PMI : l’Allemagne donne de l’air à la zone euro, la France freine la reprise

Les derniers PMI de la zone euro affichent leur plus forte progression depuis 16 mois, portés par les services allemands. Mais l’essoufflement français et le repli manufacturier ternissent le tableau. Faut-il y voir un vrai signal de reprise ou un simple sursaut ?

Les très attendus indicateurs PMI sont sortis ce matin. Le secteur privé de la zone euro a enregistré sa plus forte croissance en 16 mois, la surperformance allemande ayant compensé le marasme français. C’est donc une bonne nouvelle ?

Cela va globalement dans le bon sens, mais il y a des nuances à apporter. La tendance est bonne en Allemagne, mais uniquement dans les services. La France connaît un revers de fortune, sans doute lié à l’incertitude politico-budgétaire. Ce qui gâche un peu le tableau, c’est qu’après trois ans de récession, l’activité manufacturière de la zone euro était à nouveau repassée en expansion, mais les derniers chiffres d’aujourd’hui sont décevants et se tassent.

Est-ce que les tarifs douaniers américains élevés ne pèsent pas sur le moral des entrepreneurs ?

Certes, l’impact économique des droits de douane américains va se faire sentir au cours des deux prochains trimestres. Mais l’accord commercial entre les USA et l’UE cet été a réduit les incertitudes. Gageons que la hausse des dépenses militaires prévues en Europe et la relance budgétaire en Allemagne devraient commencer à se manifester dans les chiffres dès l’an prochain, y compris dans les indicateurs avancés, plutôt manufacturiers.

On sait que les PMI sont importants pour la conjoncture économique, mais en quoi sont-ils utiles pour les investisseurs ?

L’évolution des PMI et celle des indices boursiers sont en partie liées. Comme ceux-ci intègrent des informations prospectives sur l’activité économique, la rentabilité des entreprises et les conditions de financement, il n’est pas surprenant que les cours de Bourse soient corrélés aux PMI. Inversement, tant que les PMI restent bien orientés, il n’y a pas lieu de craindre un retournement de marché. D’après une étude de la Banque des règlements internationaux, une hausse d’un point de pourcentage des cours des actions mondiales en monnaie locale a été associée à une hausse de 0,13 point des PMI manufacturiers.

Cette règle a-t-elle fonctionné cette année ?

2025 est une année atypique : parmi les nombreux événements politiques ou économiques qui se sont produits cette année, presque tous portent la marque de Donald Trump. Cela étant, depuis le début de l’année, le PMI manufacturier mondial a malgré tout progressé de 1,3 point, ce qui aurait normalement dû se traduire par une hausse d’environ 10 % de l’indice mondial des actions. En réalité, celui-ci a grimpé de 16 %, soit plus que prévu. En Europe, c’est un peu le constat inverse : la progression boursière a été moins soutenue que la remontée du PMI manufacturier.

C’est peut-être parce que certains risques demeurent ?

Premièrement, l’analyse faite par la BRI n’est pas une règle absolue, mais indicative. Ensuite, certes, il y a des risques, notamment dans certains pays d’Europe, comme la situation politique et budgétaire en France et une Allemagne encore à la traîne économiquement malgré les promesses de relance. Mais il existe aussi d’autres catalyseurs.

Lesquels ?

À l’échelle mondiale, la politique monétaire demeure globalement favorable, la Fed ayant désormais rejoint le mouvement d’assouplissement. Parallèlement, la masse monétaire – c’est-à-dire la quantité d’argent en circulation – progresse dans toutes les grandes régions. En Europe, les perspectives pour les grandes entreprises cotées devraient s’améliorer. En 2025, la croissance restera nulle, ces entreprises étant davantage pénalisées par la vigueur de l’euro que par les droits de douane américains, tandis que le secteur de l’énergie pâtit de la baisse des prix du pétrole. Si ces effets s’atténuent et que les PMI, et donc la croissance économique, se raffermissent, 2026 pourrait s’annoncer sous de bons auspices.

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