Triple R sera racheté tôt ou tard

Uranium. © PG

La rédaction répond à la question d’un abonné : “Que pensez-vous de l’offre d’achat que Paladin Energy a soumise à Fission Uranium ? Dois-je me défaire de mes titres Fission Uranium ?”

La société canadienne d’exploration d’uranium Fission Uranium avait annoncé le 24 juin un accord avec le mineur australien Paladin Energy, qui la valorise à 1,14 milliard de dollars canadiens (CAD). La transaction se fera entièrement en actions. Par action Fission Uranium, les actionnaires recevront 0,1076 action Paladin Energy. L’offre inclut une prime de 30,1 % sur le cours moyen, pondéré en fonction du volume, des 20 jours précédant l’annonce. Les actionnaires de Fission Uranium détiendront 24 % de la société fusionnée, qui, avec une capitalisation boursière pro forma de 3,5 milliards de dollars, deviendra le quatrième acteur du secteur (après Kazatomprom, Cameco et NexGen Energy).

Paladin Energy avait signé l’une des fortes progressions, lors du précédent marché haussier de l’uranium (2004-2007). Il détient des projets de développement en Australie et au Canada, et a redémarré la mine d’uranium Langer Heinrich, en Namibie, en mars dernier. L’action Paladin Energy étant considérée par les analystes comme relativement chère, l’on comprend aisément pourquoi l’entreprise acquiert Fission uniquement au moyen de ses propres actions. Triple R, qu’abrite Patterson Lake South, un site de 31.039 hectares dans le sud-ouest du bassin d’Athabasca, en Saskatchewan, est le projet de développement principal de Fission. Selon l’étude de faisabilité définitive menée en janvier 2023, Triple R produira 90,3 millions de livres d’uranium (U3O8) sur 10 ans au coût moyen d’à peine 18,3 CAD la livre. La construction, qui s’étalera sur trois ans, coûtera 1,2 milliard CAD. La première production est prévue en 2029.

Cependant, le rachat ne se déroule pas sans heurts. La société chinoise CGN Mining, qui détient 11,26 % de Fission, s’était opposée à l’opération. L’assemblée générale extraordinaire a été reportée, mais le rachat a finalement été approuvé, le 9 septembre, à une majorité de 67,9 %, dépassant de peu le minimum requis (66,67 %), et la Cour suprême de Colombie-Britannique a donné son approbation au plan de reprise le 8 octobre. Sauf que le 1er octobre, le ministère canadien de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie a ordonné un examen de sécurité nationale de ce rachat. Il faudra que celui-ci soit positif pour que le mineur australien puisse investir au Canada, en vertu de l’Investment Canada Act.

Triple R est situé à quelques kilomètres du projet Rook I de NexGen Energy. L’on peut donc imaginer qu’à terme, Paladin et lui coopéreront au développement de leurs projets voisins. Le cours de
Fission a été multiplié par quatre depuis que Trends-Tendances Bourse suit l’action (2020), laquelle n’a toutefois pas été plus performante que ses rivales. Nous sommes favorables à l’acquisition, malgré la prime relativement chiche, car Triple R sera alors entre les mains d’un acteur aux reins plus solides. En attendant la décision du gouvernement canadien, nous abaissons notre conseil, à “conserver” (rating 2C). Si l’opération n’était pas approuvée, nous profiterions de la baisse de cours qui s’ensuivrait pour relever le conseil. Car tôt ou tard, le projet sera racheté.

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