Danny Reweghs

La chute d’Atenor et de Biocartis

Danny Reweghs Journaliste

Le contexte actuel (taux d’intérêt élevés et inflation tenace) impose de modifier ses habitudes. En Bourse, les lanternes rouges d’hier seront en haut du podium demain. Que les investisseurs s’y préparent!

L’augmentation de capital du promoteur immobilier Atenor à seulement cinq euros par action constitue un véritable signal d’alarme. La décote par rapport au sommet atteint en 2019 est de 93%! A l’époque, les taux d’intérêt étaient très bas et tout le monde croyait que l’inflation resterait faible pendant des années. Cinq euros, ce n’est par ailleurs qu’un dixième de ce que l’action valait encore en mars dernier; pourtant, il y a six mois, les taux d’intérêt comme l’inflation étaient déjà élevés, mais, confiant, Atenor avait, comme de coutume, relevé le dividende de 5%.

Un monde de différences

Or l’actuel contexte impose de modifier ses habitudes. Ce dont bon nombre d’investisseurs n’ont pas encore pris conscience. Nous ne les encourageons pas du tout à agir dans la précipitation, le remaniement de leur portefeuille peut se faire progressivement. Car nous ne sommes pas si pessimistes quant aux prochains mois, même si celui de septembre a été pénible à plusieurs égards, sur les marchés boursiers occidentaux: l’inflation est tenace et les banquiers centraux ne peuvent ou n’osent pas annoncer la fin définitive des hausses de taux. Ils maintiendront les taux d’intérêt à un niveau élevé jusqu’à ce que l’inflation soit maîtrisée pour de bon.

Si au cours de la décennie précédente, les banquiers centraux soutenaient les marchés boursiers, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Leurs décisions sont défavorables aux investisseurs en actions. Et nous sommes convaincus que nous ne sommes pas près de revoir l’inflation et les taux d’intérêt à long terme revenir (structurellement) à leurs niveaux de 2010 à 2020. Nous sommes en effet entrés dans une nouvelle ère, laquelle sera bien plus longue que ne le pensent la plupart des investisseurs, caractérisée par une hausse structurelle des taux d’intérêt à long terme. Dans ce contexte, des valeurs comme Cameco (producteur d’uranium), Shell (géant du pétrole) ou Vodafone (acteur télécom) volent soudain la vedette à celles d’autres secteurs. Ainsi plus d’une fois cette décennie verra-t-elle les lanternes rouges de la précédente accéder au haut du podium. Que les investisseurs s’y préparent!

Mais si nos prévisions se vérifient, les taux d’intérêt vont atteindre un pic intermédiaire, ce qui donnera aux marchés financiers une bouffée d’oxygène. C’est à des moments comme celui-là que les portefeuilles doivent subir quelques ajustements.

Biocartis: le choc

Taux d’intérêt élevés et inflation tenace font également des ravages dans le secteur des biotechnologies. Les victimes en sont les entreprises qui doivent lever des capitaux, soit parce qu’elles n’ont pas encore de produit sur le marché, soit parce qu’elles n’en vendent pas encore suffisamment pour réaliser des bénéfices. Le communiqué de presse de Biocartis de lundi dernier a abasourdi et indigné les actionnaires: la société va être liquidée, et ils ne recevront rien. Biocartis avait fait son entrée en Bourse en 2015. Après moult augmentations de capital et alors que la biotech était en passe de devenir rentable, son action ne vaut plus rien. Les actionnaires n’ont même plus la possibilité de participer à une nouvelle opération de capital en vue de sauver l’entreprise.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content