Les zones d’ombre de Value8

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La rédaction répond à la question d’un abonné: “Je détiens des actions Value8 depuis de nombreuses années, mais l’évolution du cours me déçoit. Dois-je conserver mes titres?”

En 2008, Peter Paul de Vries (voir photo), ancien président de l’Association néerlandaise de défense des intérêts des investisseurs (VEB), a racheté la coquille vide qu’était le fonds boursier Exendis pour en faire une société d’investissement, baptisée Value8. Après quelques années de croissance impressionnante, la progression a ralenti; les fonds propres par action ont doublé depuis 2012, mais la hausse a été marginale sur cinq ans (de 8,62 euros fin 2017 à 9,03 euros par action fin 2022).

La majorité des actions est aux mains de Peter Paul de Vries (35,1%) et de son associé J.P. Visser (25,6%). Le flottant étant limité, les investisseurs institutionnels boudent le titre.

Le portefeuille se compose surtout de microcapitalisations illiquides. Fin 2022, les quatre principales participations étaient Ctac (27,8%, 13,4 millions d’euros), Renewi, spécialiste britannique du recyclage (2%, 12,8 millions d’euros), Morefield Group (87%, 11,9 millions) et Almunda Professional (49%, 10,5 millions d’euros).

Les bénéfices générés par Value8 sont principalement constitués de variations non réalisées de la valeur des participations, dont la valorisation comptable est incertaine (dans le cas des toutes petites capitalisations peu liquides, le cours de l’action ne reflète pas la juste valeur). La décote des actions Value8 par rapport à la valeur comptable atteignait environ 33% fin 2022 et ne diminuera pas si la structure du portefeuille n’évolue pas.

Value8 souhaite se concentrer davantage sur les sociétés dont la valeur d’entreprise est d’au moins 10 millions d’euros, dans la santé, la technologie et le développement durable, mais sa trésorerie est passée de 18 millions d’euros il y a trois ans à 0,3 million d’euros. Pour investir, la société pourrait émettre de nouvelles actions ou vendre ses participations dans des fonds cotés.

Value8 n’offre ainsi aucune perspective de croissance nette des dividendes et des fonds propres. En outre, les deux associés en transfèrent souvent les participations à des filiales cotées dans lesquelles ils détiennent aussi des participations, avec un risque élevé de conflits d’intérêts. Le recours récent à un comptable portugais n’est pas non plus de bon augure. Nous recommandons par conséquent de vendre le titre (rating 3C).

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