Il y a mieux que Walmart
Nous avons récemment recommandé de vendre Walmart, titre intéressant mais désormais trop cher. Cet article se penche sur deux grands noms du secteur américain de la distribution dans lesquels nous estimons plus intéressant d’investir.
Le paysage du commerce de détail et de gros américain est extrêmement diversifié. Qui pense retail pense bien sûr immédiatement au géant Walmart, qui génère près de 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires par magasin et a en rayon à peu près tout ce que peut désirer le consommateur – des vêtements aux bijoux, des jouets à l’électronique, des meubles aux légumes. Nous avons récemment recommandé de vendre ce titre, intéressant mais devenu trop cher. A Walmart s’ajoutent des chaînes comme Dollar General et Dollar Tree, aux magasins plus petits et plus locaux.
Difficultés
Ces chaînes traversent une période très difficile : elles font face à une concurrence acharnée, cependant qu’une partie des consommateurs, qui a du mal à joindre les deux bouts, est à l’affût des prix les plus bas. Malgré les fortes baisses que leur cours a déjà subies, l’évolution de leur titre, tout comme l’avenir proche en général, sont incertains. Quant à Walmart, elle affiche une insolente santé mais avec un rapport cours/bénéfice de 33, son action est devenue trop onéreuse, d’où notre recommandation de vendre.
Cet article s’intéresse à deux entreprises du secteur de la distribution dont les perspectives sont encourageantes et la valorisation est raisonnable. Les choisir permettra de demeurer exposé au commerce de détail et de gros américain, tout en limitant le risque de baisse.
PROPOSITION 1 : TARGET
Avec 1.963 magasins et hypermarchés et 107 milliards de dollars de chiffre d’affaires réalisés au cours du dernier exercice, la chaîne Target est le numéro deux de la grande distribution aux Etats-Unis. Active dans un segment légèrement plus haut de gamme que Walmart, elle mise sur le plaisir d’acheter en proposant des espaces coquets, vastes et accueillants ainsi, bien sûr, que des canaux numériques. Sa stratégie consiste à offrir des produits tendance et de qualité, à des prix très étudiés. La chaîne sélectionne des marques tant de premier choix que de distributeur, un segment qui gagne du terrain actuellement et qui se révèle souvent plus rentable pour les détaillants que les marques premium. Les points de vente Target s’articulent autour de grands magasins, d’implantations plus vastes (Target Greatland) et d’hypermarchés (SuperTarget). Si la direction entend continuer à ouvrir des espaces de relativement petite taille, son principal objectif, pour les années qui viennent, est de construire davantage d’implantations de grande taille.
“Shops-in-shop”
Ces grands sites peuvent accueillir plus de shops-in-shop, des espaces boutiques dédiés à un thème particulier, qui attirent davantage de visiteurs et génèrent du chiffre d’affaires supplémentaire. En 2023, les magasins Target ont accueilli, dans des espaces nouveaux ou rénovés, 155 boutiques du détaillant de produits de beauté Ulta Beauty, 100 cafés Starbucks et 50 Apple Stores, pour ne citer qu’eux. Après l’échec, en 2015, de la tentative d’expansion vers le Canada, le groupe n’est plus actif qu’aux Etats-Unis. Depuis, les ventes n’ont cessé de s’accélérer, passant de 70 milliards de dollars en 2016 à 109 milliards de dollars six ans plus tard. Le chiffre d’affaires a légèrement baissé l’an dernier, à 107 milliards de dollars. La chaîne s’était fixé pour objectif de renouer avec la croissance en 2024 : elle semble y être parvenue (+2,7 % de chiffre d’affaires en glissement annuel à l’issue du premier semestre), grâce à une augmentation du nombre de visiteurs, tant physiques qu’en ligne. Pour l’ensemble de l’exercice, l’entreprise mise sur un chiffre d’affaires stable ou en légère hausse.
Accroissement des marges
L’accroissement des marges a incité la direction à relever à 9,00 – 9,70 dollars par action le bénéfice ajusté pour l’exercice. Soit un ratio cours/bénéfice de 16,3 à peine, à quoi correspond un risque de baisse selon toute vraisemblance raisonnablement limité, surtout si le chiffre d’affaires se redresse désormais, au profit d’une croissance structurelle des bénéfices. Target rachète en outre constamment ses propres actions, ce qui ne peut que soutenir la progression du bénéfice par action (une hausse de 7 %, voire plus, paraît tout à fait envisageable). A cela s’ajoute le dividende, qui grossit depuis 56 ans. Précisons toutefois que le dividende trimestriel n’a augmenté que de 0,02 dollar ces deux dernières années. Au dividende trimestriel de 1,12 dollar par action correspond un rendement de 2,9 % par an. A moyen terme, investir dans Target devrait permettre de dégager un rendement de 10 % par an environ.
PROPOSITION 2 : BJ’S WHOLESALE
BJ’s Wholesale, Costco Wholesale et Sam’s Club, la division grossiste de Walmart, sont les principales chaînes de gros américaines. Toutes trois font payer une affiliation, tant aux entreprises qu’aux particuliers. Sam’s Club a clos le dernier exercice sur un chiffre d’affaires de 86,2 milliards de dollars, soit moins de la moitié des 176,6 milliards réalisés par Costco Wholesale aux Etats-Unis (à quoi s’ajoutent encore 65,7 milliards hors frontières). Après s’être bien comporté, le cours de l’action Costco s’est envolé : vu son ratio cours/bénéfice supérieur à 50, le titre est trop cher pour que nous le recommandions. Avec un chiffre d’affaires de 20 milliards de dollars au terme du dernier exercice, BJ’s Wholesale suit à distance respectable. Sa valorisation est aussi plus raisonnable (ratio cours/bénéfice de 20). Voilà donc un investissement qui nous semble intéressant.
Chariot moyen
BJ’s Wholesale se dit jusqu’à 25 % moins cher que Kroger et Ahold Delhaize, ses concurrents traditionnels, mais aussi que des mastodontes comme Walmart ou Target. En termes de taille de chariot également, BJ’s se situe entre les grossistes Costco et Sam’s Club et les détaillants traditionnels. Plus de 25 % des articles vendus le sont sous marque de distributeur. Le groupe dispose de 244 points de vente, principalement situés sur la côte Est des Etats-Unis, dont 75 % hébergent une station-service. Son chiffre d’affaires et ses bénéfices ne cessent de croître depuis plusieurs années. Son chiffre d’affaires vient d’augmenter de plus de 50 % en cinq ans. Le bénéfice net et le bénéfice par action ont progressé de plus de 30 % par an, grâce notamment au considérable allègement des charges d’intérêt.
Réduction de l’endettement
BJ’s Wholesale s’efforce depuis plusieurs années de réduire le poids de sa dette. En 2011, l’entreprise avait été retirée de la cote par deux investisseurs privés, qui l’avaient ramenée, alors très endettée, en Bourse en 2018. Mais l’ardoise, de 1,7 milliard de dollars initialement, n’était plus que de 616 millions de dollars lors de la publication des derniers résultats semestriels. Le ratio d’endettement (dette nette/cash-flow d’exploitation) ne dépassant plus 0,5, BJ’s peut se prévaloir d’un bilan solide, doublé d’une flexibilité stratégique due à l’abondance de ses flux de trésorerie disponible. Ceux-ci devraient notamment permettre au groupe d’atteindre l’objectif (ouverture de 10 nouveaux points de vente par an environ) qu’il s’est fixé.
Croissance du chiffre d’affaires
A plus long terme, la direction vise une croissance de l’ordre de 5 % du chiffre d’affaires, ce qui devrait se traduire par une hausse de 10 % par an environ du bénéfice par action. Le chiffre d’affaires a augmenté de 4,5 % et le bénéfice par action ajusté, de 5,4 %, entre janvier et juin 2024. BJ’s Wholesale ne verse malheureusement pas de dividende et n’est pas près de changer son fusil d’épaule – pour faire refluer des liquidités vers les actionnaires, la direction préfère procéder à des rachats d’actions. Reste qu’à moyen terme, un rendement de 10 % par an, assorti d’une valorisation plus élevée qu’aujourd’hui (ratio cours/bénéfice de 20 actuellement), ce qui permettrait d’obtenir des rendements supplémentaires, semble parfaitement envisageable.
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