L’enthousiasme des groupes miniers temporairement refroidi

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Après un très bon début d’année, les prix de divers métaux se sont effondrés ces dernières semaines, entraînant dans leur sillage les actions des entreprises minières.

Rio Tinto dépasse les attentes

La baisse des prix du minerai de fer a été compensée par la progression des volumes et la hausse des prix du cuivre, au premier semestre. Le minerai de fer est passé sous la barre des 100 dollars la tonne en août, pour la première fois en 20 mois. En raison de la crise immobilière en Chine, la demande d’acier et donc, de minerai de fer s’est contractée. Cette année, la production d’acier dans le pays devrait diminuer de 3 %, soit un recul comparable à celui de l’an dernier. Le déclin des prix ayant cependant été modeste (-1,3 % en glissement annuel) au premier semestre, Rio Tinto n’a pas peiné à répondre aux attentes, même si les volumes expédiés se sont eux aussi tassés (-2 %). Son bénéfice sous-jacent a gagné près de 2 % sur un an, à 5,75 milliards de dollars, au premier semestre. Sa production de cuivre a grimpé de 13 %. Le groupe a résolu nombre de ses problèmes à Kennecott et l’activité reprend à Oyu Tolgoi. La production d’aluminium a elle aussi progressé, de 3 %.

Le groupe poursuit sa diversification, entre autres dans les matériaux pour batteries. En Serbie, la procédure d’autorisation du projet de lithium Jadar a été relancée – elle avait été interrompue par suite des protestations de groupes de défense de l’environnement. La procédure pourrait durer deux ans, mais Rio Tinto détient déjà un projet de lithium, Rincon, en Argentine, qui entrera en production cette année.

Les opérations de fusion et d’acquisition entre entreprises minières s’accélèrent. Selon les rumeurs, Rio Tinto lorgnerait Teck Resources, et en particulier ses importantes réserves de cuivre. Teck avait rejeté l’an dernier une offre hostile de Glencore. Rio Tinto ne manque en tout cas pas de moyens financiers. Sa dette nette s’élevait à 5,1 milliards de dollars à fin juin. Le groupe a produit un flux de trésorerie disponible de 2,8 milliards de dollars, au premier semestre. Le dividende intermédiaire, qui correspond à la moitié du bénéfice sous-jacent, s’élève à 1,77 dollar par action.

BHP Group : fièvre acheteuse

Le résultat net du groupe a été affecté par une série de charges exceptionnelles. Le rapport annuel, n’a, au moment où nous écrivons ces lignes, pas encore été publié, mais nous savons qu’au cours du premier semestre BHP a procédé à des dépréciations d’actifs de nickel et constitué une nouvelle provision pour les dommages causés par la rupture du barrage Samarco, au Brésil.

Au cours de son exercice 2024 décalé (clos le 30 juin), la production de BHP a atteint de nouveaux records : en glissement annuel, +1 %, à 255 millions de tonnes, pour les actifs de minerai de fer en Australie occidentale, +9 % pour les actifs de cuivre – pour ces derniers, BHP pronostique une croissance de 4 % sur l’exercice 2025 – et +7 % à Escondida, souvent en proie à des troubles sociaux.

Le groupe vise avant tout à réaliser des économies d’échelle. Misant, à l’instar de Rio Tinto, sur le cuivre, métal pour lequel les perspectives sont très favorables à long terme, il avait déjà acheté Oz Minerals l’an passé, pour 6,3 milliards de dollars, et a créé la surprise en soumettant cette année une offre à un géant à la structure complexe, Anglo American, détenteur d’un beau projet de cuivre. Offre que BHP a relevée à deux reprises, mais que le conseil d’administration de la cible a systématiquement rejetée. BHP est néanmoins parvenu à acquérir avec Lundin Mining, pour trois milliards de dollars, Filo Corp, qui possède un projet de cuivre prometteur en Argentine. Au début de l’année, BHP a cédé, pour 4,1 milliards de dollars, quelques-uns de ses actifs de charbon inclus dans la co-entreprise BHP Mitsubishi Alliance.

Rio Tinto emporte notre préférence

Si la hausse de la consommation de matières premières est une tendance structurelle, il est possible qu’à court terme, le cycle économique l’interrompe en cas de récession. Cependant, un gros ralentissement économique n’est actuellement pas en vue. Des pénuries structurelles de matières premières ne sont pas à exclure au cours de cette décennie, mais les investisseurs n’en tiennent pas encore compte. Les groupes miniers diversifiés ne sont pas excessivement chers et offrent des rendements attrayants. Soulignons que même aux prix actuels, le minerai de fer reste très rentable.

Rio Tinto est meilleur marché, offre un rendement plus élevé et est moins endetté que BHP. Rio Tinto est donc digne d’achat. C’est notre valeur favorite du secteur. Quant à BHP, nous conseillons toujours de la conserver.

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