Des opportunités d’investissement dans le papier
Il est possible d’investir dans le secteur du papier et du bois par le biais de l’iShares Global Timber & Forestry UCITS ETF, qui réplique l’évolution de l’indice S&P Global Timber & Forestry. Nous avons par ailleurs sélectionné les actions qui nous semblent les plus intéressantes actuellement au sein du thème.
Papier et bois sont pour chacun de nous des produits on ne peut plus banals. Ils sont intrinsèquement liés, puisque la pâte de bois est la matière première d’où est issu le papier. Le papier et le carton étant utilisés dans un nombre toujours plus élevé d’applications, la demande n’a cessé d’augmenter au fil des décennies. A l’heure actuelle, sa croissance est principalement alimentée par la quête de solutions de rechange aux emballages en plastique et par l’essor du commerce électronique. Le développement durable devient un paramètre stratégique pour le secteur du papier et du bois.
Le secteur du papier est cyclique par nature. Comme il s’agit d’une activité à forte intensité d’énergie et de main-d’œuvre, il est largement influencé par l’inflation. Avec une inflation structurellement élevée et volatile, le secteur va baigner pendant quelques années dans un climat d’incertitude et de volatilité accrues. La demande de papier suit généralement la croissance économique – si le produit intérieur brut augmente, la demande progresse, et inversement. Deux mil vingt-deux a été une année record pour l’industrie du papier, qui a réussi à répercuter l’envolée des coûts de l’énergie et des intrants et à préserver ses marges bénéficiaires. Dans la mesure où les coûts devraient commencer à reculer, bénéfices et chiffres d’affaires céderont eux aussi du terrain ces 12 à 24 prochains mois. Les marchés anticipent un ralentissement de la demande et une diminution des prix du papier et du carton plus marqués que ce à quoi s’attendent les analystes.
Les actions des producteurs de papier font actuellement l’objet d’un sentiment exagérément négatif.
Il est possible d’investir dans le secteur par le biais de l’iShares Global Timber & Forestry UCITS ETF (code ISIN: IE0003ZXNJY5), qui réplique l’évolution de l’indice S&P Global Timber & Forestry. Nous avons par ailleurs sélectionné les actions qui nous semblent les plus intéressantes actuellement au sein du thème. Voici deux valeurs de base, et deux un peu plus risquées.
Valeur de base 1: Mondi
Acteur mondial du secteur du papier, coté à la Bourse de Londres, Mondi propose une vaste gamme de produits. Un tiers environ de son chiffre d’affaires provient du carton, 40%, des solutions d’emballage souple, comme les sacs, et 25%, du papier non transformé, comme le papier d’impression et d’écriture, les enveloppes, etc. Mondi est le numéro 1 européen du carton, et le premier producteur de sacs en papier au monde. Il fait partie des leaders internationaux du développement durable – cet acteur intégré possède ses propres forêts et gère donc en partie lui-même ses matières premières (il assure 20% de sa propre demande de bois). Il cherche constamment à innover, de manière à pouvoir proposer des solutions de remplacement durables aux emballages actuels.
Son action s’est effondrée il y a un an, parce qu’il possède une usine de papier en Russie. Il attend désormais, pour pouvoir s’en défaire, l’approbation des autorités compétentes. L’offre reçue court jusqu’au 12 mai; si l’agrément est refusé, le titre pourrait souffrir encore – inversement, un accord pourrait être le catalyseur d’une remontée. Le cours est actuellement très inférieur à la valorisation moyenne des 10 dernières années. Avec un ratio d’endettement (dette financière nette/cash-flow opérationnel, ou Ebitda) de 0,5 à peine, Mondi est financièrement très sain. Lui qui a achevé 2022 sur des résultats records affiche un rapport cours/bénéfice (C/B) qui plafonne à 6,5 pour 2022. Même avec le recul prévu des bénéfices, le ratio C/B ne devrait pas dépasser 11 cette année. Mondi verse systématiquement un dividende, dont le rendement brut s’établit actuellement à 4%. A acheter, tout en tenant compte des incertitudes qui entourent pour l’instant la vente des actifs russes.
Valeur de base 2: DS Smith
Le britannique DS Smith est un acteur mondial de l’emballage en papier et en carton. Ses principaux clients sont des producteurs de biens de grande consommation à rotation rapide, comme des denrées alimentaires. Il dispose également de nombreux débouchés dans l’industrie. Comme ses concurrentes, l’entreprise a achevé 2022 sur des chiffres records, avec des résultats en hausse de plusieurs dizaines de pour cent, voire de plus de 100%, ces six derniers mois. Elle a pu répercuter l’inflation des coûts et s’était couverte bien à l’avance contre l’envolée des prix des énergies. La moitié de ses contrats de vente sont automatiquement indexés, ce qui lui a permis d’augmenter plus encore ses marges bénéficiaires et son cash-flow disponible. La hausse du cash-flow disponible s’explique en partie par les revenus élevés des contrats de couverture contre la flambée des prix de l’énergie; à présent que ces derniers cèdent du terrain, les revenus correspondants vont diminuer également.
DS Smith cherche à créer de la valeur pour l’actionnaire, en augmentant son dividende lorsque ses marges le lui permettent, entre autres. Son rendement en dividende est juste inférieur à 5% brut. Avec un ratio d’endettement de 1, il est financièrement en position de force, ce qui lui permet de continuer à investir dans son efficacité opérationnelle et l’extension de ses capacités. Sa valorisation est attrayante (8 fois les bénéfices escomptés), et nettement inférieure à sa moyenne historique. Il enregistre au cours actuel un rendement des cash-flows disponibles supérieur à la moyenne de ces dernières années. Nous recommandons d’acheter.
Valeur risquée 1: Ence Energia y Cellulosa
L’espagnol Ence Energia y Cellulosa tire une partie de ses revenus des énergies renouvelables. Dans le segment du papier, il produit principalement de la pâte, une activité qui représente 4/5 de son chiffre d’affaires et 2/3 de son cash-flow opérationnel. Ses énergies renouvelables sont produites à partir de centrales de biomasse et de panneaux solaires, dans le cadre d’une joint-venture dont il est l’actionnaire majoritaire. Alors que le secteur de la pâte à papier est cyclique (il suit les prix de la pulpe sur les marchés internationaux), celui des énergies renouvelables assure des revenus légèrement plus stables.
La pulpe provient de l’eucalyptus, un bois dur qui convient particulièrement à la fabrication de produits comme les mouchoirs, le papier toilette et autres produits d’hygiène. L’Espagne est le seul pays d’Europe où il pousse (l’Amérique latine est une autre zone de culture importante). Ence peut donc garantir aux fabricants européens de papier-tissu des délais et des coûts de livraison concurrentiels. En Europe, la demande de pâte de feuillus dépasse celle de tout autre bois, ce qui joue en faveur d’Ence, dont plus de 90% du chiffre d’affaires provient du Vieux Continent. La licence d’exploitation d’une de ses deux usines de pâte ayant été récemment reconduite pour 50 ans, les perspectives sont excellentes; le groupe a pu reprendre les provisions constituées en vue d’une éventuelle fermeture de cette fabrique, et donc clore 2022 sur des bénéfices exceptionnellement élevés.
Autre atout: les forêts d’eucalyptus qu’il gère génèrent des certificats de CO2 qu’il peut vendre sur le marché des émissions. Son excellente situation financière lui a permis de verser un acompte sur dividende exceptionnel. Ence a l’avantage de produire à la fois de la pâte à papier et de l’énergie, deux segments au sein desquels elle mène une stratégie d’expansion de ses capacités, sans pour autant faire plonger son cash-flow disponible dans le rouge. Sa valorisation demeure attractive. A acheter, sous quatre euros.
Valeur (plus) risquée 2: Sylvamo
La société américaine Sylvamo est une spin-off d’International Paper, un des plus grands producteurs de papier au monde. Elle ne produit que du papier non transformé. Ses marges bénéficiaires et les rendements des capitaux investis sont impressionnants. Elle est entrée en Bourse – sur les chapeaux de roue – en 2021 pour, notamment, pouvoir offrir un rendement aussi élevé que possible à ses actionnaires. L’acquisition, en début d’année, d’une usine de papier en Suède, va stimuler son chiffre d’affaires et ses bénéfices. Les résultats de 2022 ont dépassé ceux de 2021 et les perspectives pour cette année sont meilleures encore. Ces prévisions ont déjà fait progresser considérablement le cours de l’action mais même ainsi, le titre, à environ 5 fois le bénéfice escompté et un ratio valeur de l’entreprise (EV)/Ebitda proche de 3,5, reste très bon marché. Le rendement (15%) du cash-flow disponible compense la lourdeur de la dette. Toute correction offre une belle fenêtre d’entrée.
Les cinq premières positions de l’iShares Global Timber & Forestry UCITS ETF
1. Weyerhaeuser: 8,0%
2. Svenska Cellulosa: 6,1%
3. Smurfit Kappa: 5,6%
4. Rayonier: 5,3%
5. Westrock: 5,2%
Source: Bloomberg
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