Bourse : le paradoxe Nvidia

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Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

La nouvelle ‘‘rock star’’ des marchés financiers a publié, hier, des résultats supérieurs aux attentes. Pour son deuxième trimestre décalé, Nvidia a encore doublé ses revenus, mais le champion américain des semi-conducteurs s’est toutefois ‘‘ramassé’’ en bourse. Explications.

Après avoir plus que triplé ses revenus lors des derniers trimestres, Nvidia n’a fait ‘‘que’’ les doubler pour son deuxième trimestre décalé de l’année, avec un chiffre d’affaires à 30 milliards de dollars pour cette période allant de fin avril à fin juillet. Ce bon résultat est supérieur aux 28,8 milliards attendus par les analystes, mais paradoxalement, il n’a pas réjoui les marchés : Wall Street a en effet accueilli fraîchement cette publication et le titre perdait même 3,12% hier dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de la Bourse.

Michel Ernst © PG

Comment expliquer cette ‘‘déconvenue’’ ou, plutôt la relative déception des investisseurs? ‘‘Un célèbre adage dit que l’appétit vient en mangeant, ironise l’analyste Michel Ernst, mais concernant Nvidia, les investisseurs semblent carrément devenus très pour ne pas dire trop gourmands! Bref, aujourd’hui, il ne suffit plus de battre le consensus des prévisions, il faut les dynamiter!’’

En forme, mais…

Depuis plus de deux ans, le géant technologique pulvérise pourtant, trimestre après trimestre, les attentes du marché. Nvidia est dopé par la demande pour ses fameuses cartes graphiques (GPU), des puces aux capacités de calcul démultipliées, indispensables au développement de l’intelligence artificielle dite générative. Tout va bien, donc, pour l’entreprise américaine et sur ce deuxième trimestre décalé, elle a de nouveau dégagé un bénéfice net de 16,6 milliards de dollars (+168%). Mais comme le souligne Michel Ernst, la croissance des résultats a tendance à ralentir…

‘‘Nvidia reste le leader incontesté des microprocesseurs ultrapuissants utilisés dans le domaine de l’IA, détaille l’analyste, mais le ralentissement de sa croissance pourrait donner des arguments à ceux qui, depuis quelques mois, disent que les applications de l’IA et donc les firmes clientes de Nvidia pourraient prendre plus de temps que prévu. Sans compter que l’annonce, début août, d’un retard de trois mois pour le lancement de la nouvelle puce de Nvidia, la Blackwell B200 considérée comme la plus puissante du monde, n’a rien arrangé. Cela dit, ce délai ne semble guère impactant car le business model de Nvidia, centré sur l’IA, reste très prometteur.’’

Concernant la pression récente sur le cours de l’action Nvidia, Michel Ernst rappelle enfin que sa très forte hausse ces dernières années (plus de 150 % en 2024 et près de 3.000 % sur 5 ans !) entraîne, à la moindre ‘‘déception’’, des prises de bénéfices, donc certaines ventes, surtout dans des marchés boursiers devenus plus nerveux, ces derniers temps, avec les risques géopolitiques et les incertitudes sur les taux. ‘‘Mais ces ventes pourraient être, au moins en partie, absorbées par le nouveau programme de rachat d’actions annoncé par Nvidia pour un montant de 50 milliards de dollars’’, conclut l’analyste.

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