Entrons-nous dans l’âge du cuivre?

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Ces dernières semaines, l’or a beaucoup fait parler de lui. Il faut dire que le métal précieux est en forme olympique et bat sans cesse de nouveaux records. Mais dans l’ombre, une autre matière première fait doucement son chemin, portée par l’intelligence artificielle et la voiture électrique: le cuivre.

Les yeux des investisseurs sont braqués sur les cours des matières premières… L’or avant tout, une valeur refuge qui a progressé de 13,4% depuis le début de l’année. Et le cuivre aussi, qui reprend peu à peu des couleurs. À Shanghai, le métal rouge a ainsi atteint un niveau record ce mardi 9 avril, à 76.700 yuans la tonne en séance (soit 10.602 dollars). À la Bourse des métaux de Londres, le cuivre a gagné environ 10% depuis le début de l’année et se rapproche des 9.500 dollars la tonne. Mais comment expliquer une telle hausse?

Les espoirs chinois

Un rebond que l’on doit en partie à « une amélioration des indicateurs manufacturiers aux États-Unis et en Chine », estime les experts de Citi, une entreprise financière majeure. La Chine est en effet l’un des plus grands consommateurs (et producteurs) de métal au monde. Le prix du cuivre a donc tendance à être influencé par les perspectives économiques du pays.

La demande augmente à nouveau, les exportations chinoises aussi. Bref, la reprise du secteur manufacturier annonce un rebond économique durable. De quoi soutenir une hausse des prix des métaux industriels, elle-même portée par deux facteurs non négligeables: le métal rouge profite d’une plus forte demande de véhicules électriques chinois et d’énergies renouvelables.

Transition verte…

Quand on parle de voitures électriques, on pense avant tout au lithium – essentiel à la construction des batteries –, mais rarement au cuivre. Ce métal est pourtant essentiel au verdissement du parc automobile. Une voiture électrique contiendrait environ 3 à 4 fois plus de cuivre qu’un véhicule thermique, selon l’expert Laurent Castaignède, interrogé par la RTBF. Il est utilisé essentiellement pour les câbles du moteur, les branchements des pièces électroniques et les blocs-batteries.

Une matière première également indispensable pour la fabrication d’éoliennes, en particulier leurs turbines. Le cuivre est en effet employé dans les bobines de générateur, les transformateurs et les câbles électriques. L’essor des énergies renouvelables stimule donc la demande de ce métal rouge.

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… et intelligence artificielle

Mais si la transition écologique entraîne une explosion de la consommation de métaux, l’avènement de l’intelligence artificielle ne va pas certainement pas arranger les choses. Car celle-ci semble elle aussi gourmande en cuivre… Ce métal polyvalent est devenu un composant crucial dans l’industrie des centres de données.

De quoi susciter des inquiétudes quant à un éventuel déficit d’approvisionnement. “Cela pourrait potentiellement ajouter 1 million de tonnes supplémentaires à la demande de cuivre”, a avancé Saad Rahim, une figure renommée de l’industrie. Ce volume s’ajoute aux 4 à 5 millions de tonnes de déficit anticipé à cette date.

Ces tendances annoncent-elles le début de l’âge du cuivre? Encore faut-il assurer l’équilibre entre l’offre et la demande… Les entreprises ont dès lors tout intérêt à se prémunir du pire, en augmentant leur stock tant que les prix sont relativement stables. Au risque sinon de voir leur facture augmenter dans les années à venir.

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