Les chiffres de Colruyt, publiés ce mardi, montrent une stagnation des bénéfices.
Le potentiel de croissance des bénéfices du groupe Colruyt semble être enfermé dans un panier de courses de la chaîne de grands magasins. Une croissance structurelle des bénéfices est pratiquement impossible, car l’entreprise est prisonnière d’un marché belge de la distribution très concurrentiel qui limite son chiffre d’affaires et ses marges. La vente des activités françaises souligne que l’expansion géographique du modèle des prix bas est une tâche impossible. La diversification vers d’autres activités, telles que la mode ou les vélos, nécessite beaucoup de temps et d’argent pour un rendement limité.
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Stagnation
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le bénéfice d’exploitation de 447 millions d’euros pour l’exercice 2024-2025 est même nettement inférieur au bénéfice d’exploitation de 488 millions d’euros pour l’exercice 2013-2014. La stagnation est le mot qui résume le mieux l’évolution des bénéfices au cours des dix dernières années.
Pour l’exercice 2024-2025, l’entreprise avait initialement prévu des résultats stables. Début mai, elle a toutefois publié un avertissement indiquant que le bénéfice d’exploitation allait légèrement baisser. Les résultats annuels récemment publiés confirment une baisse de 4,1% du bénéfice d’exploitation sous-jacent. Les bénéfices ont été affectés par des vagues d’inflation défavorables. Au cours de l’exercice écoulé, les prix facturés par Colruyt à ses clients ont augmenté moins rapidement que les prix payés par Colruyt à ses fournisseurs. En raison de l’application systématique de la politique des prix les plus bas, la marge bénéficiaire de Colruyt est inévitablement mise sous pression lorsque ces vagues d’inflation sont défavorables.
L’évolution du chiffre d’affaires, qui a légèrement déçu avec une augmentation d’à peine 1 % pour atteindre 11 milliards d’euros, est également révélatrice de la difficulté de l’exercice écoulé. La part de marché a ainsi baissé de 29,3% à 29%. La part de marché a diminué moins rapidement au cours du second semestre de l’exercice. Depuis début 2025, la part de marché est à nouveau en hausse.
Le groupe invoque la météo estivale moins clémente de l’année dernière et une concurrence plus forte sur le marché belge. Le fait que de nombreux concurrents soient ouverts le dimanche pèse sur le chiffre d’affaires de Colruyt, mais l’entreprise peut difficilement réagir car la main d’oeuvre est trop coûteuse pour Colruyt le dimanche, la plupart de ses employés étant salariés. Seuls les magasins Okay City sont ouverts 7 jours sur 7, mais la part de cette chaîne dans le chiffre d’affaires du groupe est très limitée.
2025 ?
Pour cet exercice, la direction s’attend à une légère amélioration. Les prix pratiqués aux caisses de Colruyt augmentent toujours moins vite que les prix payés par Colruyt à ses fournisseurs, mais l’écart se réduit. L’inflation alimentaire se stabilise autour de 2%, mais la concurrence sur le marché reste vive et le contexte macroéconomique reste incertain. Dans ce contexte, la direction vise un bénéfice d’exploitation stable pour cet exercice. Ces perspectives ne sont pas convaincantes. Traditionnellement, l’entreprise donne une estimation plus concrète de l’évolution des bénéfices lors de l’assemblée générale en septembre.
Les activités françaises ne sont plus un boulet au pied à cet égard. Colruyt a tenté en vain pendant des années de rentabiliser ses activités de vente au détail en France. Les magasins sont rentables en soi, mais Colruyt ne dispose pas de l’échelle nécessaire en France et ne réussit donc pas à couvrir les frais administratifs et logistiques. Colruyt perdait 20 millions d’euros par an en France. La direction a finalement pris la décision logique de vendre ses activités françaises. Le Groupement Mousquetaires paie 215 millions d’euros pour 81 magasins et 44 stations-service DATS 24.
Conclusion
Les vagues d’inflation tournent lentement à l’avantage de Colruyt et la part de marché augmente à nouveau. Néanmoins, le paysage concurrentiel ne permet tout au plus qu’une stabilisation du bénéfice d’exploitation. En l’absence de croissance structurelle des bénéfices, une valorisation avec un ratio cours/bénéfice de 14 est équitable. Le conseil reste « conserver ».
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Notation : 2B
Cours : 38 euros
Ticker : COLR.BB32
Code ISIN : BE0974256852
Marché : Euronext Bruxelles
Capitalisation boursière : 4,8 milliards d’euros
Ratio C/B en 2024-2025 : 14
Ratio C/B attendu en 2025-2026 : 14
Perf. cours sur 12 mois : -12%
Perf. cours depuis le début de l’année : + 4%
Rendement du dividende : 3,6%
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