L’industrie allemande est “malade, mais pas morte” : quelles sont les opportunités pour les investisseurs ?

Traders work in front of a board displaying La Bourse allemande.(Photo by DANIEL ROLAND/AFP via Getty Images)

L’industrie allemande souffre aujourd’hui, mais certaines perspectives sont en train de s’améliorer, selon Mathieu Savary de BCA Research. Qu’est-ce que cela veut-il dire pour les investisseurs ?

Kaputt“. “L’homme malade de l’Europe”. “Le modèle allemand est mort.” “La désindustrialisation est en marche”… Les superlatifs ne manquent pas pour décrire la situation de la première économie d’Europe. Croissance nulle ou négative, parmi les taux les plus bas d’Europe, chômage en hausse… les chiffres ne sont en effet pas roses. Pour de nombreux observateurs, les augures ne sont pas bons.

Mais certains ne sont pas aussi pessimistes quant aux perspectives. C’est le cas de Mathieu Savary, spécialiste du marché européen pour le cabinet d’analyses BCA Research. “Contrairement à l’opinion générale”, il estime que “les difficultés de l’Allemagne sont exagérées et que les actifs allemands constituent désormais une opportunité d’achat convaincante.”

Soucis structurels… et cycliques

L’Allemagne est “malade, mais pas morte”, souligne-t-il dans une note aux clients. Elle connaît ainsi une croissance modeste depuis dix ans, mais qui est “morose” depuis la pandémie. Le chômage est plus élevé que la moyenne de la zone euro, et les ventes au détail sont plus basses. Cela est dû à plusieurs éléments structurels. Comme la concurrence chinoise, des politiques fiscales rigides, un ralentissement démographique, une dépendance forte aux énergies fossiles russes bon marché qui a été arrêtée abruptement et une transition énergétique dans laquelle le nucléaire a été complètement arrêté, une dépendance au commerce extérieur (mais des clients comme la Chine ont aussi une économie qui tourne au ralenti), des difficultés dans le secteur automobile…

Mais ce n’est pas tout. Savary ajoute qu’il y a également des éléments cycliques qui pèsent, en plus, sur l’économie allemande. Les hausses des taux de la BCE notamment ont fortement frappé le marché des crédits. Le secteur de la construction s’est contracté en conséquence, plus qu’ailleurs en Europe. Avec l’inflation et cette hausse des taux, les Allemands ont senti qu’ils s’appauvrissaient et ont mis plus d’argent de côté que d’habitude et moins dépensé.

Fins de cycles

L’avantage des cycles, c’est qu’ils sont temporaires. Et leur effet sur l’économie commence à s’estomper, estime Savary. Maintenant que les taux de la BCE sont en baisse (et devraient continuer à être réduits) la demande de prêts part de nouveau en flèche. “Cette combinaison laisse présager un retour en force de l’immobilier au cours des prochains trimestres. Le renforcement de la construction aura un effet tonique sur l’emploi et les commandes, tandis que la reprise des prix de l’immobilier favorisera la consommation”, explique l’expert.

L’autre cycle, dans lequel on peut voir la lumière au bout du tunnel, sont les exportations allemandes (en partie du moins, à côté des aspects plus structurels). Dans la crise de l’euro des années 2010, les pays du Sud de l’Europe ont dû se serrer la ceinture et mettre de l’argent de côté. Mais ces pays, ainsi que leurs banques, se débrouillent mieux aujourd’hui, ce qui veut dire que les importations de marchandises allemandes peuvent reprendre.

Dans l’énergie aussi, des aspects cycliques s’améliorent. Le prix du gaz par exemple a baissé et est presque revenu à la normale, d’avant la guerre en Ukraine. Pour le prix de l’électricité, l’Allemagne est toujours désavantagée par rapport aux États-Unis par exemple, mais ce handicap devrait se réduire dans les années à venir.

Ce que cela veut dire pour les investisseurs

Voilà de bonnes perspectives pour les investisseurs, notamment s’ils envisagent un placement à long terme. Savary estime qu’ils doivent acheter des actions de l’industrie allemande, car elles sont aujourd’hui disponibles au rabais, comparé à l’industrie française par exemple (que BCA conseille de vendre). Il suggère de “continuer à acheter au cours des prochains trimestres, en particulier si une correction a lieu”. “Nous pensons que ces sociétés bénéficieront grandement lorsque les investisseurs finiront par comprendre que l’Allemagne ne se désindustrialisera pas”, souligne-t-il. Il ajoute que l’indice boursier allemand s’est également adapté à ces changements : le poids de l’automobile et des marques de produits de consommation a baissé.

La croissance allemande devrait battre les estimations, dans les années à venir. Au fur et à mesure que ce retour en force se matérialise, l’euro qui devrait avoir le vent en poupe et remonter face au dollar. Là aussi, les investisseurs devraient miser sur l’euro à long terme, et profiter des éventuelles corrections.

Disclaimer : Investir comporte des risques. Les avis donnés par les experts n’engagent pas Trends-Tendances et doivent se lire à titre d’information.

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