“Quand on voit un cafard, il y en a sans doute d’autres” : nouveau coup de stress bancaire sur les marchés

Krach boursier, image d'illustration.
Charly Pohu

Gros coup de stress sur les marchés ce vendredi : les banques sont dans le rouge. Après des signes négatifs auprès de banques régionales aux États-Unis, les risques du crédit reviennent sur le devant de la scène.

Deux ans et demi après l’effondrement de Silicon Valley Bank et Signature Bank aux États-Unis (et Credit Suisse en Europe), d’autres banques régionales américaines font des émules sur les marchés ce vendredi. Les craintes sur les risques de défaut de paiement des crédits montent soudain d’un cran.

Ce jeudi soir, Zions a annoncé une perte de 50 millions d’euros sur deux prêts, dans sa branche californienne. Parallèlement, Western Alliance a lancé des procédures judiciaires contre Cantor Group, l’accusant de fraude. Jefferies a tenu une journée des investisseurs et a donné plus de détails sur son exposition à First Brands, fabricant de pièces automobiles qui vient de faire faillite ; mais tout n’est pas encore clair.

Résultat des courses : la première a perdu 13%, la deuxième 11% en bourse. La troisième 11%, portant la chute depuis cette annonce de faillite à plus de 20%.

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Émules

Ces banques en entraînent d’autres dans leur chute. L’indice des banques régionales américaines, le KRX, a glissé de 6% ce jeudi. Le S&P 500 a clôturé dans le rouge aussi (-0,6%). Les futures pour ce vendredi sont déjà dans le rouge : d’autres résultats trimestriels de banques régionales sont attendus aujourd’hui, et le marché se prépare à d’éventuelles autres mauvaises surprises.

Et ce vendredi, les marchés asiatiques sont aussi dans le rouge. Le Nikkei japonais par exemple a perdu plus de 1%, et l’indice Topix Banks a perdu 3%. À Hong Kong, le Hang Seng Mainland Banks Index perd 0,4%.

En Europe aussi, les banques sont dans le rouge. L’Euro Stoxx 600 Banks perd près de 3%. Tout comme KBC, BNP Paribas et Unicredit. Crédit Agricole perd 2%, Deutsche Bank même près de 6% et Santander près de 4%.

Du côté des hausses, on a le cours de l’or qui augmente, en conséquence. À près de 4.400 dollars l’once, il est en hausse de 9% sur la semaine… et est en passe de réaliser sa meilleure semaine depuis septembre 2008 et la chute de Lehman Brothers. Un fameux clin d’oeil historique. Reste à voir s’il faut y déceler un présage.

Risques ?

Comment expliquer ce coup de stress ? Les souvenirs d’il y a deux ans et demi jouent, bien sûr. Et tout ceci a lieu dans un marché tendu. En surchauffe du côté des valeurs tech et de l’IA, mais avec un gouvernement en shutdown et une économie qui risque de ralentir, et un regain de tensions commerciales entre Pékin et Washington. Des circonstances qui peuvent amplifier le sentiment de panique des investisseurs.

Mais de l’autre côté, il y a aussi des éléments plus rassurants. Contrairement au printemps 2023, la Fed est aujourd’hui dans un cycle de baisses des taux. Les crédits deviennent donc moins chers pour les entreprises et les particuliers, et les risques de défaut de paiement diminuent. Donc si d’autres mauvaises surprises devaient tomber du côté des banques régionales américaines, la Fed a une marge de manœuvre beaucoup plus grande aujourd’hui pour intervenir.

Puis les grandes banques américaines ont de leur côté annoncé des résultats trimestriels très solides, plus tôt cette semaine. Dans lesquels JP Morgan a néanmoins annoncé une dépréciation de 170 millions de dollars dans son portefeuille de crédits, après la faillite de Tricolor. La mise en garde du CEO Jamie Dimon, avec son habituel sens de la formulation, résonne donc de nouveau dans la tête des investisseurs ce vendredi. “Quand on voit un cafard, il y en a sans doute d’autres. Tout le monde devrait être averti.”

Affaire à suivre de près.

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