Tout le monde peut devenir investisseur: sur le long terme, personne ne peut se tromper

Investir en bourse © Getty
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Vous pensez que l’investissement n’est pas fait pour vous ? Vous préférez conserver votre argent en sécurité sur un compte d’épargne ? Pourtant, peu de gens réalisent qu’en agissant ainsi, ils se privent d’opportunités financières importantes. Chaque jour passé sans investir est une occasion manquée. Avec le bon état d’esprit et quelques règles simples en tête, il est presque impossible de se tromper sur le long terme.  Trends-Tendances aide les investisseurs novices à surmonter leur frilosité.

Le message est limpide: commencez à investir, et commencez à investir maintenant ! Onmiddellijk, immédiatement, sofort, imediately, immediatamente, tadachini… et nous pourrions décliner le conseil dans encore bien d’autres langues. Cessez de chercher des excuses et des subterfuges. Après tout, chaque jour d’attente est un jour perdu. Il y a toujours des raisons de ne pas le faire, de le remettre à plus tard. Je les connais toutes, car au cours de ma carrière, je les ai déjà entendues ad nauseam : « Je n’ai pas assez d’argent pour cela, car c’est réservé aux riches », « Je n’ai pas le temps, car je suis déjà très occupé », « Je n’y connais rien », « Je n’aime pas le risque », « Je suis trop vieux pour cela », … et nous pourrions continuer ainsi pendant toute une page encore. La liste des excuses pour ne pas franchir le seuil de l’épargne à l’investissement est infiniment longue. Dans 80 à 90% des cas, ces arguments sont complètement erronés. Des illusions qui, sur le long terme, peuvent coûter cher financièrement.

Il y a deux décisions très importantes à prendre en matière d’investissement. La première est de commencer aujourd’hui. La seconde est de ne jamais abandonner, quoi qu’il arrive au cours des premières années. D’après ma propre expérience, le reste vient naturellement. Si vous vous lancez avec le bon état d’esprit et que vous gardez en tête quelques règles simples, vous ne pouvez pas vous tromper sur le long terme. Cette affirmation peut sembler audacieuse, mais c’est la vérité.

Beaucoup trop peu de personnes commencent à investir, et encore moins s’y tiennent. Une étude japonaise de 2018 a révélé que seulement 8 % des personnes ayant commencé à investir le faisaient encore un quart de siècle plus tard. Cela correspond à peu près au même pourcentage de personnes (environ 7 %) ayant achevé un marathon dans les dix ans suivant le début de leur entraînement.

S’agit-il d’une comparaison hasardeuse ? En partie peut-être, mais en réalité pas vraiment. Car les défis sont similaires. Personne ne peut courir 42 kilomètres d’une traite du jour au lendemain. De même, il faut du temps pour investir 100 euros et en tirer 1 000 euros. Mais à long terme, les deux objectifs sont beaucoup plus réalisables qu’il n’y paraît à première vue.

Gagner avec des actions

Moi aussi, j’ai commencé à investir un jour. Jusqu’à six mois avant de commencer, je n’avais pratiquement jamais entendu parler de la bourse et je n’ouvrais même pas les pages financières des journaux, même si j’étudiais l’économie. En 1986, le cours “études de l’investissement” a croisé mon chemin, et mon professeur a prononcé les mots qui allaient largement définir ma vie : “Vous pouvez prêcher beaucoup de théorie sur l’investissement, mais vous devez simplement le faire”. Nous avons été répartis en groupes de trois ou quatre étudiants, avons reçu 100.000 francs belges d’argent fictif et avons dû jouer entre nous, pendant l’année académique, une mini-compétition qui consistait à investir dans des actions à la bourse de Bruxelles. Un nouveau monde s’ouvrait à nous. J’ai tout de suite été captivé. Notre petit groupe a remporté le concours et a reçu le livre Gagner avec des actions (titre original en néerlandais, Winnen met aandelen) du professeur Roland Van der Elst. J’ai terminé le livre en un week-end. Ma décision était claire : j’allais investir mes économies en bourse.

Toutes les mises en garde contre le danger des actions – émanant généralement de personnes qui n’en avaient qu’entendu parler – ont quelque peu refroidi mon enthousiasme. Le livre me conseillait la prudence et la planification de mes premiers achats. Mais ces premiers achats ont connu un tel succès immédiat que j’ai rapidement jeté toute prudence par-dessus bord et j’ai ignoré toutes les règles de base. J’y suis allé all-in. En moins de six mois, j’ai investi toutes mes économies dans les actions. Les choses ont progressé de façon extraordinaire et j’ai commencé à monter en flèche. J’allais devenir riche !

Plus tôt vous serez confronté à un crash dans votre carrière d’investisseur, mieux ce sera.

La meilleure chose qui me soit arrivée dans ma carrière d’investisseur a été le krach d’octobre 1987. Le lundi noir, le 19 octobre 1987, l’indice américain Dow Jones a chuté de 508 points, soit une perte de 22,6 %. En un jour. En deux jours, j’ai perdu tous les gains que j’avais accumulés en 16 mois. Avant la fin de l’année, j’avais perdu plus de 15 %. Mon rêve était brisé.

Dans une telle situation, vous pouvez réagir de deux manières. Soit vous faites comme la majorité : vous vendez dans la panique et vous tournez le dos à la bourse pour de bon, ou du moins pour longtemps. Soit vous mettez de l’ordre dans vos affaires, vous prenez en compte qu’il faut toujours respecter les règles de base et vous continuez.

Construire lentement

Ma décision financière la plus importante a donc été de commencer à investir. Heureusement, je l’ai fait assez tôt, à 21 ans. Mais la décision de ne pas abandonner à 22 ans, malgré une mauvaise expérience, a été tout aussi importante. Plus tôt vous êtes confronté à un krach dans votre carrière d’investisseur, mieux ce sera. Il en va de même pour un marathonien débutant : plus tôt vous subissez votre première blessure, mieux c’est. Car si vous courez trop vite, c’est de votre faute. Le ressentir permet de l’intégrer plus rapidement.

Qu’est-ce que cela implique ? Réaliser que l’on n’y arrivera que pas à pas et que l’on ne doit se préoccuper que de l’objectif à long terme. Le fait qu’au cours d’un marathon, vous soyez en tête après un kilomètre n’a pas d’importance. Le retour sur investissement de la première année n’a pas non plus d’importance. Le seul objectif est de se créer des réserves, voire de devenir financièrement indépendant.

Ne vous fixez donc jamais d’objectif à court terme. Ce n’est pas seulement inutile, c’est aussi un piège. De même, n’ayez pas la prétention de dire tout de suite que vous voulez courir votre premier marathon en trois heures et demie, car vous feriez alors de grosses erreurs, comme je l’ai fait en investissant immédiatement toutes mes économies dans le marché boursier. Ne vous attendez à rien les premières années, car ce n’est pas important. Construisez lentement.

Pourtant, de nombreux investisseurs se lancent à corps perdu dans l’aventure. Ils prennent trop de risques, ou achètent surtout des actions technologiques ou des cryptomonnaies. Ce n’est jamais assez spectaculaire pour eux, ils veulent gagner beaucoup tout de suite. Pourtant, ces premières années ne devraient pas être consacrées aux rendements, mais à apprendre, désapprendre et réapprendre. Il est essentiel de commencer à investir le plus tôt possible dans la vie. Pourtant, nous gaspillons cet avantage en nous précipitant avec impatience et en prenant des risques pour faire du profit.

Le temps résout tous les problèmes

Le temps résout tous les problèmes des investisseurs en actions. Jusqu’à présent, les cours des actions ont toujours atteint un nouveau sommet après un krach. Le krach de 1987, qui avait été une tragédie pour moi, n’est même pas visible sur le graphique aujourd’hui. Les 508 points perdus par l’indice Dow Jones à l’époque, soit une baisse de 22,6 %, représenteraient aujourd’hui une perte d’à peine plus de 1%. Le Dow Jones n’est plus aux alentours de 2.500 points, mais à 43.000 points.

Mise en perspective : le krach de 1987.

Après la naissance de ma fille en 2002, nous avons mis en place un plan d’actions pour elle aussi, que nous avons construit tranquillement et progressivement en investissant des sommes périodiquement. Ainsi, sans le savoir, elle a commencé son aventure boursière vingt ans avant moi. Ce qui fait vingt ans de plus. En mars 2009, après le krach dû à la crise financière, le portefeuille était à -22 %. J’ai adoré cela. Ce n’est qu’en 2013, 11 ans après le démarrage, que le portefeuille a resorti la tête de l’eau. Elle ne l’a pas encore réalisé, mais c’est la meilleure chose qui aurait pu arriver à ma fille, car elle a pu ajouter à son portefeuille des actifs à des prix très bas pendant plus d’une décennie. Cela n’a fait qu’améliorer les rendements à long terme.

Je pense donc que le plus grand secret de Warren Buffett n’est pas sa méthode d’investissement, mais surtout le fait qu’il n’a cessé d’investir pendant quatre-vingts ans. Il a amassé plus de 85 % de sa fortune après son 65e anniversaire. Il y a deux types de personnes qui investissent continuellement dans des actions pendant des décennies : celles qui sont déjà riches et celles qui le deviendront.

Le plus grand secret de Warren Buffett n’est pas sa méthode d’investissement, mais surtout le fait qu’il investit continuellement depuis quatre-vingts ans.

Gardez à l’esprit les règles de base

Pour soutenir ou rationaliser l’investissement, il est préférable de garder à l’esprit les règles empiriques suivantes. Ce sont également mes principes directeurs. Le plus important est d’investir. Ce n’est qu’en second lieu qu’il s’agit de savoir comment vous le faites. Voulez-vous investir activement ? Ou préférez-vous être quelqu’un qui investit “depuis son hamac” ? Investissez-vous dans des actions individuelles, dans des fonds d’actions ou dans des trackers d’actions ? C’est une question secondaire importante, mais ce n’est pas la principale.

1. Vous êtes un investisseur à vie. C’est la règle la plus importante de toutes. À moins qu’il n’y ait pas d’autre solution, en raison d’un revers financier par exemple, vous décidez de ne jamais vous arrêter une fois que vous avez commencé. J’investis en actions sans interruption depuis 38 ans et j’ai l’intention de continuer à le faire jusqu’à ma mort, que l’année boursière s’annonce bonne ou mauvaise.

2. Ne vous fixez jamais d’objectifs à court terme. Si vous souhaitez obtenir un bon rendement dans un ou deux ans, vous risquez de toute façon d’abandonner. Encore une fois, les rendements des premières années n’importent que peu par rapport à l’objectif à long terme.

3. Investissez périodiquement. Le moyen le plus simple de réussir à long terme est d’investir un montant fixe à un moment fixe. Si vous disposez de 100 euros par mois, investissez 100 euros par mois, quelle que soit la performance de votre portefeuille d’investissement. Si le marché boursier baisse, voire chute fortement, vous pouvez simplement acheter plus d’actions. Cela profitera à votre objectif à long terme, même si c’est désagréable à court terme.

4. Les dividendes sont très importants. Les investisseurs à court terme sont surtout préoccupés par les gains immédiats et oublient l’importance des dividendes à long terme (un dividende est la part de leurs bénéfices que les entreprises versent aux actionnaires). Une action qui fait partie de mon portefeuille depuis longtemps est Coca-Cola. Elle n’a pas vraiment été la plus grosse progression de Wall Street au cours de la dernière décennie. Mais comme la société augmente son dividende chaque année depuis des décennies, son dividende annuel actuel de 0,50 dollar par action m’offre un rendement brut de 23% par an sur mon prix d’achat. Et comme j’ai réinvesti le dividende à chaque fois, le rendement total de mon investissement dans Coca-Cola est maintenant arrondi à 3.400 % : 1.400 % grâce à l’augmentation du prix de l’action et 2.000 % grâce aux dividendes. C’est l’un des effets fantastiques de ceux qui investissent pendant des décennies. Année après année, les dividendes successifs font à nouveau sonner la caisse.

5. Construisez votre portefeuille comme une pyramide. Beaucoup de débutants qui veulent gagner beaucoup d’argent très rapidement en bourse s’orientent immédiatement vers des investissements spectaculaires comme Nvidia ou les cryptomonnaies. Les rendements peuvent être énormes à court terme, mais les pertes aussi. Et ces investissements ne peuvent pas garantir des rendements à long terme. Des actions ternes comme Coca-Cola, les débutants les ignorent souvent. Pourtant, les investisseurs qui visent le long terme ont besoin d’une base solide d’actions qui ont déjà traversé de nombreuses crises et qui pensent chaque année à leurs actionnaires. J’ai dû constater la même chose en 1987 : les valeurs plus ternes ont mieux résisté, les valeurs branchées ont encaissé le coup. Au-delà de cette base solide, avec un tiers ou un quart de votre portefeuille, vous pouvez vous lâcher complètement et prendre des risques.

6. Investissez avec vos yeux. Les grandes opportunités d’investissement peuvent parfois se trouver juste sous votre nez et vous n’avez pas besoin de chercher bien loin. Par exemple, mon premier grand succès en bourse a été l’action de Sporthuis Centrum, aujourd’hui Center Parcs, qui était cotée à Amsterdam. J’ai découvert cela lorsque j’ai commencé à investir et j’ai été impressionné par la formule. Mon réflexe a été immédiatement de chercher si l’entreprise était cotée. J’ai immédiatement acheté un paquet d’actions. Lorsque l’action a doublé de valeur une première fois, j’en ai vendu la moitié. Elle a de nouveau doublé et j’ai vendu le reste.

Les investisseurs qui visent le long terme ont besoin d’une base solide d’actions ennuyeuses qui ont déjà traversé de nombreuses crises.

7. Le profit ou la perte ne doit jamais déterminer vos actions. Lorsque j’ai vendu l’action Sporthuis Centrum, j’ai péché contre cette règle. J’ai vendu en deux fois, mais uniquement sur la base du prix de l’action. L’évolution du cours ne doit pas être en soi une raison de négocier, bien que la plupart des investisseurs le fassent de toute façon. « Prendre des bénéfices n’a jamais rendu personne plus pauvre », affirme un investisseur. Cette affirmation est relative. Ceux qui ont vendu leurs actions lorsque le cours d’argenx ou de Lotus Bakeries a doublé pour la première fois ont entre-temps laissé filer des milliers de pour cent de bénéfices. D’où l’importance de la règle de base suivante :

8. Notez pourquoi vous achetez une action, un fonds ou un tracker. Cela peut sembler fastidieux, mais c’est un outil très utile par la suite. J’essaie de me décrire le plus clairement possible les raisons pour lesquelles j’achète une action, afin de pouvoir les revoir des années plus tard. Je vérifie régulièrement, par exemple après les résultats, si ces arguments sont toujours valables. Si je pense qu’ils ne le sont plus, je vends la position – à profit ou à perte, peu importe. Si l’argumentation reste valable, cette position peut rester dans le portefeuille pendant de nombreuses années, même s’il y a encore des pertes ou si le prix a fortement augmenté. Je ne réduirai quelque peu cette position que si son poids dans le portefeuille global devient trop important.

Investir pour la génération suivante

Il est donc temps de se lancer et de faire le grand saut. Essayez de considérer cela comme un hobby, même s’il s’agit de votre patrimoine, qui fluctuera d’un jour à l’autre et peut donc aussi perdre de sa valeur. Relativisez cette dernière, car elle est loin d’être définitive. Sachez qu’il y a de fortes chances que votre hobby vous rapporte des bénéfices sur le long terme. Trends-Tendances guidera les débutants dans ce domaine au cours des prochains mois.

Vous avez peut-être déjà un certain âge et vous pensez que cet article ne vous est d’aucune utilité, car le temps ne joue plus en votre faveur. Mais ce raisonnement est probablement erroné. Depuis un certain temps, je n’investis plus pour moi, mais pour la génération suivante, une personne de vingt ans. C’est comme si je recommençais à zéro. Et si j’ai un jour un petit-enfant, je commencerai immédiatement à constituer un portefeuille pour lui. Car lorsque l’investissement se poursuit de génération en génération, c’est là que cela devient vraiment une fête.

Commencer à investir

Trends-Tendances a pour objectif d’amener le plus grand nombre possible de personnes à investir en 2025. Dans une série d’articles publiés au cours des prochaines semaines, nous prendrons les investisseurs débutants par la main en leur expliquant dans quoi ils peuvent investir, où ils peuvent le faire et s’il est plus judicieux d’investir activement ou passivement. Nous publierons également des articles pratiques sur ce qu’est un compte de courtage et sur le coût d’un investissement auprès de différents courtiers.

Lisez déjà une feuille de route pratique ici : Comment commencer à investir

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