Le producteur de mousse a bien négocié sa transition vers une activité (quasi exclusivement) axée sur l’isolation. Pourtant, l’action a subi un net recul à la suite de la publication des résultats semestriels fin août.
L’information qui a le plus retenu l’attention du marché s’est en effet révélée négative : la suppression d’un prêt de 11,5 millions d’euros accordé précédemment à Ascorium, une entreprise de pièces automobiles dans laquelle Recticel détient encore une participation minoritaire dans le cadre d’une cession. C’est là une conséquence directe des temps difficiles que traversent les constructeurs automobiles mondiaux, y compris les droits de douane américains. Mais si c’est bien entendu une mauvaise surprise, cela n’a que peu voire rien à voir avec les activités opérationnelles actuelles.
Une croissance à deux chiffres
Dans un contexte de marché loin d’être facile (bâtiment atone voire en repli), Recticel est tout de même parvenu au premier semestre à enregistrer une croissance à deux chiffres du chiffre d’affaires de 12,3 % (de 298,6 à 335,2 millions d’euros).
Cette performance est conforme à celle du premier trimestre à +12,7 % (+11,8 % au deuxième trimestre). On observe que les produits à plus forte valeur ajoutée connaissent une hausse des ventes, tant dans les panneaux que dans les plaques isolantes. Ce qui frappe surtout, c’est que la croissance en volume reste soutenue – une très belle performance au vu des conditions difficiles sur les marchés européens de la construction. Cela confirme que la spécialisation dans l’isolation est le bon choix et donne à Recticel de belles perspectives de croissance.
L’augmentation de l’excédent brut d’exploitation (ebitda) ajusté est également à deux chiffres, mais légèrement inférieure à celle du chiffre d’affaires : +10,3 % (de 25,1 à 27,7 millions d’euros). Alors que la croissance du chiffre d’affaires dépassait les attentes moyennes des analystes (335,2 contre 330,5 millions d’euros attendus), l’ebitda est ressorti en dessous du consensus : 27,7 millions contre 29,8 millions attendus.
Distinguer le résultat opérationnel (ebit) du résultat net
En raison de l’impact négatif important de la supression du prêt évoqué, il faut clairement distinguer le résultat opérationnel (ebit) du résultat net. L’ebit affiche une belle progression de près de 32 % (de 6,6 à 8,7 millions d’euros). Mais la charge exceptionnelle de 11,5 millions d’euros fait basculer le résultat net (de justesse) dans le rouge : -0,3 million d’euros contre 6,6 millions d’euros au premier semestre 2024.
Lors de la publication des résultats annuels l’an dernier, l’annonce principale avait été un investissement de 50 millions d’euros dans l’État américain du Tennessee pour un projet « greenfield » (on part de rien et tout est à construire) dans les panneaux isolants. La mise en service de la nouvelle usine est confirmée pour fin 2026.
En parallèle, Recticel investit dans une usine de recyclage à Wevelgem, qui devrait déjà être opérationnelle au premier trimestre de l’an prochain. Pour l’ensemble de l’exercice, l’entreprise vise un ebitda de 55 millions d’euros, soit environ 10 % de plus que les 49,6 millions enregistrés l’an passé. C’est toutefois moins que les 61,5 millions d’euros de l’année précédente.
Conclusion
À 0,75 fois le chiffre d’affaires, 1,1 fois la valeur comptable attendue et environ 8 fois le ratio valeur d’entreprise (ev) sur ebitda, il faut remonter à la décennie précédente pour retrouver une valorisation aussi basse par le marché. C’est, autrement dit, une sous-évaluation du potentiel de croissance. Nous estimons donc que l’action constitue, au vu de ce potentiel, une bonne affaire.
Conseil : à acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 8,78 €
Ticker : REC BB
ISIN : BE0003656676
Marché : Euronext Bruxelles
Capitalisation boursière : 497,7 M€
C/B 2024 : 36
Ratio C/B prévu en 2025 : 23
La Perf. Cours sur 12 mois : -30 %
Perf. Cours depuis le début de l’année : -15 %