Producteurs de boissons : marques fortes, cours en berne (II)

© SOPA Images/LightRocket via Gett

Après les européens Diageo, Pernod-Ricard et Rémy Cointreau, voyons comment se portent les géants américains The Coca-Cola Company et PepsiCo.

Il faut manger et boire tous les jours. C’est pourquoi les groupes alimentaires sont généralement considérés comme des investissements sûrs. Leur croissance est prévisible, leurs dividendes sont attrayants. Et pourtant, les cours de leurs actions avoisinent actuellement leurs niveaux d’il y a quelques années. Quand ils ne leur sont pas inférieurs. Cela signifie, pour les entreprises qui voient leurs bénéfices augmenter, que leur valorisation a baissé. C’est le cas des deux grands rivaux américains bien connus de tous que nous analysons ici, après, la semaine dernière, les européens Diageo, Pernod-Ricard et Rémy Cointreau.

Boissons : marques fortes, cours en berne

The Coca-Cola Company : ses marques les plus fortes avant tout

Son Coca-Cola original et ses nombreuses variantes assurent près de la moitié de son chiffre d’affaires (CA) annuel, mais le portefeuille de The Coca-Cola Company compte 200 marques de boissons, vendues dans plus de 200 pays. Les perspectives à long terme sont bonnes. Si sur les marchés développés, la consommation de boissons non alcoolisées s’est à peu près stabilisée, dans le reste du monde, elle peut encore augmenter considérablement, notamment grâce à l’essor des classes moyennes et à la croissance démographique.

Bien que le géant ait réduit de moitié son portefeuille de marques ces dernières années, son CA s’est accru en moyenne de 5,9 % l’an de 2019 à 2023. En 2023, son CA a atteint 45,8 milliards de dollars. Et parce qu’il a conservé ses marques les plus fortes, il a également vu ses marges progresser. Sur la même période, ses bénéfices ont crû en moyenne de 12,5 % par an. Le bénéfice par action (BPA) s’est établi à 2,69 dollars en 2023. Pour 2024, il est estimé à 2,82 dollars et à un ratio cours/bénéfice (C/B) de 22, l’action est valorisée raisonnablement par rapport à la moyenne historique. Les objectifs à long terme du groupe supposent une croissance annuelle de 4-6 % du CA, de 6-8 % du bénéfice d’exploitation (Ebit) et donc, une hausse organique de 7-9 % du BPA. Les perspectives de rendement sont séduisantes.

PepsiCo : vend plus d’aliments que de boissons

Qui dit cola, dit naturellement aussi Pepsi. La capitalisation boursière de PepsiCo est, à 230 milliards de dollars, inférieure à celle de The Coca-Cola Company (270 milliards). Son CA est toutefois deux fois plus élevé : celui des boissons est de 37,9 milliards de dollars (41 % du CA total), celui des aliments, de 53,5 milliards (59 %). Les (barres de) céréales – division Quaker – y contribuent un peu, les snacks et chips (Lays, Doritos, Cheetos…), beaucoup. En dehors de son marché domestique, PepsiCo enregistre une croissance du CA comprise entre 7 et 11 % ; depuis une décennie déjà, les ventes à l’international augmentent de 4 à 6 points de pourcentage plus rapidement qu’en Amérique du Nord. Car si sur son marché domestique, PepsiCo s’en tient à suivre les tendances et répondre aux besoins des consommateurs (en Amérique du Nord, on consomme 1,7 fois plus de boissons rafraîchissantes et 3 fois plus de snacks salés par habitant que dans le reste du monde), partout ailleurs, il vise davantage à accroître son CA. Cela passe par exemple par l’augmentation de la production des boissons qui connaissent une croissance rapide ou encore, dans les pays en développement, par l’élargissement de la gamme de snacks à succès abordables.

Le CA consolidé de PepsiCo a progressé en moyenne de 7,2 % par an au cours des cinq dernières années, le BPA, de 6,2 % et le dividende, de 6,8 %. Le géant vise une croissance organique annuelle du CA de 4-6 %, ce qui augure une croissance annuelle de moins de 10 % du BPA. Le rendement actuel du dividende est de 3,3 %. Cette action aussi semble donc en mesure d’offrir un rendement total supérieur à la moyenne dans les années qui viennent. En avril, le groupe a quelque peu relevé la croissance prévisionnelle du BPA ajusté pour 2024, à au moins 8 %. Le BPA s’élèverait dès lors à 8,23 dollars au bas mot. Proche de 20, le ratio C/B est tout à fait correct.

Les marges de Coca-Cola supérieures à celles de PepsiCo

Alors que la marge nette de PepsiCo est de 9,9 %, celle de Coca-Cola est de 23,4 %. Un écart qu’expliquent en partie les choix stratégiques des deux rivaux. Pour gagner en rentabilité, Coca-Cola se défait de ses activités à forte intensité de capital (l’embouteillage a déjà été cédé) et se concentre sur le développement de ses marques fortes. PepsiCo, lui, a racheté Pepsi Bottling Group et PepsiAmericas il y a 15 ans, pour les intégrer dans sa propre division d’embouteillage, Pepsi Beverage Company. 


Pour cette raison, nous investirions plutôt dans The Coca-Cola Company (ticker KO) que dans PepsiCo (ticker PEP), si nous avions à choisir.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content