuer à vulgariser la bourse, les finances, l’investissement. Il y a eu d’échanges avec ma communauté. Si c’était à refaire, je ne sais pas si je ferais quelque chose de différent. Je retenterais avec deux portefeuilles, un long terme et un plus agressif. Cela m’a aussi réconforté dans ma stratégie, avec mon argent personnel, de rester dans l’investissement à long terme.”

Grégory Guilmin

Grégory Guilmin est coach boursier et éducateur financier. Il est auteur d’une newsletter sur l’investissement et les finances personnelles et propose des formations. Il vient de publier un livre pour enfants pour découvrir l’argent.

“Est-ce que je suis fier de mon résultat ? Oui et non. Pour moi, c’est compliqué de choisir bonnes actions, ou de ne pas choisir les mauvaises. Je suis parti du principe où j’investis de manière passive, comme je le fais avec mon vrai argent. Je choisis quelques lignes et je n’y touche plus. Finalement j’ai gagné près de 6%. Je ne suis pas spécialement content, parce que d’un côté, on veut toujours gagner quelque chose.”

Mais d’un autre côté, je le sais, je ne suis pas fait pour faire du stockpicking. J’ai voulu le faire entre 2013 et 2015, et j’ai perdu 60% de mes économies. C’est la raison pour laquelle je n’ai choisi que quelques actions… et au final mon score est très bien par rapport au marché : la bourse européenne a perdu 1% sur la même période, la bourse américaine, en euros, 2%, l’or a gagné 4%, et le bitcoin faisait mieux, avec +13%. Ça, j’en suis globalement content… mais de l’autre côté, je sais que je fais un exercice qui sort très fort de ma zone de confort : je trouve ça extrêmement compliqué de choisir les bonnes valeurs, c’est un métier à part entière qui demande beaucoup de temps, et je n’avais pas quelques heures par jour à consacrer au jeu. Cela m’a donc donné la confirmation que c’est une activité qui prend énormément de temps, mais qu’on n’est jamais certain du résultat. Cela montre que oui, à court terme, on peut battre la bourse. Mais battre la bourse à long terme, c’est un marathon, et 99,9% des gens ne sont pas faits pour cela.”

“Par contre, je trouve l’idée du jeu chouette pour sensibiliser les gens à investir. Des initiatives comme ça, cela pousse les gens à se poser la question de ce qu’il faut faire de son argent… puis se former et faire fructifier ses économies. Cela permet aussi de voir l’impact des marchés sur son portefeuille et de tester sa tolérance à la volatilité. De se dire ‘ah mince si c’était vraiment de l’argent, les 100.000 euros que j’ai reçus de mes parents, comment est-ce que je me sentirais si la bourse chute de 20%’.”

Hamza Naqi

Hamza Naqi est le fondateur du média francophone Parlons Finance, très populaire sur LinkedIn notamment. Il est aussi entrepreneur et consultant en IT et en gestion.

“J’ai obtenu un score de plus de 7,5%. J’ai massivement misé les investissements sur les États-Unis et la technologie. On a vécu une période très, très compliquée avec la guerre commerciale, qui a chamboulé les marchés financiers… et dont j’ai profité pour renforcer mes expositions. En seconde période du jeu, avec la remontée des cours, il y avait un flux de capitaux vers les entreprises technologiques et exposées à minima au Bitcoin et aux nouvelles technologiques. Cela a permis justement de faire des bénéfices.”

“Ce concours permet d’apprendre quelques règles de base de l’investissement. Lorsqu’on a un portefeuille qui est assez colossal, quelqu’un qui n’a pas d’expérience dans le milieu de l’investissement et des marchés veut tout de suite faire des choix, avec une certaine confiance et certitude de réussite. Mais il est difficile de faire des choix. Il ne faut pas s’empresser. Il faut absolument suivre les actualités au jour le jour. Si on veut acheter de nouvelles actions, il faut aussi garder des liquidités. Il y a eu un creux très important sur le marché en avril. Si on avait déjà investi tous ses fonds, on n’avait alors plus l’opportunité de racheter des actions durant ce creux. Pour moi, c’est la leçon la plus importante, parce que le creux nous a permis d’avoir des rendements intéressants. Il était donc une belle opportunité pour apprendre à investir. J’avais pour ma part laissé la quantité maximale des liquidités dans mon portefeuille, pour justement attendre une telle opportunité.”

“Un autre enseignement est qu’il faut investir dans ce qu’on connaît, des actions avec lesquelles on a une certaine affinité. On la suit au quotidien, ce qui nous permet d’être serein. Si on investit dans des secteurs qu’on ne connait pas et qu’on ne maîtrise pas, la sérénité se réduit, on panique et on commence à faire des choses qui n’ont pas de sens, et à ce moment-là on va aller vers des pertes.”

Danny Reweghs

Danny Reweghs est l’expert boursier de Trends et gère le portefeuille-modèle de la rédaction.

“Comme tous les abonnés, je disposais de deux portefeuilles. Le premier portefeuille, composé les dix favoris de cette année de Trends, a relativement bien performé. Mais avec le deuxième portefeuille, je souhaitais investir de manière plus active. Les premières semaines ont été excellentes. À un moment donné, je me trouvais à la 13e place du classement général. Mais après quelques semaines, j’aurais dû changer de stratégie, ce que je n’ai pas suffisamment fait, et j’ai raté une grande partie de la hausse ! Je ne peux donc pas être fier de la performance du deuxième portefeuille.”

“J’ai une nouvelle fois constaté que dans une telle compétition boursière, il faut s’investir énormément pour obtenir un rendement excellent. Il y avait très peu d’actions du même type qui ont été performantes pendant les 10 semaines. Surtout dans une période aussi volatile que celle que nous traversons actuellement, à cause de à Donald Trump, il faut gérer son portefeuille très activement.”

“Si c’était à refaire, j’ai déjà décidé de prendre un portefeuille stable et un portefeuille actif qui suivra une stratégie complètement différente. Et oui, peut-être que je devrais aussi me pencher un peu plus sur les actions du secteur des cryptomonnaies !”

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