Contribuer à un monde meilleur tout en générant du rendement

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Les investisseurs sont de plus en plus enclins à contribuer aux Objectifs de développement durable des Nations Unies. La meilleure façon d’y parvenir consiste à suivre un cadre clairement structuré.

Dans le cadre de l’Agenda 2030 pour le Développement Durable, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a, en 2015, élaboré 17 Objectifs de développement durable (ODD) qui donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. Tous les pays, riches et pauvres, sont convenus d’œuvrer à la réalisation des ODD d’ici à 2030. Les ODD succèdent aux huit objectifs du Millénaire pour le développement de 2000 (dont la lutte contre le sida), avec un cadre élargi. Les 17 objectifs sont subdivisés en 169 sous-objectifs.

Si tous les pays de l’ONU se sont engagés à atteindre ces objectifs, leur degré de mobilisation n’est pas la même. Les Pays-Bas, par exemple, se classent à la vingtième position du classement du Sustainable Development Report, et ne parviendront pas à atteindre tous les objectifs à temps.

Investir dans les ODD

Au vu de l’immense intérêt suscité par les ODD partout dans le monde, il semble logique d’aligner, au moins partiellement, son portefeuille sur ces objectifs. Nous abordons sept aspects d’un investissement dans les ODD.

1. Les ODD sont un plan d’action pour un avenir durable

Depuis deux ans, les investisseurs, institutionnels surtout, s’intéressent de plus en plus aux ODD; selon l’étude Robeco Global Climate Survey publiée en 2022, ces derniers sont déjà une priorité pour 18% des investisseurs sondés, et devraient l’être pour 40% d’ici trois ans. Mais tous les ODD n’ont pas la même popularité; le septième objectif, une énergie propre et d’un coût abordable, est le plus prisé.

Les ODD s’invitent aussi dans le débat sociétal; les entreprises en tiennent compte dans le cadre de leur responsabilité sociale, mais aussi en tant qu’opportunité commerciale. Par effet boule de neige, cela éveille l’intérêt des investisseurs privés, mais tous n’ont pas encore trouvé le bon placement, malgré la multiplication des propositions d’investissement axées sur les ODD.

2. L’investissement dans les ODD doit s’accélérer

Lors de l’élaboration des ODD, les Nations Unies ont estimé qu’un budget de 5 à 7 milliards de dollars par an serait nécessaire pour les atteindre. PwC estime que les gouvernements du monde entier peuvent mobiliser environ 1 milliard de dollars par an; le reste doit provenir du secteur privé. Les entreprises qui se concentrent sur les ODD capteront une part croissante des investissements ces prochaines années.

3. Les ODD ne doivent pas être confondus avec l’ESG

Les investissements dans les ODD et le filtrage selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont deux formes différentes d’investissements socialement responsables (ISR). L’ESG, qui attribue une note de durabilité aux entreprises, est devenu très populaire au cours de la décennie écoulée. Toutefois, une entreprise bien notée ne respecte pas forcément les ODD; pensons aux acteurs des secteurs du tabac, des boissons ou des carburants fossiles.

L’ESG n’a pas non plus la même finalité que les ODD; il est principalement axé sur la prévention des risques, tandis que l’approche ODD se concentre surtout sur les objectifs.

4. L’investissement dans les ODD s’apparente davantage à un investissement d’impact

L’investissement durable se décline en de nombreuses nuances. L’une des variantes les plus avancées est l’investissement d’impact, qui cible les entreprises ayant l’intention de générer, outre le rendement financier, un impact social ou environnemental positif et mesurable. Le terme d’“intention” forme la pierre angulaire de l’investissement d’impact. Les entreprises doivent s’efforcer consciemment d’avoir un impact positif: cela ne doit pas être un effet involontaire de leurs activités. Les investisseurs vérifient également si la mission, la stratégie, la culture interne et les activités quotidiennes de l’entreprise sont à tout moment conformes à l’objectif spécifié.

Deux autres facteurs entrent en jeu: l’additionnalité (sans l’investissement, l’impact n’aurait pas eu lieu) et la matérialité (soit une contribution significative et mesurable à un objectif durable spécifique). En fonction de la manière dont l’investissement dans les ODD est mis en place, il peut entrer dans la catégorie des investissements d’impact, même s’il convient d’éviter l’écueil de l’écoblanchiment.

5. Mesurer la contribution aux ODD est difficile

Différentes approches existent pour investir dans les ODD. Toutes nécessitent des données solides; certains investisseurs font confiance aux fournisseurs externes, tandis que d’autres estiment qu’il est important de recueillir leurs propres données. La première étape consiste généralement à déterminer comment l’entreprise gagne son argent, et comment elle contribue de manière positive ou négative aux différents ODD.

La deuxième nécessite d’examiner la production, notamment sous l’angle de la gouvernance, et d’établir une comparaison par rapport aux pairs. Puis les controverses (fraudes, méthodes commerciales agressives) sont prises en compte. Pour finir, les profils d’ODD de chaque entreprise doivent être agrégés au niveau du portefeuille, afin que les investisseurs puissent identifier leur contribution globale aux différents ODD.

6. L’investissement dans les ODD se traduit par un profil de coût et de risque différent

Investir dans les ODD prend du temps: il faut identifier les meilleurs contributeurs, ce qui peut entraîner des frais d’investissement plus élevés. En outre, les portefeuilles obtenus divergent souvent grandement de ceux des indices types, ce qui peut se traduire par un profil de risque différent, avec souvent une volatilité et des risques baissiers accrus du fait du profil de croissance qui caractérise généralement les entreprises se fixant pour but de contribuer aux ODD.

La question du risque est toutefois à double tranchant. Les partisans de l’investissement dans les ODD affirment parfois que les risques sont en fait plus faibles, dans la mesure où les entreprises ciblées ont pour objectif, par leurs actions, d’atténuer le changement climatique. Mais alors que l’intérêt pour les ODD va croissant, des bulles pourraient se former dans certains secteurs, si l’offre est insuffisante par rapport à la demande.

7. Il existe de nombreuses façons d’investir dans les ODD

L’investissement dans les ODD est relativement nouveau, et de nombreux investisseurs cherchent encore la meilleure approche. Trois grandes tendances émergent. La première consiste à investir dans les meilleurs ODD.

La deuxième consiste à adopter un biais sectoriel. PwC propose par exemple un cadre comportant cinq grands secteurs (consommation, énergie, finance, industrie et technologie) et un groupe résiduel intitulé “global”. Robeco adopte en revanche une approche suprathématique.

S’il est aujourd’hui encore difficile de dire quelle approche est la meilleure, une chose est sûre: l’investisseur doit adopter une certaine structure, qui peut être justifiée et correspond à ses préférences personnelles en matière d’ISR. Enfin, il est important de procéder à des comparaisons par rapport à une référence donnée – par exemple, les indices ODD les plus généralement acceptés.

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