Le nickel à contre-courant
On peut évoquer une bulle: une tonne de ce métal vaut aujourd’hui plus de 70% de plus qu’au début de cette année. Il n’en va pas du tout de même des autres métaux de base.
Depuis le début du conflit commercial sino-américain, l’indice LMEX, qui regroupe les six métaux de base, a corrigé de 20%. Le moteur de la croissance de l’économie chinoise s’essouffle donc. Mais en Europe et aux Etats-Unis également, l’activité de l’industrie manufacturière ralentit.
L’exception à la règle
Pourtant, un métal de base évolue à contre-courant: le nickel. Quelque 70% du nickel produit dans le monde est utilisé dans la production d’acier inoxydable. Premier producteur d’acier, la Chine est donc le plus grand consommateur du métal. Si une tonne s’échangeait à 10.500 dollars en début d’année, c’était à 12.000 dollars en juillet, et à 18.500 dollars, son plus haut niveau depuis 2014, en septembre. Son cours a certes baissé légèrement ces dernières semaines, mais le métal coûte toujours plus de 70% de plus qu’en début d’année.
Cette fièvre du nickel tient aux projets du gouvernement indonésien de limiter l’exportation de minerais. Avec une production de 560.000 tonnes sur un total de 2 millions environ, l’Indonésie est le plus grand producteur de nickel au monde. Au lieu de se concentrer sur l’extraction de minerais et leur exportation immédiate, le pays voudrait pouvoir disposer d’installations de traitement sur son propre territoire. Le gouvernement souhaite par ailleurs construire des usines de production de batteries. Alors que l’interdiction d’exportation de minerais ne devait entrer en vigueur qu’au 1er janvier 2022, il se murmure depuis un temps que la date sera avancée au 1er janvier 2020. Ainsi les experts de Goldman Sachs ont-ils relevé leurs prévisions pour le nickel de 16.000 à 22.000 dollars la tonne.
L’on peut miser sur le dégonflement de la “bulle” du nickel
La situation actuelle rappelle celle de 2014-2016 – l’Indonésie avait déjà décrété une interdiction partielle des exportations de nickel en 2014 ; sa levée, en 2016, avait entraîné un recul du prix du métal. La demande accrue de batteries ne suffit pas à justifier la hausse fulgurante du cours du métal cette année. D’ailleurs, en début d’année, les prix d’autres métaux (cobalt, lithium) entrant dans la fabrication des batteries avaient reculé.
Nous pensons que la “bulle” du nickel se dégonflera lentement. Pour miser sur une baisse de son cours, nous vous suggérons le tracker inverse Daily Short Nickel (ticker SNIK) de WisdomTree. L’ETFS s’échange sur le London Stock Exchange (en USD) et sur les Bourses de Milan et de Francfort (en EUR).
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