Des valorisations excessives !
Quand le marché est au sommet, les valorisations sont 3 à 4 fois supérieures à ce qu’elles sont quand il est au plus bas.
Le caractère toujours plus excessif de la valorisation de certaines entreprises à Wall Street devient évident lorsque l’on compare leurs pondérations au sein de différents indices. Comme au sein du Russell 1000, où la pondération des 1.000 plus grandes entreprises américaines cotées est basée sur leur capitalisation boursière, et du FTSE RAFI US 1000, qui pondère ces mêmes entreprises en fonction de leurs fondamentaux (chiffre d’affaires, flux de trésorerie, valeur comptable, dividendes).
Le tuyau de la semaine : Invesco FTSE RAFI US 1000 ETF
Prenons Microsoft, valeur phare incontestée de la Bourse de New York. Dans le FTSE RAFI 1000, son poids est légèrement inférieur à 2 % alors qu’il est, du fait de ses 3.150 milliards de dollars de capitalisation boursière, de 6,3 % dans le Russell 1000. Ce qui, pour l’investisseur, revient à payer trois dollars pour quelque chose qui n’en vaut qu’un parce qu’il est convaincu que demain, quelqu’un sera prêt à mettre quatre ou cinq dollars sur la table. Voilà ce que donne un marché longuement haussier (depuis 2009, en l’occurrence). Et plus la tendance se prolonge, plus l’écart entre la croissance du cours de l’action et celle des fondamentaux se creuse.
En chiffres
Une autre approche très simple consiste à examiner le ratio cours/bénéfice (C/B) des deux méga-capitalisations que sont Apple et Microsoft. Beaucoup l’auront sans doute oublié mais avant que le marché ne devienne haussier, Apple, à son niveau plancher, s’échangeait à moins de 9 fois et Microsoft, à moins de 10 fois ses bénéfices, ce qui est totalement inimaginable aujourd’hui. Puis, en 15 ans et presque imperceptiblement, leur valorisation a entamé une inexorable progression.
Cela nous rappelle la parabole des grenouilles : une grenouille plongée dans de l’eau bouillante s’enfuit immédiatement alors qu’une autre, installée dans de l’eau froide ou tiède dont la température augmente lentement, se laisse ébouillanter et meurt. L’augmentation progressive des valorisations pendant de longues années crée une accoutumance chez les investisseurs, qui ne voient aucune raison de sortir du marché. Et donne des portefeuilles très vulnérables à des corrections et à des krachs.
Voici un exercice proposé précédemment déjà. Sur la base des bénéfices estimés par les analystes, les ratios C/B d’Apple et de Microsoft sont de 34 et 36 respectivement. Quand le marché est au sommet, les valorisations sont 3 à 4 fois supérieures à ce qu’elles sont quand il est au plus bas. Les ratios C/B d’Apple et de Microsoft sur ces 15 dernières années sont de 22,5 et 26 en moyenne. Appliqués aux bénéfices prévisionnels moyens de 6,70 dollars et 11,80 dollars par action pour l’exercice en cours, ces chiffres donnent des cours “neutres” de 151 et 307 dollars. Quand les cours actuels tournent autour de 225 et 425 dollars.
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