Taxation des plus-values : tout n’est pas noir

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Il n’y a pas qu’à la machine à café que l’accord de coalition du gouvernement De Wever a fait l’objet de discussions animées : les investisseurs ont aussi épluché le document et nous ont demandé de prendre position.

D’habitude, nous préférons attendre les textes législatifs pour commenter les nouvelles mesures, et il faudra encore les attendre un certain temps. Mais les attaques sont telles que nous devons réagir. Le principe d’une taxe sur les plus-values des actions, pudiquement qualifiée de “contribution de solidarité”, constitue un changement de paradigme fondamental aux nombreuses implications. En toute honnêteté, nous avions vu venir la tempête dès l’été dernier. Le gouvernement Arizona n’aurait jamais vu le jour sans un impôt sur la fortune sous une forme ou une autre.

Rapidement, il est devenu clair que les plus-values réalisées sur les actions seraient taxées : un trophée que les socialistes flamands de Vooruit pourraient brandir pour faire digérer les décisions difficiles sur l’immigration, les pensions ou le marché du travail. A la différence des épargnants et des propriétaires immobiliers, les investisseurs en actions forment un groupe restreint qui ne bénéficie pas d’un capital de sympathie énorme dans la population ; le sacrifice était donc facile, même si la loi Cooreman-De Clercq, dans les années 80, a montré qu’un autre choix était possible, avec des conséquences très positives pour l’économie belge à l’époque.

Cela fait déjà des années qu’Euronext Bruxelles est à la traîne. Le pic de l’indice Bel 20, à 4.750 points, remonte au 23 mai 2007, il y a plus de 17 ans ! Ce nouveau coup de massue, pour les investisseurs ciblant les actions belges, pourrait encore brider son développement. La colère se conçoit.

Rendement plus élevé

Si nous comprenons ce sentiment légitime, cela ne signifie pas pour autant qu’il est temps de liquider son portefeuille d’actions sans autre forme de procès. Malgré la détérioration du traitement fiscal, nous estimons toujours qu’un investissement en actions reste intéressant, dans la mesure où sur le long terme, le rendement reste toujours beaucoup plus élevé que pour l’épargne ou les obligations, indépendamment de la taxation des plus-values.

N’oublions pas qu’aux Etats-Unis, les plus-values des actions sont taxées depuis longtemps, ce qui n’a pas empêché Wall Street de prospérer grâce à la forte croissance des bénéfices des entreprises.

Les investisseurs américains ont aussi beaucoup à nous apprendre en matière de “gestion fiscale” du portefeuille. Si les textes juridiques confirment ce qui a été annoncé, il sera possible de profiter ici aussi de l’”effet de janvier” ici aussi. Le terme désigne le rebond “anormal” des petites valeurs en janvier, lorsque les investisseurs privés qui les avaient vendues en novembre ou décembre pour réduire leurs plus-values en imputant une moins-value les rachètent. Affaire à suivre !

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