Trois raisons de préférer la valeur à la croissance
De 2008 à 2021, une période exceptionnellement longue, la croissance a surpassé la valeur, après quoi l’on a assisté au retour en force des actions de valeur. Il convient désormais de privilégier ces dernières, tout en optant pour des entreprises de qualité.
Pour les investisseurs, 2022 a été l’une des pires années de l’histoire. L’indice phare des obligations mondiales a perdu environ 15%, celui des actions, quelque 12%. Dans cette débâcle générale, même les portefeuilles diversifiés ont souffert et les investisseurs défensifs ont été encore plus mal lotis que leurs homologues plus offensifs. Sur les marchés d’actions, étonnamment, les titres de croissance ont cédé bien plus de terrain que les titres de valeur. L’indice MSCI World Growth a perdu environ 24%, alors que le MSCI World Value terminait proche de l’équilibre. De 2008 à 2021, une période exceptionnellement longue, la croissance a surpassé la valeur; l’écart cumulé entre les deux catégories avait culminé à 220% en décembre 2021.
Le retour de la valeur
Les tours de vis donnés par les banques centrales en 2022 pour juguler l’inflation ont mis un terme brutal à l’abondance monétaire. Les actions renouent donc avec des valorisations plus normales. Le ratio cours/bénéfice des titres de valeur (à l’aune du MSCI Global Value) a toujours été modeste depuis la crise du crédit; il s’établit aujourd’hui à neuf. Même après la récente correction, celui de l’indice des titres de croissance s’élève à plus du double.
En outre, la hausse des taux est bénéfique au secteur financier, et surtout aux banques commerciales, généralement surpondérées dans les indices axés sur la valeur et qui ont encore un certain retard à rattraper.
Enfin, l’écart de performance entre la valeur et la croissance reste très important; or, sur le long terme, les marchés reviennent toujours à la moyenne, ce dont profiteront les titres de valeur au cours des années qui viennent.
A court terme toutefois, des obstacles existent. Au vu de l’endettement considérable de la planète, les banques centrales ne peuvent pas durcir trop le ton et les marchés attendent avec impatience le point de bascule, à partir duquel la croissance reviendra (temporairement ou non) sur le devant de la scène. Par ailleurs, les nombreuses crises (climat, sécurité des données, santé, alimentation, eau…) que nous traversons nécessiteront des technologies disruptives, lesquelles sont souvent élaborées par des entreprises de croissance.
L’accent sur la qualité
Nombre d’investisseurs avaient, ces dernières années, intégré une composante de croissance dans leur portefeuille. Or, au vu de la normalisation de l’environnement monétaire, des valorisations encore trop élevées de ces titres et du retour à la moyenne, il convient désormais de privilégier la valeur, en mettant l’accent sur les entreprises de qualité, bien positionnées sur leur marché et capables de relever leurs prix dans un contexte inflationniste.
Le magazine Barron’s conseillait pour sa part l’an dernier de délaisser les actions de croissance et de valeur au profit de celles de qualité. Or, la qualité est tout à fait compatible avec la valeur (et même la croissance).
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