Même Warren Buffett s’y met : pourquoi les obligations à courte durée ont autant la cote ?

Donald Trump continue à faire des remous sur le marché des obligations. (Photo by BRENDAN SMIALOWSKI/AFP via Getty Images) © AFP via Getty Images
Charly Pohu

Il y a plus d’incertitude macro-économique à long terme qu’à court terme… ce qui fait que les taux d’intérêt des obligations à courte durée sont beaucoup plus stables que ceux à longue durée. Cela attire les investisseurs… et parmi eux, Warren Buffett.

Le marché obligataire fait beaucoup parler de lui ces dernières semaines. Une nouvelle tendance est en train d’émerger, sur le marché américain notamment : une préférence marquée pour les obligations à courte durée.

Pourquoi ? Car il y a moins de volatilité sur ce pan du marché, autant dans les taux que dans les prix des obligations, que sur les obligations à durée plus longue. Et c’est justement cela que les investisseurs cherchent normalement avec les obligations : la stabilité.

Ce qui fait la différence, c’est qu’à longue durée, il y a plus d’incertitudes. Les perspectives sont floues quant à l’inflation et l’impact que les droits de douane peuvent avoir, et ce que cela voudrait dire pour les taux d’intérêt de la Fed. Puis le déficit public et la dette des États-Unis sont élevés, la note a été dégradée et les nouveaux plans fiscaux de Trump pourraient davantage tendre la situation – ce qui influence les taux que les investisseurs demandent pour prêter de l’argent à Washington. A court terme, il y a donc un peu moins de brouillard.

La préférence se constate dans les chiffres. En avril, lors des fortes fluctuations des marchés boursiers mais aussi des taux d’intérêt (et des prix des obligations, qui chutent quand les taux augmentent, et inversement), les investisseurs ont grandement préféré les obligations à court terme. Les chiffres de flux du marché d’ETF, compilés par BlackRock, montrent que les ETF d’obligations d’État à courte durée ont connu un chiffre record en avril (26 milliards de dollars, dépassant l’ancien record de 21 milliards de dollars établis en mars 2020). Les ETF d’obligations à longue durée sont dans le négatif : les investisseurs ont plus vendu qu’ils ont acheté. A -7 milliards de dollars en flux nets, c’est la deuxième baisse la plus importante de leur histoire (le record reste mars 2020)

Berkshire Hathaway

Cette tendance a d’ailleurs un soutien de taille : Warren Buffett. L’investisseur légendaire, via son conglomérat Berkshire Hathaway, a récemment doublé sa position en obligations à coutre durée. Il détient désormais 5% de tous les bons du trésor à courte durée en circulation, soit une position de plus de 300 milliards de dollars.

Avec les éternels retournements de Trump, par exemple sur le front des droits de douane mais pas que, l’incertitude à long terme ne risque pas de se dissiper de sitôt. Les obligations à courte durée pourraient donc continuer à garder la cote.

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