Les acteurs du jeu vidéo les plus attrayants

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Peu le savent: le marché du “gaming” rapporte plus que les industries musicale et cinématographique réunies. En voici les 10 acteurs les plus prometteurs, sur la cinquantaine que compte l’univers d’investissement.

Le secteur des jeux vidéo a atteint la maturité depuis un certain temps déjà. Le cabinet Deloitte indiquait en avril dernier que les jeunes cherchent de plus en plus “une certaine valeur, du sens et un épanouissement personnel” dans ces jeux. Les milléniaux (des adultes qui ont aujourd’hui entre 27 et 40 ans) et leurs cadets de la génération Z (de 14 à 26 ans) préfèrent les réseaux sociaux, le streaming et les jeux vidéo à la soirée télévision plébiscitée par leurs parents. Peu le savent, mais l’industrie du gaming rapporte plus que les industries musicale et cinématographique réunies.

PwC estime pour sa part que les revenus des jeux vidéo dépasseront 312 milliards de dollars d’ici 2027 et que les recettes publicitaires franchiront la barre des 100 milliards de dollars en 2025. La planète compte aujourd’hui 3,40 milliards de joueurs – qui utilisent principalement leur propre appareil, même si les réalités virtuelle et étendue sont en plein essor et intéressent des acteurs comme Meta, Microsoft ou Apple.

L’engouement pour les jeux vidéo s’est développé de manière exponentielle ces dernières années, grâce surtout à la généralisation des smartphones et tablettes et à la démocratisation d’Internet. Et les experts sont unanimes : nous ne sommes qu’au début de la révolution.

Un modèle très rentable

Aussi étrange que cela puisse paraître, les éditeurs tirent la majorité de leurs revenus des jeux gratuits – via l’achat de suppléments payants (des armes plus puissantes, des vies supplémentaires pour les personnages…). Ce modèle commercial est très rentable.

Qui désire investir dans ce secteur prometteur a le choix entre une cinquantaine de valeurs internationales, reprises dans l’indice Solactive Video Games & eSports. Ce dernier a bondi jusqu’au début de l’année 2021, avant de plonger, en premier lieu sous l’effet des prises de bénéfices, mais aussi, de la pénurie de composants, du manque de nouveaux jeux et de l’envolée des coûts de production.

Dix noms à retenir

Le développeur de jeux vidéo Capcom tire sa force de quelques jeux phares, qui ont dopé son chiffre d’affaires (CA) et ses bénéfices; citons notamment Resident Evil et Monster Hunter, mais aussi Mega Man, Devil May Cry et Street Fighter. La société figure depuis longtemps parmi les piliers du secteur. La direction s’est fixé pour objectif de reverser en dividendes environ 30 % de ses bénéfices annuels à ses actionnaires.

Fondée en 1982, Electronic Arts reste l’un des acteurs incontournables du divertissement interactif, avec l’un des plus importants CA et un leadership incontesté dans les jeux sportifs. La société édite notamment les très populaires Madden NFL et FIFA, ainsi qu’une série de jeux originaux (Les Sims, Apex Legends et Battlefield). Son acquisition de Glu Mobile, il y a quelques années, reflète son développement actif dans les jeux mobiles.

L’activité jeux de Microsoft est moins connue que ses solutions de bureautique Office, Exchange, Microsoft Teams et Office 365. Toutefois, le groupe a récemment mis sur la table pas moins de 70 milliards de dollars pour acquérir le géant du jeu vidéo Activision Blizzard, qui possède notamment les emblématiques jeux Call of Duty, World of Warcraft et Candy Crush. La fusion avait été approuvée par les autorités américaines et européennes de la concurrence, mais le gendarme britannique, qui ne souhaitait pas limiter l’accès à un jeu aussi populaire que Call of Duty à la console de Microsoft, la Xbox, bloquait l’opération ; en proposant de vendre les droits d’Activision sur les jeux dans le cloud à un tiers comme Ubisoft, Microsoft balaie ces préoccupations.

Pionnier des consoles de jeux vidéo, Nintendo (avec ses filiales) développe, fabrique et vend des produits de divertissement au Japon, en Amérique et en Europe. Le groupe a lancé sa Nintendo Entertainment System dans les années 1980, puis d’autres consoles tout aussi populaires. La dernière en date, la Switch, s’est vendue à plus de 100 millions d’exemplaires dans le monde depuis son lancement. C’est sur ses consoles que sont nés la plupart des jeux les plus prisés, à l’image de Mario, Zelda, Super Smash Bros ou encore Pokemon, déclinés dans une série infinie et vendus à des centaines de millions d’unités. Nintendo est l’une des actions les plus performantes du secteur à l’échelle mondiale.

Sea Limited et ses filiales se consacrent quant à elles au divertissement numérique, au commerce électronique et aux services financiers numériques en Asie du Sud-Est, en Amérique latine et dans le reste de l’Asie. La société est à l’origine de la plateforme de divertissement numérique Garena, qui permet d’accéder à des jeux en ligne sur appareil mobile ou PC, ainsi qu’à de l’e-sport. Sea Limited exploite également la plateforme de commerce électronique Shopee, une place de marché disponible sur appareils mobiles, qui offre une infrastructure intégrée de paiement et de logistique ainsi que des services aux vendeurs. L’action a littéralement bondi, passant de 40 à 357 dollars à la fin de l’année 2021. Depuis lors, comme la plupart de ses concurrentes, elle s’est effondrée. Elle ne convient dès lors qu’aux investisseurs bien conscients du risque.

Acteur mondial dans le domaine des équipements électroniques, des instruments et des appareils destinés aux marchés grand public, professionnel et industriel, Sony produit du contenu pour jeux, vidéos et de la musique, mais fabrique aussi ses propres consoles de jeu, ses logiciels et ses périphériques. L’action a déjà réalisé un beau parcours boursier depuis le début de l’année, sans toutefois qu’on puisse la qualifier de survalorisée.

Take-Two Interactive développe, édite et commercialise des solutions de divertissement interactif pour les consommateurs du monde entier, notamment sous le nom de Rockstar Games, 2K, Private Division et Zynga (poker en ligne). Toutefois, elle est principalement connue pour Grand Theft Auto, son principal actif. La société a enregistré une perte d’un milliard d’euros au cours de l’exercice écoulé du fait de dépréciations passées sur des acquisitions. Son CA a toutefois augmenté de plus de moitié. Une embellie semble en vue à partir de 2024 grâce au succès inégalé de ses principaux jeux.

Le titanesque holding chinois Tencent tire ses revenus principalement des jeux en ligne et de la publicité. Il possède WeChat, le plus grand réseau social de l’empire du Milieu. A l’instar de Microsoft, il est également actif dans d’autres secteurs que les jeux (services de paiement en ligne, cloud…), ce qui lui assure une bien meilleure répartition des risques. A l’aune du CA, Tencent est le numéro un mondial des jeux en ligne. Toutefois, ce n’est plus un investissement aussi sûr qu’avant: le gouvernement chinois tend à s’immiscer de plus en plus dans la conduite de ses géants nationaux.

Ubisoft fait figure d’exception dans le secteur – non seulement parce qu’il s’agit d’une entreprise européenne (française, en l’occurrence), mais surtout parce qu’elle croit fermement au cloud gaming, qui nécessite des centres de données équipés d’ordinateurs puissants. Son concurrent Sony est plus dubitatif sur la question, du fait des coûts élevés et du peu de rentabilité des serveurs puissants, et de l’incapacité de cette architecture à répondre aux besoins des joueurs, ces derniers exigeant des réponses ultrarapides. Signalons aussi qu’Ubisoft a acquis les droits de streaming des jeux d’Activision pour que la fusion de ce dernier avec Microsoft puisse avoir lieu.

Le dernier acteur, Unity Software, a conçu une plateforme sur laquelle les créatifs peuvent élaborer du contenu. Cependant, l’annonce d’une nouvelle politique, rétroactive de surcroît, en vertu de laquelle les développeurs seraient désormais facturés pour chaque installation d’un jeu créé avec Unity au-delà d’un certain montant de revenus, a fait beaucoup de bruit. Face aux nombreuses protestations, boycotts et même menaces de mort, l’entreprise a revu ses plans. Le titre semble désormais voué à un avenir radieux.

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