Porsche, Ferrari, F1, Aston Martin… pourquoi les actions les plus “rapides” calent en Bourse ?

Crash de Charles Leclerc, Scuderia Ferrari, lors du Grand-Prix d’Azerbaïdjan. (Photo by Joe Portlock/Getty Images) © Getty Images
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Pendant des années, le monde du sport automobile et des voitures rapides a connu un immense succès en Bourse. Mais récemment, Ferrari et Porsche, qui ont longtemps été les chouchous des marchés boursiers, ont dérapé. Que se passe-t-il ? S’agit-il ou non d’opportunités d’achat ? Coup d’œil.

1. Ferrari

En 1929, l’Italien Enzo Ferrari a fondé l’écurie Scuderia Ferrari, qui a participé à de nombreuses disciplines, dont la Formule 1. Si Ferrari est aujourd’hui synonyme de voitures rapides et luxueuses, la première voiture de sport destinée au grand public n’est apparue qu’en 1947.

À l’origine, la vente de voitures devait surtout susciter l’intérêt pour l’écurie, mais les rôles se sont depuis inversés pour l’entreprise italienne. Les écuries de Ferrari relèvent de la catégorie Sponsorship, Commercial & Brands dans les comptes annuels. En 2024, elles reflétaient 669,8 millions d’euros sur un chiffre d’affaires total de 6,7 milliards. La plus grande division de Ferrari, Cars & Spare Parts, a également enregistré la plus forte croissance (+17,3%) ces trois dernières années.

L’action a récemment connu la pire séance de son histoire, après avoir présenté des perspectives décevantes. Cette année, l’entreprise prévoit un chiffre d’affaires de 7,1 milliards, soit moins que les prévisions pessimistes des analystes (plus de 7 milliards). L’action a chuté d’environ 15%. Elle a perdu 19% depuis le début de l’année.

Le revirement de la marque est également frappant. À l’origine, Ferrari souhaitait que 40% de ses ventes soient constituées de voitures électriques d’ici 2030. Jeudi dernier, le jour même où son premier modèle électrique a été annoncé, la marque a fait marche arrière. Les voitures électriques ne refléteraient plus que 20% des ventes, a déclaré le CEO John Elkann. Ce revirement intervient à un moment où les ventes de voitures électriques stagnent pour de nombreuses marques et où la Commission européenne remet en question son projet d’interdiction des moteurs à combustion. Ferrari doit se montrer “pragmatique et flexible”, selon John Elkann.

Tout comme pour ses voitures, l’action Ferrari a longtemps été une action de qualité onéreuse en raison de ses marges bénéficiaires attrayantes. Nous préférerions investir dans Ferrari via l’actionnaire de référence Exor, qui affiche une forte décote.

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2. Formula One Group Series A (FWONA)

Depuis 75 ans, la Formule 1 est considérée comme l’un des sports mécaniques les plus prestigieux au monde. En 1974, une étape importante a été franchie avec la création de la Formula One Constructors’ Association (FOCA), prédécesseur du Formula One Group, qui devait promouvoir la coopération commerciale entre toutes les parties prenantes.

Depuis 1981, sous la direction de son CEO Bernie Ecclestone, la FOCA négociait à l’échelle mondiale la vente des droits télévisés, principale source de revenus. Tout au long de l’histoire, des conflits ont régulièrement opposé les équipes, le Formula One Group et la FIA au sujet de la répartition des revenus. Ce problème a été en grande partie résolu en 2016 avec le rachat du Formula One Group par Liberty Media. La même année, une tracking share a été créée : une action qui suit les performances du Formula One Group dans Liberty Media.

Ces dernières années, la Formule 1 a connu une forte croissance sous Liberty Media, grâce à une stratégie digital first poussée. Son propre service de streaming a permis au sport de conquérir de nouveaux marchés et la Formule 1 a gagné en viralité sur les médias sociaux. De plus, un accord important a été conclu avec Netflix, qui a rendu le sport plus accessible grâce à la série de téléréalité Drive to Survive.

La série a également contribué à susciter l’intérêt des téléspectateurs américains pour la Formule 1 qui, historiquement, a une empreinte européenne. Le Formula One Group séduit de plus en plus le vaste et lucratif marché américain avec plusieurs Grands Prix aux États-Unis. Le récent film F1: Le Film s’inscrit dans cette stratégie. L’adhésion de Cadillac/Andretti en 2026, une nouvelle équipe américaine, prouve que cette approche roule.

Formula One Group a enregistré des pertes en 2024, mais un bénéfice par action d’environ 2,50 dollars est attendu à partir de 2025. Cela nous donne un ratio cours/bénéfice très élevé de près de 43. Attendons de voir.

3. Porsche AG

Porsche est l’œuvre de l’ingénieur allemand Ferdinand Porsche. À l’origine, l’entreprise travaillait sous contrat ; l’une de ses premières missions lui a été confiée directement par le gouvernement nazi, en Allemagne : concevoir une voiture abordable pour la classe moyenne. C’est ainsi qu’est née la Volkswagen Coccinelle (Käfer) en 1938. Plus tard, Porsche a également construit des chars pendant la Seconde Guerre mondiale.

Après la guerre, en 1952, l’entreprise ne pouvant plus produire de véhicules militaires, elle s’est recentrée sur les voitures. Elle a lancé sa première voiture sous son propre nom : la Porsche 356, qui partageait de nombreuses pièces avec la Coccinelle. Dans les années 1960, les voitures ont excellé dans les courses et, en 1964, la mythique 911 a fait son apparition.

En 2009, Porsche a acquis la majorité des actions de Volkswagen. La marque est aussi cotée en Bourse depuis 2022. Dès son lancement, l’action a suscité un vif intérêt et, au premier trimestre de 2023, Porsche a réalisé un chiffre d’affaires record. La marque est toutefois en perte de vitesse depuis mai dernier. Les véhicules électriques de Porsche ont pris du retard et la chaîne d’approvisionnement a été perturbée par des pénuries inattendues d’aluminium.

En Chine, les dépenses en produits de luxe continuent de baisser et une guerre des prix fait rage sur le marché automobile. En outre, les ventes continuent de ralentir en Europe. En septembre, Porsche a publié un avertissement sur résultats, le quatrième cette année. La marque estime que les conditions de marché resteront difficiles dans les années à venir et s’y adapte.

Comme Ferrari, la marque souhaite revoir à la baisse ses ambitions en matière d’électrique, même si le Macan électrique fait mieux que ses concurrents. Les hybrides et les moteurs à combustion gagnent du terrain mais le line-up de la gamme prévu nécessite des investissements de plusieurs milliards. Porsche voit d’autres opportunités de croissance grâce à une plus grande personnalisation dans la configuration des voitures.

Pour 2025, les analystes anticipent un bénéfice de 0,68 euro par action à peine, après une évolution bénéficiaire décevante en 2024. Une reprise des bénéfices est toutefois prévue en 2026 et 2027, avec respectivement 2,45 et 2,97 euros de bénéfice par action. L’action est devenue beaucoup moins chère, les analystes lui ayant massivement tourné le dos. Pour l’investisseur patient axé sur la valeur.

4. Aston Martin Lagonda Global Holdings

En 1912, deux amis, Lionel Martin et Robert Bamford, décident de vendre des voitures via leur entreprise Bamford & Martin Limited, située à Kensington (Angleterre). En 1915, un premier prototype baptisé “Aston-Martin” voit le jour, en référence à Lionel Martin et à Aston Clinton, le village où les deux amis avaient couru.

L’histoire d’Aston Martin se lit comme un parcours semé d’embûches et de soucis financiers, avec une succession de rachats. Ces soucis ne sont toujours pas résolus. L’entreprise enregistre des pertes année après année et, depuis son introduction en Bourse en 2018, l’action a perdu plus de 98% de sa valeur.

Cette introduction en Bourse s’inscrivait dans une stratégie d’expansion agressive. Aston Martin voulait lancer sept modèles en sept ans à partir de 2016. Finalement, les modèles ont été reportés et il a fallu lever des fonds pour payer les coûts de développement élevés. Ces dernières années, l’entreprise a trouvé ces fonds auprès du milliardaire canadien Lawrence Stroll, du fonds d’investissement public saoudien PIF et du constructeur automobile chinois Geely, qui sont aujourd’hui ses principaux actionnaires. La création de l’écurie de Formule 1 Aston Martin devait renforcer l’attrait et l’identité de la marque, indépendamment des passages célèbres dans les films de James Bond.

L’actuel CEO d’Aston Martin, Adrian Hallmark, tente de redresser la barre. Depuis 2021, la marque applique une politique privilégiant le profit au volume. Mais la rentabilité se fait attendre. En 2025, les analystes prévoient une perte de 0,25 livre par action, soit un peu mieux que les 0,35 livre de l’année précédente. Les bénéfices ne sont pas attendus avant 2028. La majorité des analystes de Bloomberg émettent donc un avis négatif. De quoi nourrir les spéculateurs.

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