Ascension de la tech : de premières failles
Il y a deux semaines, l’indice Standard & Poor’s 500, baromètre par excellence de Wall Street, a perdu plus de 2 % en un jour, marquant la première “mauvaise” séance depuis le 21 février 2023. Ce même jour, le 24 juillet, le Nasdaq, qui regroupe les valeurs technologiques, a pour sa part abandonné près de 4 %.
NVIDIA mérite un gros plan. Depuis son pic historique, le champion de l’intelligence artificielle a connu quatre (très) mauvaises séances boursières, perdant plus de 5 %. Contrairement aux indices, le titre vedette du Nasdaq n’a donc pas réussi à établir un nouveau record historique depuis la mi-juin. D’autres champions technologiques parmi les Sept Magnifiques (outre NVIDIA, Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft et Tesla Motors) cèdent aussi régulièrement plusieurs points de pourcentage en une seule séance. L’essor de la tech, qui dure depuis un an et demi, commence à connaître des interruptions.
Autre constat : la prépondérance des valeurs technologiques à Wall Street s’est réduite, ce qui s’explique aussi par le beau rattrapage, en juillet, des petites et des moyennes capitalisations, restées jusqu’alors dans l’ombre. L’indice Dow Jones (valeurs “classiques”) et le Russell 2000 (petites entreprises) ont invariablement battu le Nasdaq ces dernières semaines, alors que cela n’avait jamais été le cas l’an dernier – les marchés étaient dominés par la technologie en général et les Sept Magnifiques en particulier.
La capitalisation boursière totale du S&P 500 a gonflé de quelque 6.000 milliards de dollars au premier semestre. Les sept valeurs vedettes, qui représentent 1,4 % du nombre d’actions de l’indice des 500 principales sociétés américaines cotées, sont à l’origine de 57 % de cette hausse (3.400 milliards de dollars). Mais depuis le début des vacances d’été, leur contribution s’est nettement réduite.
Entre-deux
En d’autres termes, la hausse du marché repose désormais sur une base plus large. Si, en soi, il convient de s’en réjouir, notons qu’il s’agit d’un phénomène typique d’une fin de phase haussière. Le petit segment de marché encore correctement valorisé se renchérit à un rythme accéléré et il ne reste plus, globalement, que des titres chers, accroissant dangereusement le risque d’une correction générale.
Nous pronostiquons toujours un second semestre très difficile sur les marchés boursiers internationaux. Mais bien que l’ascension de la tech commence à connaître des interruptions, il n’est pas à exclure que le S&P 500 marque un prochain sommet dans les semaines à venir. Ce ne serait que passager. Le sommet historique a en tout cas été atteint. Les yeux seront rivés sur NVIDIA, le 28 août : ses trimestriels seront-ils extraordinaires, ou “simplement” bons ? Toute déception amorcera (ou confirmera) la descente aux enfers de l’action.
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