Pourquoi les spin-off sont intéressantes pour les investisseurs particuliers
Les spin-off, c’est-à-dire les entreprises séparées de la société mère, offrent un potentiel de croissance intéressant. “Les spin-off offrent souvent la promesse d’un nouveau champion en plein essor”, affirme Tom Simonts, économiste à la KBC. Pour les investisseurs, elles représentent une opportunité unique, mais leur succès dépend de quelques conditions.
Dans le monde des affaires, les spin-off sont synonyme de renaissance : une petite partie d’un conglomérat plus important est détachée et a une chance de prospérer en tant qu’entité indépendante. Ces spin-offs ont la réputation d’être créatirces de valeur.
Les recherches montrent que les spin-offs surpassent souvent le marché dans son ensemble, sur le long terme. Cela fait maintenant des années que l’indice US Spin-off de Bloomberg surperforme le S&P 500 à trois, cinq et dix ans. En 2024, l’indice a progressé de 63%, soit bien plus que les 24% de hausse du S&P 500. Ce succès n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une combinaison de focalisation, de potentiel de croissance et d’un niveau d’évaluation attrayant.
Une attention particulière
Les spin-off ont un grand avantage : ces nouvelles entreprises peuvent se concentrer entièrement sur leur activité principale. Selon Tom Simonts, c’est l’une des principales raisons pour lesquelles elles surperforment souvent le marché. “L’idée est que les entreprises nouevllement indépendantes bénéficient d’une plus grande attention de la part d’un conseil d’administration et d’une équipe de direction spécifiques. Il est donc plus facile d’attirer du personnel qualifié et de prendre des décisions rapides.”
Simonts cite en exemple le géant néerlandais des puces ASML, issu de Philips. “Philips n’aurait jamais pu consacrer à ASML les ressources ou l’attention que la direction actuelle d’ASML peut lui accorder. Philips aurait alloué son capital différemment, par exemple à l’électronique grand public, tandis qu’ASML aurait pu se concentrer entièrement sur la haute technologie.”
Guy Sips, executive director research chez KBC Securities, renchérit. “Une entreprise spin-off donne une image plus claire de ce que vous achetez en tant qu’investisseur. Les gens veulent investir dans la mayonnaise ou le ketchup, mais pas dans la sauce cocktail. Le focus est essentiel dans ce cas.”
Puis l’indépendance de l’entreprise spin-off oblige la direction à prendre ses responsabilités. “En tant que société cotée en bourse, la nouvelle entreprise doit se défendre auprès des investisseurs et des analystes”, explique Sips. “Cela exige plus de transparence et de discipline, ce qui profite à la fois à l’entreprise et aux investisseurs.”
Des spin-off réussis
Toutes les scissions ne réussissent pas. Mais celles qui sont couronnées de succès partagent souvent certaines caractéristiques. La première est cette focalisation, qui donne un profil d’investisseur clair. “Chez Barco, par exemple, plusieurs activités, telles que les écrans et les projecteurs, se trouvent sous un même toit. Cela peut entraîner des inefficacités dans la prise de décision. Une séparation résout ce problème”, analyse Simonts.
La récente séparation de Solvay en deux entités distinctes (Solvay et Syensqo) en est un bon exemple. “Nous voyons maintenant deux ensembles logiques : une division traditionnelle et une division axée sur les marchés de croissance”, explique Sips. “Cela attire différents types d’investisseurs et offre plus de transparence.”
Des opportunités uniques
Pour les investisseurs particuliers, les spin-off offrent des opportunités uniques. Elles démarrent souvent avec une faible valorisation boursière, ce qui crée des opportunités d’entrée intéressantes. “Les spin-off offrent souvent la promesse d’un nouveau champion sur un marché de croissance spécifique”, explique M. Simonts.
DEME, issue de CFE, en est un bon exemple. “L’entreprise a bénéficié d’un excellent positionnement sur les marchés de l’ESG et de l’énergie éolienne, où il y avait peu d’alternatives”, explique Sips. Cela a créé un positionnement unique et a rendu DEME attrayante pour les investisseurs axés sur le développement durable et l’innovation.
Les investisseurs particuliers peuvent bénéficier de la sous-évaluation qui se produit souvent lors de la séparation. Il est d’abord essentiel d’analyser correctement les fondamentaux d’une entreprise spin-off. Cela commence par l’identification des signaux, tels que les restructurations internes ou les annonces de nouvelles stratégies commerciales. “Une scission implique souvent une présentation approfondie aux analystes et aux investisseurs institutionnels”, explique Sips.
Les premiers jours de négociations de la nouvelle entité peuvent être volatils. “Il faut souvent un certain temps pour que le marché comprenne pleinement la valeur des différentes entités”, explique Sips. “Mais en fin de compte, l’objectif est de découvrir la valeur cachée et d’augmenter l’évaluation globale.”
Les risques des spin-off
Bien que ces entreprises dérivées soient très prometteuses, elles ne sont pas sans risques. Les entreprises commettent souvent l’erreur de créer des entités trop petites. « Si la nouvelle entreprise est trop petite, elle n’attirera pas l’attention nécessaire des investisseurs institutionnels », prévient Sips.
En outre, les entreprises spin-offs sont souvent confrontées aux mêmes défis que leurs sociétés mères. “Si la société mère est confrontée à des problèmes, cela peut également affecter le spin-off”, explique Simonts. “Les investisseurs doivent donc faire leurs devoirs et ne pas investir à l’aveugle.”
Un autre risque des spin-off est le moment choisi pour la scission. Elle est souvent réalisée à un moment où les entreprises se présentent sous leur meilleur jour, mais si les conditions du marché se détériorent rapidement ou si la gestion est déficiente, la création de valeur peut ne pas se matérialiser. Nyrstar, la division zinc et plomb d’Umicore qui a été créée en 2007, illustre ceci. Une mauvaise gestion des risques, un endettement élevé et la volatilité du marché ont conduit à une grave crise en 2019. “La direction a commis des erreurs, de sorte que la valeur n’a pas été réalisée”, affirme Simonts.
PAR LAURENS BOUCKAERT
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