La rédaction répond à la question d’un abonné : “Les actions des banques européennes se sont bien comportées cette année. Une des plus performantes est celle d’ABN Amro, dont la valorisation semble demeurer acceptable. Continuez-vous à conseiller d’acheter ?”
La grande banque néerlandaise multiplie les annonces depuis quelque temps. La plus récente porte sur la suppression de 5.200 emplois, soit un quart environ des effectifs, d’ici à 2028. La moitié de ces départs seront des prises de pension sans remplacement.
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Transformation
Marguerite Berard, CEO depuis le mois d’avril, entend faire tomber le ratio coûts/revenus à 55% en trois ans, pour s’aligner sur la concurrence européenne. Il est de 65% approximativement aujourd’hui (il faut dépenser 0,65 euro pour gagner 1 euro, ce qui est beaucoup). Au pourcentage visé correspondrait alors un rendement des capitaux propres de 12% au bas mot.
La CEO française a également annoncé la cession à Rabobank de la division Alfam, spécialisée dans les crédits à la consommation. Elle avait, précédemment, déjà mis près d’un milliard d’euros en réserve pour acquérir NIBC Bank, dont l’activité, plutôt classique (épargne et prêts hypothécaires), est redevenue rentable cette année grâce à la hausse de la marge d’intérêts nette (taux courts bas et taux longs élevés).
Sur le plan stratégique, Marguerite Berard entend moins mettre l’accent sur les activités de banque d’affaires, au profit de celles de banque privée. C’est un segment au sein duquel ABN Amro souhaite intégrer, à terme, le top 10 européen.
Chiffres
L’institution a clos le troisième trimestre sur un bénéfice net en baisse de 11% en glissement annuel, à 617 millions d’euros, mais en hausse de 2% en rythme trimestriel. Cette évolution est en partie due à l’allègement de la pression fiscale. L’impôt sur les bénéfices affiche 192 millions d’euros, contre 226 millions au deuxième trimestre et 259 millions l’année passée.
Le recul des revenus nets d’intérêts s’est accentué de 4%, pour atteindre 1,6 milliard d’euros. La direction avait averti que le changement de politique de taux ne serait pas exempt de conséquences. Ce tassement est toutefois largement compensé par le passage à 561 millions d’euros, en hausse de 17%, des revenus des commissions. Très fluctuants, les autres revenus ont chuté de 76%, à 28 millions d’euros.
Les dépenses opérationnelles se sont alourdies de 6%, pour atteindre 1,4 milliard d’euros, une envolée entièrement due à la flambée des dépenses salariales (+ 10%, à 791 millions d’euros).
Les provisions pour créances douteuses ont été levées à hauteur de 49 millions d’euros. C’est près de deux fois plus qu’il y a un an, ce qui illustre la qualité de la gestion des risques de crédit.
Bourse
De 3% chacun, les deux rebonds opérés par le cours montrent à quel point les investisseurs ont apprécié les communications relatives au rachat de NIBC Bank et à la réduction des effectifs.
À 11 fois le bénéfice prévisionnel et 1,5 fois la valeur comptable, et compte tenu d’un rendement en dividende de 5% brut, l’action n’est plus sous-valorisée, tant s’en faut. Nous n’en recommandons d’ailleurs plus l’achat (conserver ; rating : 2B).