Plus l’heure de s’endormir sur ses lauriers
On dit souvent que les rendements du passé (récent) ne peuvent préjuger des performances futures (proche). Les gains enregistrés par l’iShares MSCI World ETF, grand chouchou des investisseurs, sont trop beaux pour être vrais aussi sur cette décennie. L’heure est venue d’alléger la position.
Sur la décennie écoulée, il était possible de doubler son capital tous les cinq ans grâce au tracker iShares MSCI World ETF (ticker IWDA, code ISIN IE00B4L5Y983), qui s’est rapidement élevé au rang de favori dans de nombreux portefeuilles. Comme son nom l’indique, cet ETF réplique l’indice MSCI World, qui inclut actuellement 1.510 actions d’entreprises des pays développés, surtout des Etats-Unis (66%). A l’image de son homologue, le Standard&Poor’s 500, l’indice MSCI World est dominé par les géants américains de la technologie, qui forment les huit plus importantes positions.
Investir sur une place boursière américaine garantit généralement une liquidité exceptionnelle, la surveillance d’un organisme efficace, la SEC, un environnement favorable aux entreprises et une stabilité politique. Aux Etats-Unis comme dans l’ensemble de la sphère développée, les actions gagnent en moyenne 100% chaque décennie (soit 8-9% d’appréciation moyenne annuelle). Or, nombre d’investisseurs se satisfont d’un doublement de leur capital tous les 10 ans.
Cette belle performance suppose toutefois un prérequis: l’homme doit continuer à innover et l’économie, à progresser. A ce titre, l’intelligence artificielle (IA) pourrait revêtir la même importance que l’avènement de l’Internet et le lancement du smartphone.
Trop extrême
Mais même dans le cas de l’iShares MSCI World ETF, les rendements du passé (récent) ne peuvent préjuger des performances futures (proche). Les gains de la décennie écoulée sont trop beaux pour être vrais aussi sur cette décennie. Depuis la fin de la crise bancaire, il y a 14 ans, le MSCI World a gagné 269%, voire 426% avec les dividendes, soit un rendement total de 12,5% en moyenne par an. Entre mars 2009 et octobre 2020, la moyenne annuelle à 10 ans était de 13,5%, et début 2020 – fin 2021, presque de 15%, dans un contexte de taux d’intérêt particulièrement bas, de politique monétaire extrêmement accommodante, source de liquidités abondantes et d’augmentation des bénéfices des entreprises.
C’est bien plus que la normale de ces 400 dernières années. L’histoire montre qu’avec le retour de l’inflation et la hausse des taux, l’investissement de prédilection de nombreux investisseurs pourrait bien générer un rendement moyen beaucoup plus faible au cours de la décennie actuelle. Il convient donc de profiter des hausses prochaines de l’indice MSCI World pour réduire l’exposition à ce tracker. Nombre de (grandes) composantes de l’indice affichent des valorisations trop élevées.
L’heure est désormais venue de chercher activement des placements susceptibles de surperformer dans un environnement boursier changeant. Cette quête ne sera pas aisée, mais réduira le risque baissier du portefeuille. La période où l’on pouvait investir dans un seul tracker, puis se reposer sur ses lauriers tout en s’enrichissant est malheureusement révolue, et ne se représentera probablement pas de sitôt.
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