Solstad Offshore sauvé de la faillite
Que le groupe Aker devienne un actionnaire important de Solstad Offshore et utilise à présent ce dernier pour poursuivre la consolidation d’un secteur des services pétroliers en grande difficulté est très significatif à nos yeux. Nous en reprenons dès lors le suivi.
Les 18 derniers mois furent particulièrement pénibles pour les actionnaires d’entreprises de services pétroliers. La chute rapide et particulièrement violente du cours du pétrole, passé en quelques mois de plus de 100USD à 30USD le baril au début de cette année, a provoqué une réduction inédite des investissements des compagnies pétrolières. Impuissantes, de nombreuses entreprises de services pétroliers ont dû constater qu’elles avaient de moins en moins de travail. C’est précisément ce qui est arrivé à Solstad Offshore. En juin dernier, l’entreprise familiale norvégienne (dirigée par Lars Peder Solstad) a présenté un nouveau plan de financement. Nous en avons surtout retenu qu’Aker Asa s’était précipité à la rescousse du prestataire de services pétroliers offshore avec un investissement de 500millions NOK (250millions NOK dans le cadre d’une augmentation de capital et 250millions NOK pour la reprise d’une augmentation convertible émise par Solstad Offshore). Le holding norvégien du milliardaire Kjell Inge Roekke, dont les participations se concentrent surtout dans le secteur énergétique, y voit pourtant de la “smart money” : il considère qu’il y a à nouveau des possibilités d’investissement dans le secteur et que le cours du pétrole a atteint son plancher. La manoeuvre suivante d’Aker (Roekke) est ensuite intervenue très rapidement (fin juillet): fusionner Solstad Offshore avec son concurrent Rem Offshore, après avoir bloqué un plan de restructuration chez Rem. Le rapport d’échange s’établit à 0,0696action Solstad par action Rem. De nouvelles actions B de Solstad seront créées et assorties des mêmes droits (économiques) que les actions ordinaires afin d’accélérer la consolidation du secteur des services pétroliers. L’action s’est envolée. Et ce n’était pas trop tôt. Depuis la chute du cours du pétrole, l’action Solstad Offshore s’était littéralement effondrée, passant en deux ans de 120 à 11NOK. L’entreprise active dans le monde entier opère dans le segment offshore depuis 1973, mais n’est cotée sur la bourse d’Oslo que depuis 1997. La flotte se compose de 44bâtiments, dont un nouvellement construit. Tous les navires sont la propriété de Solstad. Le groupe est actif dans trois segments: AHTS (approvisionnement et ancrage; 15navires; assure l’ancrage des plateformes flottantes dans l’industrie offshore), CSV (support dans la construction d’installations comme des plateformes de forage, des parcs éoliens offshore; 20navires) et PSV (approvisionnement de plateformes; 9navires). La crise a surtout frappé les segments AHTS et PSV, où à peine un quart de la flotte est encore active avec un contrat jusqu’à l’an prochain. Dans le segment CSV, le taux d’occupation (84% au 1ertrimestre) reste acceptable pour cette année (59% sur l’ensemble de l’année) et l’an prochain. En mai, le taux d’occupation de l’ensemble de la flotte s’établissait à 40% (45% options comprises) pour 2016. La quasi-totalité des cash-flows opérationnels (97%; EBITDA) réalisés au cours des trois premiers mois de l’année sont à mettre au crédit du segment CSV. Le gros problème est que Solstad Offshore a abordé la crise avec un lourd endettement (11,6milliards NOK en 2014, deux fois plus élevé qu’en 2008, à comparer avec un EBITDA de 1,6milliard NOK en 2014) en raison des investissements importants consentis dans la flotte. Si l’on tient compte des réductions de valeur actées sur la flotte, le groupe a essuyé l’an dernier une perte nette de 1,6milliard NOK. Une injection de capitaux était dès lors indispensable pour qu’il échappe à la faillite.
Conclusion
Que le groupe Aker devienne un actionnaire important de Solstad Offshore et utilise à présent ce dernier pour poursuivre la consolidation d’un secteur des services pétroliers en grande difficulté est très significatif à nos yeux. Le milliardaire Roekke considère manifestement que l’entreprise de services pétroliers offshore n’est pas condamnée. Nous en reprenons dès lors le suivi. Vu la situation financière toujours délicate du groupe et son carnet de commandes réduit, l’action est toutefois réservée aux investisseurs conscients des risques.
Conseil : digne d’achat
Risque : élevé
Rating : 1C
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