Un substitut au capital-investissement

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Pour l’investisseur en quête de revenus élevés que les fluctuations, parfois marquées, des cours, ne rebutent pas, les business development companies offrent d’excellentes opportunités. Rappelons toutefois qu’aussi alléchants qu’ils soient, l’action et le rendement en dividende affichent une volatilité supérieure à la moyenne quand la conjoncture est incertaine.

Les business development companies (BDC), ou sociétés de développement d’entreprises, contribuent au financement du développement de petites sociétés. L’obligation de distribuer la quasi-intégralité des bénéfices sous la forme de dividendes rend ce segment de marché très intéressant pour les investisseurs en quête de revenus élevés.

Le private equity, ou capital-investissement, séduit beaucoup, car il est souvent plus rentable d’investir dans les entreprises directement qu’en Bourse. Selon une analyse de Cambridge Associates, le rendement des fonds de capital-investissement ont été de 6 % supérieurs en moyenne à ceux des actions internationales au cours des deux dernières décennies.

Le non coté se caractérise néanmoins aussi par un apport initial élevé, un horizon d’investissement long et des possibilités de négoce très limitées, ce qui le met hors d’atteinte de la plupart des particuliers. Mais les investisseurs qui souhaitent profiter de la croissance relativement rapide de petites entreprises non présentes en Bourse pourront trouver leur bonheur dans les BDC.

Avantages

Avantage majeur : la structure BDC n’est pas imposable au niveau de la société. Du moins à condition que 90 % au minimum des bénéfices soient distribués aux investisseurs et que le portefeuille soit composé à 70 % au moins d’investissements dans des entreprises dont la valeur n’excède pas 250 millions de dollars.

En raison de l’obligation de distribution, le rendement en dividende des BDC est souvent de l’ordre de 8 %, un chiffre qui peut même aller jusqu’à plus de 10 %. Le versement est généralement trimestriel, mais il peut aussi être mensuel. Une formule intéressante, donc, mais pas exempte de risques.

Risques

Comme elle est obligée de distribuer la quasi-intégralité de ses bénéfices, la BDC ne conserve guère de quoi constituer des réserves, ce qui la rend vulnérable à tout ralentissement de l’économie américaine – les petites et moyennes entreprises sont toujours plus sensibles aux fluctuations que leurs grandes sœurs. Leur dépendance à l’égard du marché intérieur américain est de surcroît nettement plus élevée que celle des multinationales, qui réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires à l’étranger. Les BDC étant elles-mêmes en partie financées par l’emprunt, il suffirait qu’une certaine fraction des entreprises détenues en portefeuille éprouvent des difficultés de paiement pour qu’une pénurie de liquidités survienne. Dans la pratique, les dégâts sont généralement limités, mais il faut savoir que les cours fluctueront fortement si le contexte (économique) se dégrade. Voici trois opportunités d’investir dans le secteur des BDC.

Opportunité 1 : ARES CAPITAL

Avec une capitalisation boursière de 13,6 milliards de dollars, Ares Capital Corporation (ticker ARCC) est, de loin, la plus grande de toutes les BDC. La valeur nette de son portefeuille s’élevait à la fin du mois de septembre à 19,77 dollars par action, ce qui signifie que le titre se négocie moyennant prime, une situation plutôt fréquente dans le secteur. Ares fournit des capitaux de tiers et des capitaux propres à plus de 500 entreprises. Les prêts garantis de premier rang représentent 53 % de son portefeuille : si l’emprunteur éprouve des difficultés à rembourser, Ares comptera parmi les créanciers prioritaires. Légèrement plus risqués, les prêts garantis de second rang constituent 11 % de son portefeuille. Dix pour cent des prêts sont moins sûrs encore ; enfin, les 26 % restants sont composés d’actions d’entreprises, dont 10 % sont préférentielles.

Ares Capital vise les entreprises spécialisées dans les logiciels et dans les soins de santé (24 % et 13 % respectivement), le reste des positions étant réparti entre plus d’une vingtaine de secteurs. Au troisième trimestre, ses revenus nets d’investissement ont bondi de 25 %, pour atteindre 361 millions de dollars. La valeur totale des intérêts, dividendes et autres revenus perçus a augmenté de 18 %, à 775 millions de dollars.
La hausse des taux a toutefois contraint Ares Capital à dépenser davantage en charges d’intérêt (+34 %, à 195 millions de dollars), ce qui a fait passer ses dépenses d’exploitation à 402 millions de dollars (+11 %). Des obligations, d’une valeur de 1,9 milliard, qui promettent un intérêt d’un peu plus de 3,5 % en moyenne, arriveront à échéance l’an prochain ; même si les taux restent orientés à la baisse, refinancer ces emprunts à des taux aussi dérisoires sera difficile. Ceci étant, Ares Capital perçoit également une rémunération plus élevée sur les financements d’entreprises nouvellement conclus.

Les revenus nets des investissements sont distribués sous la forme d’un dividende trimestriel fixé à 0,48 dollar par action, soit un rendement en dividende de 8,9 %. Au dividende de base vient s’ajouter, quand les résultats le permettent, un dividende spécial de quelques cents, ce qui porte à plus de 9 % le rendement en dividende escompté pour les années qui viennent.

Opportunité 2 : HERCULES CAPITAL

Le rendement en dividende d’Hercules Capital (ticker HTGC) est légèrement plus élevé encore. La BDC est un bailleur de capitaux au segment du capital-risque, ces start-up qui ont besoin d’argent pour faire s’envoler leur chiffre d’affaires. Il s’agit généralement de petites entreprises prometteuses dans des secteurs tels que la technologie, les logiciels et les énergies renouvelables, pour lesquelles il est plus intéressant de financer leur croissance par la dette que par l’émission, dilutive, d’actions. En contrepartie, elles sont souvent redevables d’un taux d’intérêt élevé. En outre, elles concèdent la plupart du temps à Hercules Capital des garanties (warrants) qui lui permettent de profiter, du moins en partie, de leur potentiel de hausse. La société d’investissement a financé des entreprises de croissance aujourd’hui cotées à Wall Street, comme Lyft (ticker LYFT) ou Palantir Technologies (ticker PLTR).

Hercules a accordé au trimestre dernier 430,7 millions de dollars de financement à des entreprises, pour un revenu net d’investissement de 125,2 millions de dollars (+7 %), un record. De ce montant, 48 cents seront versés sous la forme de dividende, soit, au cours actuel de 19,90 dollars l’action, un rendement de 9,6 %. En raison de sa concentration sur le segment du capital-risque, le dividende affiche, quand l’économie se porte bien, un potentiel de hausse un peu plus important que celui d’Ares Capital. Et inversement.

Opportunité 3 : GLADSTONE

Gladstone Investment Corporation (ticker GAIN) est surtout active dans les buy-out, ces transactions lors desquelles la direction elle-même, ou d’autres investisseurs, prend la tête d’une entreprise. Le financement fourni par Gladstone est surtout composé de fonds de tiers, les fonds propres ne dépassant jamais 25 %. Comme les entreprises présentent un risque relativement élevé, elles accordent souvent des conditions avantageuses à la BDC.

Un peu plus de la moitié du portefeuille de Gladstone est composé de prêts garantis de premier rang. Les prêts garantis de second rang pèsent 16 %, le reste du portefeuille (33 %) étant constitué d’actions, privilégiées ou non. Ainsi le bailleur de fonds ajoute-t-il à des revenus d’intérêts et de dividendes élevés le potentiel de hausse d’un panier de sociétés à forte croissance.

C’est aussi la raison pour laquelle les résultats de l’investissement dans la BDC et les dividendes qu’elle paie fluctuent considérablement d’un trimestre à l’autre. Le dividende est progressivement passé de 0,48 dollar par action en 2011 à 0,96 dollar l’an dernier. Au dividende ordinaire (0,08 dollar) versé chaque mois, Gladstone ajoute un dividende spécial, dont le montant dépend de ses bénéfices. En 2023, il s’élevait à 0,88 dollar, contre 0,70 dollar cette année. Ce qui porte le dividende annuel à 1,66 dollar par action, pour un rendement de 12,1 %.

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