2023, l’année où les obligations européennes ont raflé la mise… mais est-ce une bonne chose ?
Les obligations de la zone euro auront connu une bonne année. Leurs prix auront plus augmenté que les obligations américaines, par exemple. Et la tendance devrait continuer l’année prochaine. Cela sonne comme une bonne nouvelle, mais reflète une réalité plus sombre pour le vieux continent.
La fin de l’année, c’est toujours l’occasion de faire des bilans. Sur les marchés financiers, quelles auront été les meilleures obligations cette année ? L’Europe se distingue, avec un rendement moyen de 6,5% pour la zone euro (en matière de prix des papiers). L’Italie a le rendement le plus élevé, avec un taux de 9%. C’est plus que les papiers de dette américains, qui ont gagné 3,5% et les britanniques, qui ont gagné 2,5%.
Voilà un bon rendement, surtout après deux années de retours négatifs. Les investisseurs délaissent donc les autres marchés pour investir dans les obligations de la zone euro, rapporte Reuters. Ce qui fait que leurs prix augmentent (contrairement à leur taux d’intérêt, qui baisse). Cela peut sonner comme une bonne nouvelle, l’Europe qui fait mieux que d’autres, mais cet élément reflète en réalité de mauvaises nouvelles.
Économie au ralenti
C’est l’économie européenne, au ralenti, qui attire les investisseurs. Comment l’expliquer ? D’abord, car un ralentissement économique peut mener à une baisse des taux, qui ferait augmenter la valeur des bons existants avec des taux plus élevés. Ensuite, parce que dans une récession, les actifs comme les actions baissent, mais des obligations restent des valeurs sûres avec un rendement quasi garanti. Notamment pour les bons allemands, réputés comme très stables.
2023 pourrait par exemple se clôturer sur une récession technique. Et les augures ne sont pas beaucoup mieux pour l’année à venir, avec un taux de croissance estimé à 0,3% par ING, par exemple, ou de 0,6% par des économistes sondés par Reuters. Un risque qui devrait donc garder les obligations attractives pour l’année prochaine. Mais même si le marché semble être sous de bons astres, de la volatilité est toujours possible (comme cela a été le cas en 2023).
En plus, des politiques fiscales strictes devraient être plus restrictives et donc ne pas vraiment aider à remettre l’économie sur pied. En Allemagne notamment, où le gouvernement a dû boucher un trou de 60 milliards d’euros dans son budget avec des réductions des dépenses et des hausses de taxes. A échelle européenne, des discussions ont lieu pour ramener les finances publiques dans le sillage de Maastricht, c’est-à-dire limiter les déficits et les dettes en fonction du PIB. Dépasser ce cadre avait été autorisé dans le cadre de la pandémie, et les politiques peinent à refermer la boîte de Pandore. La Belgique est un élève particulièrement mauvais en ce qui concerne ces chiffres. Au contraire, si les règles sont trop restrictives et que des pays ont des difficultés pour trouver des financements, les prix des obligations pourraient s’effondrer comme en 2011, avec une explosion des taux.
Autre élément en faveur des obligations : la réduction de bilan de la BCE. Elle émettra moins de nouvelles obligations, ou en tout cas moins que son homologue de Washington ou de Londres. Cela joue aussi en faveur des prix des actions existantes, via un phénomène de rareté et de demande dépassant l’offre.
Le malheur de l’économie européenne fait donc le bon bonheur des investisseurs en obligations.
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