Louer ses lingots d’or, la nouvelle tendance chez les riches investisseurs

Lingot d’or. REUTERS/Jason Lee/File Photo © REUTERS
Charly Pohu
Charly Pohu Journaliste

Les (riches) investisseurs en actions ont trouvé un nouveau débouché pour leurs placements : louer ses lingots. Mais comment est-ce que cela fonctionne, et quels sont les risques ?

L’or peut être un actif intéressant, parce que valeur refuge, décorrélée… mais certains investisseurs l’éviten, car le métal jaune n’a pas de rendement inhérent, comme les dividendes des actions ou les intérêts des obligations. Or, des investisseurs ont peut-être la parade à cette lacune : louer ses lingots d’or.

C’est une nouvelle tendance qui s’installe sur le marché mondial de l’or. Notamment parmi les riches investisseurs, rapporte CNBC. Ou plutôt : c’était une activité jusque-là pratiquée par les professionnels (dont les banques centrales) uniquement, mais la hausse folle du cours de l’or, de plus 50% en 2025, a également mis la puce à l’oreille des particuliers. Qui se ruent sur ce marché. Chez SafeGold, cela représente aujourd’hui un volume de 40 millions de dollars, contre 2 millions en début d’année.

Louer son or ?

Au lieu de les laisser dans un coffre-fort, ils les louent donc à des joailliers et bijoutiers par exemple, ou fabricants de composants pour des semi-conducteurs. Comment ça marche ? Un peu comme un prêt normal, mais en or et pas en cash. Les investisseurs donnent leurs lingots à une plateforme intermédiaire, qui elle va louer les lingots aux acteurs qui en ont besoin pour leurs activités.

Ces derniers n’ont donc pas besoin de louer de l’argent auprès d’une banque pour ensuite acheter de l’or sur le marché. Ou de sortir cet argent de leur trésorerie. Ils reçoivent de l’or physique directement et peuvent commencer à travailler. Ceci leur évite d’être exposé aux fluctuations de prix de l’or, du côté de leurs achats de matière première. Ces fluctuations peuvent aussi peser sur leurs inventaires en or.

Ils transforment donc cet or, et vendent ensuite les produits finis, en fonction du prix du métal sur le marché.

Rendement

Et ils ne remboursent pas ce prêt en cash, mais en or. Les taux d’intérêt varient entre 2 et 5%, selon les plateformes et les conditions. Ceci est calculé en poids. Les joaillers et autres acteurs professionnels rendent donc de petits morceaux d’or aux propriétaires, tous les mois par exemple. Et une fois que le prêt vient à son terme, ils leur rendent le même poids en or que la quantité louée au début du prêt.

Pour ces intérêts et remboursements, ils rachètent des lingots sur le marché, avec l’argent gagné des produits vendus. Le prix de ces produits monte et descend avec le marché, ce qui veut dire qu’il est plus simple pour ces exploitants de racheter de l’or. Si le cours augmente, ils peuvent vendre leurs produits plus cher, et paient plus cher pour racheter des lingots. Si le prix baisse, ils vendent leurs produits moins cher et doivent payer moins cher pour récupérer la quantité d’or. Les deux fonctionnent en tandem.

Ceci est plus avantageux pour ces exploitants. Car à une banque, ils doivent rembourser une somme x tous les mois en euros ou en dollars, indépendamment de ce qu’ils gagnent en plus ou en moins à cause des fluctuations du cours de l’or. Pareil s’ils avaient avancé l’argent de leur poche pour acheter un lingot et le transformer en bijoux ou autres produits.

La hausse folle du cours de l’or de cette année a donc aussi augmenté la demande pour des prêts en or du côté de ces exploitants. Car avec la même somme en dollars qu’en janvier, ils achètent aujourd’hui un quart moins d’or. Ces prêts en or réduisent donc aussi l’investissement initial pour les entreprises et elles peuvent gagner de l’argent plus rapidement.

Risques

Mais il y a cependant des risques, pour les investisseurs. Par exemple, si les entreprises n’arrivent finalement tout de même pas à rembourser leur prêt en or. Il faut donc être regardant aux entreprises à qui on loue son or et à leur santé financière.

Un autre risque encore que les lingots rendus soient des faux ou d’une pureté moins élevée. Mais les intermédiaires spécialisés dans ces prêts ont normalement des outils pour vérifier l’authenticité et la qualité de l’or. Ils peuvent aussi faire saisir les bijoux en cas de faillite, par exemple, pour rendre l’or aux propriétaires. Mais dans tous les cas, les investisseurs ont trouvé un nouveau débouché pour leurs lingots d’or.

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