Tesla renoue avec la croissance mais chute en bourse. Ses bénéfices sont en berne, ainsi que sa rentabilité. Pour l’avenir, Tesla mise sur les robots. Une promesse lointaine… les investisseurs croient-ils encore au projet ?
Après deux trimestres de baisses de son chiffre d’affaires, Tesla a renoué avec la croissance, a annoncé l’entreprise ce mercredi soir, après la clôture de Wall Street. Entre juillet et septembre, il a ainsi atteint 28,10 milliards de dollars. C’est 12% de plus qu’il y a un an, et près de 2 milliards de plus que les estimations.
Mais du côté des bénéfices, Tesla a raté le coche. Le bénéfice net est en baisse de 37% en un an, à 1,37 milliards de dollars (ou 39 cents par action). En termes ajusté, le bénéfice est de 50 centimes de dollar par action… là où le marché s’attendait 54 cents. La baisse des bénéfices s’explique par les droits de douane et des prix de ventes plus bas, ainsi qu’une hausse de 50% des dépenses opérationnelles, pour l’intelligence artificielle et d’autres projets de recherche et développement.
Un chiffre d’affaires en hausse, mais un bénéfice en baisse, cela veut dire que la rentabilité pâtit. Et d’autres éléments peuvent aussi ternir cette croissance du chiffre d’affaires. En Europe notamment, les ventes sont toujours en baisse en glissement annuel. Et la hausse aux États-Unis, à un chiffre record, est en partie à attribuer à un rush des commandes avant la fin des crédits d’impôts pour les véhicules électriques.
Bref, le retour à la croissance n’est pas suffisant pour sauver Tesla en bourse : l’action a perdu jusqu’à 5% dans les négociations d’après-clôture, ce mercredi soir. Ce jeudi, elle est toujours dans le rouge à plus de 3%. Avec 12%, elle est moins en hausse que le S&P 500 et les autres “Sept Magnifiques”, sur l’année.
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Pas de nouveaux modèles de Tesla
Ces éléments négatifs qui pèsent sur le cours traduisent en réalité des questionnements plus grands de la part des investisseurs. Par exemple au sujet des véhicules de Tesla.
Quand Tesla s’est lancée, la marque était à la pointe du domaine naissant du véhicule électrique et en avance sur les concurrents concernant les innovations technologiques. Mais aujourd’hui, cela fait longtemps que Tesla n’a pas lancé de nouveau modèle. Il y a seulement eu de nouvelles versions des modèles existants, légèrement redesignés. Le Cybertruck, qui n’est pas disponible partout dans le monde, a été un échec commercial. Et le fameux modèle à 25.000 dollars, promis pendant des années, a été abandonné. Il n’y a pas de nouveau véhicule dans le pipeline.
Les voitures de Tesla sont censées avoir un cycle de vie plus long que celles d’autres marques, comme la technologie peut facilement être mise à jour. Mais tôt ou tard, l’ancienneté d’un modèle fera toujours baisser les ventes. Et Tesla n’a plus cette avance sur la concurrence, de nombreuses autres marques s’imposent aujourd’hui, notamment chinoises.
Comparé aux neuf premiers mois de 2024, le nombre de véhicules vendus est en tout cas en baisse de 6%, en 2025.
Pari sur la robotique
Mais Tesla regarde déjà une étape plus loin dans le futur. Vers la robotique et les voitures totalement autonomes. Cela s’est confirmé durant la conférence des résultats ce mercredi : Musk et d’autres dirigeants n’ont quasi que parlé de ces projets.
C’est un pari pour l’avenir. Mais il n’est pas encore rentable aujourd’hui. Ni même commercialisé. On en est encore loin. Pour y arriver, Tesla aura dans tous les cas besoin de la croissance de ses ventes de voitures, qui représentent 88% du chiffre d’affaires (et les solutions d’énergie le reste). Et surtout, Tesla aura besoin d’un modèle rentable, et pas de bénéfices en berne. Mais il reste à voir si c’est possible à maintenir la croissance et la rentabilité en négligeant ainsi ce qui est aujourd’hui encore son core business.
Reste aussi à voir si les investisseurs suivent Tesla sur ces promesses. La croissance de 50%, qui avait initialement attiré les investisseurs et fait exploser la valeur de Tesla, n’est aujourd’hui en tout cas plus au rendez-vous, depuis quelques trimestres déjà.
