L’été porte conseil
L’extrême faiblesse de l’inflation et la politique monétaire ultra accommodante des banques centrales ont permis à Wall Street de dégager un rendement exceptionnellement élevé entre 2009 et le début de l’an passé. Souvenons-nous-en, et évitons de sabrer dans les portefeuilles ces prochaines semaines.
Les marchés boursiers – à l’exception, malheureusement, d’Euronext Bruxelles – ont beau avoir achevé le premier semestre sur d’excellents résultats, la plupart d’entre eux (le Bel 20, le principal indice d’actions de la Bourse de Bruxelles, moins encore que les autres) ne se sont pas encore remis des lourdes pertes subies l’an passé, tout particulièrement au premier semestre. Caractérisés par un sommet atteint très tôt dans l’année et par un creux en toute fin de période, les six premiers mois de 2022 ont été à peu près les plus décevants de ces cinquante dernières années. En comparaison, nous ne pouvons pas nous plaindre de la période janvier-juin 2023.
Les relèvements de taux ne sont certes pas favorables aux investisseurs en actions. Mais qui ne supporte pas les reculs temporaires ferait mieux de s’abstenir d’investir en Bourse, même s’il est vrai que des tassements de plusieurs dizaines de pour cent en moyenne sont de nature à susciter des inquiétudes.
Très gâtés
Admettons de surcroît que les rendements ont été exceptionnellement élevés ces dernières années. L’extrême faiblesse de l’inflation et la politique monétaire ultra accommodante des banques centrales ont permis à Wall Street de dégager un rendement (progression de l’indice + dividendes) de 17% en moyenne entre 2009 et le début de l’an passé. C’est deux fois plus que le rendement moyen (de 8-9%) atteint au 20e siècle. L’année 2022 a fait tomber la moyenne à 15,5%, ce qui reste malgré tout particulièrement élevé.
Mais soit qu’ils ne sont actifs que depuis peu, soit qu’ils ont “oublié” qu’il existe également des périodes creuses, la plupart des investisseurs en actions se sont approprié ce tout récent cadre de référence. S’habituer à moins prend il est vrai toujours un certain temps. Il va pourtant falloir se rappeler que nous avons été très gâtés cette dernière décennie pour relativiser face aux mauvaises nouvelles qui risquent de se succéder ces prochaines semaines. Il faudra à tout prix éviter de voir tout en noir et de commencer à sabrer dans les portefeuilles d’actions. De ce point de vue, l’été arrive à point nommé pour nous permettre de replacer les choses dans une perspective plus large. Le repos et la réflexion portent conseil: l’investisseur profitera des vacances pour reprendre ses esprits.
La tête froide
Car la finance comportementale nous enseigne que plus longtemps la Bourse éprouve des difficultés, plus nous sommes susceptibles de commettre des erreurs, c’est-à-dire de vouloir nous débarrasser des titres orientés à la baisse. Juste pour retrouver notre tranquillité d’esprit. Sans nous demander si c’est réellement de l’entreprise émettrice que viennent les problèmes. Nous risquons donc de vendre à des prix défiant toute concurrence, pour nous en mordre les doigts par la suite. C’est pourquoi malgré la chaleur estivale, l’investisseur fera bien de s’efforcer de conserver la tête froide.
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