La rédaction répond à la question d’un abonné : “First Quantum se redresse nettement, après sa dégringolade de la fin de 2023. Faut-il prendre ses bénéfices ?”
L’action a en effet chuté de 70 % après l’arrêt forcé de la production de Cobre Panama (or et cuivre), une décision qui faisait suite à des mois de protestations populaires et à une décision prononcée en novembre par la Cour suprême panaméenne. La capitalisation boursière est alors tombée à 6,5 milliards de dollars canadiens (9,31 CAD par action) en décembre, pour un endettement net de 6,42 milliards CAD. La mine Cobre Panama assurait 5 % du produit intérieur brut du pays et plus de 1 % de la production mondiale de cuivre. Elle avait produit, jusqu’à la mi-novembre, 331.000 tonnes de cuivre, soit 46 % du total du groupe.
Un vaste plan de refinancement a donc été annoncé en février. First Quantum a émis 139,9 millions d’actions, à 11,1 CAD par action, ce qui a fait grimper le flottant de 20 %. Il a émis pour 1,6 milliard CAD d’obligations au taux de 9,375 %, remboursables en 2029. La facilité de crédit bancaire a été prolongée jusqu’en 2027 et les dividendes ont été supprimés. Enfin, la vente d’une future production de cuivre au chinois Jiangxi Copper (participation de 15,4 %) a rapporté 500 millions de dollars. La dette nette est dès lors tombée à 5,28 milliards au premier trimestre.
D’autres mesures encore sont envisagées, comme la cession de certains actifs. Le groupe Barrick Gold a fait savoir qu’il ne comptait pas acquérir des pans de First Quantum, mais qu’il entrevoyait une possible solution pour Cobre Panama. Reste à voir aussi dans quelle mesure l’élection, ce 5 mai, de José Mulino à la présidence du pays soutiendra les perspectives de relance. On sait qu’aucune discussion ne sera possible tant que la firme ne mettra pas fin à la procédure d’arbitrage, assortie d’une demande de dommages et intérêts de 20 milliards de dollars, qu’elle a entamée contre l’ordre de cessation des activités de Cobre Panama. On ignore qui paiera le coût de la fermeture de la gigantesque mine (800 millions sur huit ans), et à qui appartient le stock de cuivre existant (200 millions).
A 1,04 milliard CAD, le chiffre d’affaires est de 34 % inférieur à celui du premier trimestre de 2023. Le flux de trésorerie d’exploitation est tombé à 180 millions CAD (-65 % ; 273 millions au quatrième trimestre). La valeur de l’action a été multipliée par deux depuis décembre. Vu l’éventualité d’une acquisition et les excellentes perspectives qui entourent le cuivre, les positions peuvent être conservées (rating 2C).