Anglo-Eastern vaut-il 1600 pence par action ?
La consolidation du secteur agricole se poursuit sans relâche, y compris, à présent, dans le segment des plantations. En témoigne encore l’offre qu’a lancée Kuala Lumpur Kepong sur MP Evans. Logique, dès lors, que les cours des valeurs de portefeuille Anglo-Eastern Plantations et Sipef aient réagi de manière positive.
Les sociétés Anglo-Eastern et MP Evans ne sont pourtant pas en tout point comparables. Il y a les hectares cultivés et non encore cultivés, et certaines plantations sont exploitées de manière plus durable que d’autres. MP Evans, qui a aussi un pôle immobilier en Malaisie, détient une trésorerie confortable. Si l’on se fonde sur le prix offert pour MP Evans (360millions de livres), on obtient, pour Sipef, une valeur par action comprise entre 60 et 65euros. L’offre précitée met une nouvelle fois en évidence la forte sous-valorisation d’Anglo-Eastern Plantations. Sa capitalisation boursière se situe autour de 200millions de livres. Cela dit, le groupe dispose de plus de 65.000hectares (ha) cultivés et de plus de 45.000ha de terrains non cultivés. Et dire que MP Evans entendait étendre la superficie de ses terrains dans les prochaines années à… 30.000ha. Les analystes auraient donc tort d’accoler à Anglo-Eastern une valeur de 1600pence par action sur la base de l’offre émise sur MP Evans. Pour notre part, nous envisageons d’accroître notre position dans Anglo-Eastern Plantations. Avant, il nous faudra probablement réduire la participation dans la valeur “plus chère” Umicore (lire l’analyse récente en rubrique Actions belges).
Tessenderlo à nouveau digne d’achat
Son trading update a informé les actionnaires de la situation de l’entreprise au terme du troisième trimestre. Qui suit le secteur agricole depuis un certain temps sait que ce dernier traverse une période difficile. Et que le risque de déconvenue est réel, surtout dans la division agricole (Tessenderlo Kerley, engrais issus des déchets de raffineries). Le risque s’est d’ailleurs avéré. Le chiffre d’affaires (CA) du groupe a progressé au dernier trimestre écoulé de 3,7%, à 378millions d’euros. Celui d’Agro est resté stable, mais il y a bel et bien une croissance dans les deux autres divisions, Biovalorisation (traitement des déchets de boucherie, gélatine) et Solutions industrielles (tuyauterie plastique, traitement des eaux), avec respectivement 7 et 2,5% de CA supplémentaire. Après neuf mois, le CA du groupe atteint 1,23milliard d’euros ou 0,5% de plus qu’à la période entre janvier et septembre 2015. Le cash-flow récurrent (hors éléments exceptionnels _ REBITDA) a progressé de 14,5%, à 44,9millions d’euros. À comparer à un consensus des analystes de 47,6millions d’euros. Quasi la même évolution que le chiffre d’affaires. La division Biovalorisation a vu son REBITDA augmenter, mais la progression a été en partie annulée par le REBITDA moins élevé des divisions Agro et Solutions industrielles. Durant le premier semestre, Agro avait vu reculer son CA de 6% et son REBITDA de 11,5% (de 89,1 à 78,9millions d’euros), tandis que Biovalorisation avait progressé de -7,5 à +13,4millions d’euros et Solutions industrielles, de 22,9 à 27,9millions EUR. La direction a été contrainte d’abaisser encore ses prévisions annuelles. Après le deuxième trimestre, elle les avaient revues, pour le REBITDA, d’une augmentation de 15 à 20% à seulement 15%. Le message à retenir au terme du trimestre dernier est que l’augmentation n’est plus estimée qu’à 10% (le REBITDA de 2015 s’est élevé à 180,4millions d’euros). La tendance baissière de Solutions industrielles et Agro devrait se poursuivre. Seule Biovalorisation devrait afficher un REBITDA plus élevé que l’an dernier au dernier trimestre.
Achats sur replis
Le directeur Luc Tack porte également la casquette d’actionnaire de référence. Il utilise dès lors le repli de cours consécutif à chaque mauvaise nouvelle pour renforcer sa position. Deux jours à peine après le trading update de Tessenderlo, le marché apprenait que Picanol avait acquis, via sa filiale Verbrugge nv, un lot d’un million d’actions Tessenderlo Group (sur un total de 43millions d’actions) aux prix unitaire de 28,92EUR. Dès lors, Luc Tack détient (directement avec Symphony Mills et indirectement au travers de Picanol/Verbrugge) 39,63% de Tessenderlo Group; il ne lui manque “que” 10,37% ou 4,46millions de titres (coût total de 129,3millions d’euros à un cours de 29euros) pour obtenir la majorité.
L’action a une valorisation correcte, à 12fois le bénéfice attendu pour cette année et un rapport EV (valeur d’entreprise)/EBITDA (cash-flow opérationnel) de 6,5 pour cette année. Compte tenu des perspectives favorables à (plus) long terme, nous relevons le conseil à digne d’achat(rating 1B).
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