Surévalué, le S&P 500 !
Loin d’être largement soutenue, la course vers de nouveaux sommets n’est supportée que par un nombre restreint de valeurs.
Deux ans, quasi jour pour jour, après le précédent, l’indice Standard & Poor’s 500 a établi un nouveau record. Grâce aux “Magnificent Seven”, les sept valeurs les plus performantes, qui ont fait frôler le délire aux investisseurs – des centaines d’autres actions, dont celles d’entreprises classiques de premier plan, comme Johnson & Johnson ou Procter & Gamble, étant par ailleurs très éloignées de leur sommet.
Ce n’est pas bon signe. Mais ce n’est malheureusement pas le seul : évitons donc de nous montrer trop euphoriques. Loin d’être largement soutenue, la course vers de nouvelles cimes n’est supportée que par un nombre restreint de valeurs. Pis : tous les indicateurs de valorisation classiques montrent que l’indice phare américain a désormais largement dépassé la moyenne de la dernière décennie. Le ratio cours/bénéfice escompté s’établit à 23,4, contre 20,7 en moyenne sur les 10 dernières années. Sur la base de cette moyenne, le S&P 500 ne devrait pas dépasser 4.195 points. Si l’on se fie au ratio cours/chiffre d’affaires, l’indice devrait atteindre, en fonction de cette moyenne toujours, 3.410 points ; 3.645 points sur la base du ratio cours/flux de trésorerie d’exploitation et 3.350 points, sur celle du rapport cours/valeur comptable. Aucune de ces moyennes n’explique donc le niveau actuel de l’indice. La moyenne sur 10 ans des quatre chiffres cités plus haut s’établit à 3.650 points ; en d’autres termes, le S&P 500 est actuellement surévalué de 25 %.
Nasdaq, mars 2000
Une conclusion prématurée, direz-vous : 4.800 points n’a pas la même signification dans tous les cas. Plusieurs facteurs peuvent justifier ce chiffre fou. Par exemple, le fait que les taux longs sont inférieurs et la croissance des bénéfices, supérieure, à ce qu’ils devraient être.
Lorsque, en janvier 2022, le S&P 500 a atteint pour la première fois 4.800 points, le rendement des obligations d’Etat à 10 ans approchait avec peine 1,5 %. Affiné, le sommet historique se situe aux alentours de 4 %. L’on s’attend bien sûr à ce que les taux longs commencent à baisser en cours d’année mais personne – en tout cas, pas nous – ne pense qu’ils retrouveront, dans les 12 mois qui viennent, le niveau de 1,5 % en vigueur il y a deux ans. D’autant que la croissance bénéficiaire escomptée pour l’exercice en cours est inférieure de 3 % à ce qu’elle était à l’époque. Aucun de ces deux éléments ne peut donc justifier l’actuelle valorisation.
Le S&P 500 frôlera ou franchira les 5.000 points, comme l’avait fait le Nasdaq au mois de mars 2000. Mais la fête s’était terminée là et il avait fallu attendre 2015 pour que l’indice dépasse réellement les 5.000 points.
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